1-La croissance.
Il devient de plus en plus clair et évident que le modèle social et économique, idéologique et écologique sur lequel nous avons vécu, en Europe, depuis plusieurs decennies arrive à son terme. Chacun sait aujourd'hui que la croissance illimitée est une utopie dangereuse et qu'il ne saurait, quelques soient les progrés scientifiques, y avoir de non-limite dans un monde nécessairement limité, que la croissance est non seulement épuisement des richesses disponibles mais aussi production de chaleurs qui représentent un danger pour la vie, et que, par ailleurs, si la croissance a permis une augmentation non négligeable de la richesse globale, la repartition trés inégalitaire de cette richesse produite provoque des révoltes et des distorsions qui sont sources continuelles de guerres et de conflits de plus en plus violents de plus en plus meurtriers.
La part de la population mondiale hors de tout contrôle surtout au sein de mégapole de plus de 30 millions d'habitants est en croissance constante et représente aujourd'hui plusieurs millions de personnes, bétail vivant prêt pour tous les combats.Le modèle sur lequel nous avons vécu est moribond. Les replatrages possibles ( un peu plus de vert, un peu plus de moral, un peu plus de social ) ne changeront rien à la nécessité absolue que nous avons de reconstruire le monde. Un autre monde n 'est pas seulement possible ou souhaitable il est nécessaire. La crise que nous connaissons n'est que le signe avant-coureur et bénin de bouleversements autrement plus graves. Il est certain que dans 20 ans le prix du pétrole sera deux fois ou trois plus cher qu'aujourd'hui et avec lui le prix des matières premières y compris agricoles...que la fuite en avant de la recherche de rentabilité permettra, si l'on n'y prend garde, que l 'on produise deux fois plus de biens consommables avec deux fois moins de manoeuvre, et qu'avec l'augmentation de la richesse globale croitront les déchets, des poches de misère absolue constituées de ceux qui depuis quelques decennies sont rejetés de la production, et un cycle mortifère qui nous aménera à des conflits généralisés dont nous n'avons nul exemple.Nous l'annoncions il y a déjà 4 ans si la moitié du monde consommait la moitié de ce que consomme un américain moyen ..le monde ne serait plus possible faute d'eau potable, de bois, de fer, de métaux et d 'énergie.
Seule une action concertée des grandes puissances mondiales permettra en évitant les grands pics de conflits de produire un nouveau modèle de production, un nouvau contrat social,un nouveau rapport aux richesses naturelles.
Nous n'en prenons pas le chemin.La taxe carbone n est qu'un pas incertain dans une direction où il faudrait avancer chaussés de bottes de sept lieues. Elle ré-invente, n'est qu'une des formes new age d'un protectionisme tant décrié par ailleurs si décrié que lui échappent les denrées agricoles...et l 'energie . Certes les économies par isolation des maisons et immeubles représentent un progrès important et salutaire mais il est largement insuffisant comme est insuffisante la production d'energies vertes, éoliennes et solaires...l'ensemble des efforts européens tant sur les économies, les recyclages, les productions énergétiques vertes ne représentent qu'une semaine de la consommation énergétique globale de la Chine, et à peine un jour des productions et besoins de l'ensemble du monde hors occident ( Brésil, Mexique, Afrique, Inde, Chine). Quand la moitié des chinois et indiens seront à deux repas par jour et un repas de viande par semaine le reste du monde ne pourra plus manger...si l 'on continue à transformer les sols en terre à production industrielle, si l'on continue à faire produire aux sols plus qu'ils ne peuvent, en les épuisant,si on oublie de prévoir une gestion de l'eau qui permet les cultures alimentaires...etc..les défis sont énormes..
2-Mais ils sont encore plus criants quant à l'Afrique.
Car l'idéologie de la croissance qui semble battre de l aile en Europe n'est nullement remise en question en Afrique. L'Afrique, de l'avis de tous, ne se développera que sur la base de la croissance qui seule permet des emplois, des taxes qui permettent des écoles, etc.Or les seuls pays africains qui connaissent depuis deux decennies une croissance comprise entre 5 et 8 % sombrent dans l anarchie et la misère ( Angola où une guerre fratricide dura 30 ans, Zaire où la guerre n est pas encore finie et où des millions de réfugiés vivent dans sous les tentes de l'aide internationale, en Guinée, Congo où deux bandes rivales se déchirèrent pendant des années, Gabon qui n a construit en 40 ans que 800 kms de routes, Nigeria, Soudan, Niger, etc...). Or les seuls pays africains qui connaissent depuis deux decennies une croissance forte sont aussi ces pays où les taux de mortalité enfantine, l'illettrisme, la misère progressent a des rythmes affolants beaucoup plus importants que ceux des pays sans croissance ou à croissance faible. A tel point que la croissance , le pétrole, l'uranium, les richesses, sont considérés comme des calamités au même titre que les criquets pélerins-
L'appartenance de l'Afrique à l'OMC, c 'est à dire la possibilité qu'ont les pays riches d'entrée partout sans payer, d'y vendre leurs produits à des prix qu'ils fixent et d'y acheter leurs besoins à des prix qu'ils fixent également dans des bourses basées à Londres ou à New York , comme dans un grand hypermarché dont ils seraient à la fois les propriétaires et les clients d'une part, la structure même des pouvoirs en place sous le contrôle des puissances dominantes d'autre part, ne peut amener l'Afrique, pour un temps, à n'être que le terrain où tout s'achète et où tout se vend y compris les consciences . C 'est à dire un continent qui n'a que sa force de travail à vendre , celle qui travaille dans les exploitations étrangères et un continent qui achète et n'achete que ce qu'on veut bien lui vendre de produits y compris alimentaires venus et construits et pensés et réalisés ailleurs.
Un continent maquilladora tant que dureront les richesses ( qui au rythme où elles sont exploitées ne dureront pas longtemps) car elles servent et serviront de parts variables d'ajustement dans les grandes négociations internationales ( on augmente ou ralentit les productions africaines pour concurrencer, négocier, peser sur les négociations ). La part des bénéfices et la rentabilité de la filière demeurant par ailleurs,étroitement sous le contrôle des consortium qui peuvent, à volonté, s' acheter cher dans les pays de production où les taxes et détournements sont plus faciles, y réalisant alors leurs plus-values, le prix de sortie étant égal par ailleurs ,ou, au contraire, de s'acheter bon marché dans les pays producteurs afin, toujours à prix constant, de réaliser leurs plus-values dans les pays de transformation ou dans le transports en des sociètes off shore ou dans les changes( cf Bolloré)...bref assurant une domination parfaite sur un continent qui sera vite jeté aux orties, sec et inutilisable.
L'Afrique ne peut compter que comme un hochet dans les mains des grandes puissances internationales. Ses richesses potentielles ne sont que potentielles . Elles ne deviennent richesses que dans les mains des puissances qui en ont besoin . En aucun cas elles ne servent les besoins locaux. IL n'y a pas de centrales nucléaires en Guinée. Malgré l'uranium.Pas de raffineries au Congo ou en Angola. Malgré le pétrole. Pas de filatures de coton en Centrafrique ou au Sénégal. Malgré le coton. Pas de scieries en Côte d'Ivoire. Malgré le bois. Pas de matallurgie au Zaïre malgré le cuivre, et les nombreux métaux..etc...le développement est externalisé. Il dépend de l'extérieur et uniquement de l 'extérieur. Une variation sur le cours des matières premières jette le pays dans la récession. ..dans les émeutes de la faim quand le prix des matières premières agricoles grimpent..car le Continent pour se nourrir dépend aussi des autres et surtout des autres. De l'extérieur. Bref il est pieds et poings liés dans un commerce international où il n'a strictement aucun droit sinon celui de se taire.C'est de l'extérieur que lui vient le client. De l'extérieur que lui vient ce dont il a besoin pour vivre. Entre cet extérieur et l'intérieur, à l'articulation de l'échange, une groupe traversé de querelles, des gouvernements fantoches et sans autorité qui ne peuvent qu'obéir aux injections et aux ordres venus d 'ailleurs, des gouvernements corrompus, stipendiés, à la structure monarchique dont les marges de manoeuvre sont extrêmement réduites, des gouvernements fragiles en proie aux groupes armés, une bourgeosie compradore réduite , dont la gratte sur la circulation des biens ne s'investit pas sur place mais dort dans les coffres des banques suisses ou attend dans les immeubles parisiens des plus fortunés d'entre eux.
La croissance est elle aussi un bien limité. Tous les pays ne peuvent croire à des rythmes qui épuisent la planète. Si la Chine et l Inde croissent dans les 15 prochaines années de 8 % par an ....c 'est à dire si leurs beoins doublent...il y aura un doublement de tous les prix tant de l energie que des matières premières alimentaires et autres.L'Afrique qui recoit plus qu'elle ne donne qui achète plus qu'elle ne vend....sombrera.
Sa propre croissance plombera son PIB de telle sorte' qu'elle ne pourra s 'en sortir qu'aux prix de famines de plus en plus larges.
3-L'autosubsistance alimentaire et sanitaire
La re-approproiation de l'avenir parfles intéressés eux-mêmes n'est pas un voeu pieu d'un ardent utopisme mais une necessité vitale.
De même que la structure de l'investissement.
Il y a un syndrome Assouan qui convient aux formes de penser du Grand Capital et des Grandes Compagnies. Faire grand. Faire Heunorme.
Créer pour faire parait-il des économies d 'échelle un gigantesque solaire thermodynamique, caloporteur qui satisferait aux besoins de quasi tous les pays su Sahel.
Créer des éoliennes gigantesques.
Des barrages pharaoniques ( sur le fleuve Sénégal , on croit rêver...)
En s 'assurant bien sur du financement via la Banque Mondiale, via des agences aussi grasses de bons sentiments qu'un hamburger allemand, en s'assurant de la complicité des états, bref en assurant aux Grandes Compagnies, déjà responsables d'une bonne partie des misères actuelles et réelles, des chantiers importants, des projets grandioses qui seront négociables, expériences aidant, dans les pays riches et bien portants.
En laissant aux mains africaines des maintenances diverses et des gestions complexes que la structure même des pays, leur niveau de formation, les scléroses et les corruptions multiples, l'instabilité, la présence de grands prédateurs aux dents longues que constituent les forces armées etc..interdisent d'assumer.
4-Alors qu'il convient d'en revenir à des structures légères que les nouvelles techniques permettent. D'aller vers des investissements multiples à hauteur d'homme dont la gestion puisse se régler au niveau du village ou de la ville.
Seule la démocratie viendra à bout des déficiences électriques, énergétiques ou sociales.
Pas les grands machins construit par des techniques dont nos ignorons tout, constuit par l'extérieur, que seul l'extérieur peut gérer, maintenir, conduire, diriger..