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Billet de blog 4 février 2015

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le scandale comestible

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Un scandale comestible

Métaphoriquement le scandale, est ce qui ne passe pas, ce que l'on arrive pas à accepter, ingurgiter, avaler. Pourtant il y en a de fort comestibles.

Je ne parle pas de ces scandales lointains qui ne vous affectent directement guère. Comme le refus des USA de voir se publier un rapport de l'ONU sur les conséquences de son emploi de bombes à uranium appauvri en Irak pendant les années de guerre, ni des centaines de morts hebdomadaires au cœur de l'Afrique où bandits de grands chemins et dictateurs sans entraves taillent dans le corps vif du Congo et de la République centrafricaine, ni de Boko Haram et du Mali qui continuent jours après jours leur œuvre de mort, ni des résolutions de l'ONU dont Israël se moque, ni.. non, je vous parle de ce qui touche tout un chacun, tous les jours. Il s 'agit de santé et de coût.
Il y a belle lurette que les sonnettes tintent : France, ta santé fout le camp!

Désertification sanitaire des zones rurales, non accès aux soins de base d 'une partie de plus en plus importante de la population, le système de santé de la France que le monde nous enviait est en train de partir en quenouille.

Comment ne pas voir à l'origine du mal cette idée farfelue qui allait à l'encontre des principes fondateurs de créer un secteur nouveau , non A non B , qui, conventionné, autoriserait cependant les dépassement d'honoraires.?

A l’origine le système, qui marche remarquablement bien, est un système où les trois principes républicains s'articulent et se complètent. Liberté- je choisis mon médecin qui choisit son acte et sa rémunération, égalité, de tous devant les soins, fraternité, ce sont les cotisations sociales attachées aux revenus qui consolident l'ensemble.

Puis il a fallu qu'on ajuste à la marge ce bel ensemble pour que tout peu à peu se déglingue. L'arrivée des dépassements d' horaires marqua en effet une rupture dans la chaîne vertueuse. Les médecins ne pratiquaient plus les mêmes honoraires ; ils pouvaient varier du simple au quadruple, Cela valait surtout pour la chirurgie, l'obstétrique et l"orthopédie sans que l'on comprenne pourquoi tel médecin exigeait d être payé plus que son collègue et voisin.
Au prétexte, a-t-on dit qu'il importait pour les médecins de s'équiper et de ne pas rater les avancées techniques mais rien n'empêchait les services de santé de consentir des prêts avantageux pour faciliter l'accès aux machines sans avoir à en passer par les actes.

Cela se compliqua quand une étude de l'Igass, en 2005, rélèva que les dépassements atteignaient deux milliards d 'euros c 'est à dire quasi 10% des remboursement Sécurité Sociale et qu'une partie, non négligeable se faisait " sous le manteau", de la main à la main.

Mais cela tourne au drame quand les Mutuelles comprirent qu'elles avaient là un champ de prospection commerciale et décidèrent de l'investir. Les Mutuelles en remboursant les dépassements d'honoraires les avalisent comme pratique, les banalisent et dépensent 50 % de leur budget à ce seul secteur.

Remboursé, le patient ne dit rien. Jusqu'au jour où sa facture de Mutuelle apparaît. Douze % d’augmentation en un an en 2012 pour les personnes de plus de 60 ans et plus de 7 milliards de frais de fonctionnement des Mutuelles pour les gérer ( bénéfices d dissimulés) .
De l'avis de tous les spécialistes et en particulier de André Nutte, Président de l'Institut de vieille sanitaire, cour des comptes de la Santé " Il s 'agit d'un obstacle à l'accès aux soins, et un déni par rapport aux principes fondateurs de la Sécurité Sociale ".

Car il est clair que les Mutuelles en instituant un contrat entre patient ( client)- médecin- et Elles vont tout droit vers un bonus - malus de la santé contredisant encore un peu plus les principes fépublicains.
Alors que d'un autre coté les généralistes qui verront leurs taches s'alourdir par la gestion des pathologies lourdes seront rejetés hors dépassement. Ils gagnent déjà, en moyenne, moins de 30% que les spécialistes pour des études égales. Pourquoi choisiraient -ils de s'installer dans ce désert ruraux dans lesquels nous vivons?

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