Le moins qu'on puisse dire est qu'il règne une confusion certaine à Ouagadougou après le départ précipité de l'ancien chef de l’État, Blaise Campaoré.
Deux militaires revendiquent la direction de l’État, Kouamé Lugué qui est intervenu dimanche devant les caméras éteintes de la Télévision nationale et Isaac Zida d'autre part et du coté civil la Présidente en titre d'un parti de l'opposition le PDC ( Parti pour le développement et le changement) Saran Sérémé.
Les organisations internationales dont l'Union africaine déclarent par ailleurs que la transition doit être civile sous peine de sanctions et les ambassades - dont la France et les USA- font savoir également avec force qu'on ne saurait tolérer un coup d 'État militaire.
Cette unanimité de façade relevant, elle aussi de la confusion : dans l'histoire récente de l'Afrique les militaires n'ont pas toujours joué un rôle négatif.
Certes il y eut récemment le capitaine Sanogo au Mali et Dadis Camara en Guinée, jeunes militaires ambitieux ne cherchant que leur intérêt propre dans une institution gangrenée par les trafics, sombres crétins au demeurant dont la première décision fut, pour l'un, Sanogo, de se déclarer général et d'exiger ensuite, limogé, de se voir attribuer la retraite de président, pour l'autre de se présenter à des élections, et de faire assassiner par sa garde plus de cent personnes qui manifestaient contre sa candidature.
Mais il y a aussi une tradition militaire progressiste. La tradition de Rawlings qui par deux fois, au Ghana, pris le pouvoir pour le remettre après avoir organisé des élections le plus démocratiquement possible . Au Niger le 18 février 2010 alors que Tandja essaie de se maintenir au pouvoir en changeant les termes de la constitution, un coup d 'État intervient, l'emprisonne, et met en place un Conseil Suprême pour la restauration de la démocratie ( CSRD) sous la Présidence de Djibo Salou, chef d 'escadron .Un an après des élections libres et transparentes, de l'avis de nombreux observateurs, ont lieu qui donnent le pouvoir à Mahamadou Issoufou. Djibo Salou rentre dans sa caserne.
N'oublions pas qu'au Burkina, Sankara fait partie de ces jeunes militaires qui prirent le pouvoir pour en faire autre chose qu'un moyen de puiser dans les caisses de l’État ;
N'oublions pas non plus qu'après Tandja, Wade et Campaoré qui essayèrent, en vain, de changer la constitution afin de se faire ré-élire, de nombreux chefs d’État, actuellement, en Afrique sont sur cette même voie.