La mort d'un jeune étudiant militant de la cause verte et les commentaires extravagants et souvent confus et scandaleux que cette mort, en dehors de la compation polie, ont suscité n'aident en rien à comprendre l'ampleur et le drame de ce qui s'est passé dans le Tarn.
Certes et cela a été dit et bien décrit dans les colonnes de Mediapart il y a la conjonction des intérêts des notables locaux tant ceux de la FNSEA - syndicat paysan majoritaire- que du PS, qui au sein du Conseil Général se sont en toute légalité concoctés un "p'tit projet " croquignolé qui pour médiocre qu'il soit n'en faisait pas moins la fierté des édiles du coin.
Certes dans ce cadre là l'intérêt de quelques uns vaut l'intérêt de tous surtout si le financement est demandé aux instances régionales ou nationales et ce en toute bonne foi.
Mais en fait la problématique et le drame du barrage est bien plus large que cela et doit prendre en compte de multiples facteurs.
En premier lieu les modifications socio-économiques de l'espace rural. Majoritaires, il y a encore trente ans, les agriculteurs ne le sont plus et d'autres acteurs entendent se faire entendre dans des espaces où seuls la voie agricole se faisait entendre. Par ailleurs les modèles de production agricole ont profondément changé. On ne produit plus la même chose. En particulier la maïs est devenu un incontournable pour autant qu'on veuille aussi faire de l'élevage. La stabulation animale s 'est développé . Or le maïs est grand consommateur d 'eau.
Le problème , nous l'avions signalé déjà qui se pose aujourd'hui, est celui de la possession et de la propriété c 'est à dire le problème de savoir si, sur une terre qu'il possède, un agriculteur peut faire n'importe quoi ou ce qu'il a envie de faire.
Or de plus en plus la production agricole doit répondre à des critères de plus en plus stricts qui limitent grandement la liberté des exploitants. On parle de traçabilité, de pesticides, de nitrates, de déchets agricoles, on parle de qualité de produit. On parle des sols dont on regrette et craint la stérilisation, on redoute que l'eau vienne à manquer ou soit polluée et/ou non potable comme on le voit dans beaucoup de régions françaises. En bref l'industrialisation de l'agriculture et de l’élevage rencontre en ce moment dans l'opinion des limites de plus en plus sensibles dont l'interdiction des OGM n'est qu'un des aspects.
C'est la conjonction de ces bouleversements qui ont amené, ici comme à Notre Dame des Landes, les verts à monter au créneau bien avant les troubles et manifestations non pour défendre un environnement présenté comme une réserve de quelques bestioles et oiseaux mais pour poser le problème de savoir si on ne peut sur ces terres faire autre chose que ce que fait la FNSEA et partant définir les investissements nationaux ou départementaux nécessaires à leur réalisation, bref d'inventer une nouvelle agriculture plutôt que de satisfaire aux lobbies de quelques uns qui entendent depuis longtemps pour nous faire manger de la merde.