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Billet de blog 5 août 2013

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Des élections en général et du Mali en particulier

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Depuis deux ans la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale ont connu des élections, Gabon, Cameroun, RCA, Tchad, Guinée, Togo, Niger, Sénégal, etc......et Mali. Nous avons essayé d 'en rendre compte dans Mediapart en insistant à chaque fois sur leur coté farce tragique, mascarade doublée d'incapacités techniques et financières ( immensité de l'espace, faiblesse des infrastructures, absence d 'Etat-civil et de fichier électoral..) et d'incohérence culturelle

Que signifie un bulletin de papier dans une société orale? Bulletin rédigé dans une langue que l'on ne comprend pas, qui n'est pas la langue que l'on parle, bulletin que l'on ne sait pas lire et qui nomme des gens que l'on ne connaît pas et sont si lointains qu'ils semblent vivre dans un autre monde.

État et de Nation sont des concepts flous dans un environnement marqué d 'abord par la langue, la pratique rituelle et religieuse,les métiers et leur distribution selon les familles.

L'espace mental dans lequel vivent une majorité d 'africains est marqué fortement par un système complexe de dépendances acquises et/ou rituelles qui construisent les familles dominantes – élargies aux clans et ethnies-et les familles dominées avec l'obligation pour les dominants d'être dans un rapport de protection et d 'obligations vis à vis de leurs "clientèles". Comment dans un système social aristocratique et/ou clientéliste aujourd'hui fortement urbanisé et d 'autant plus renforcé, construire une démocratie basée sur l'élection c est a dire sur le choix quand, par définition, il n'y a pas de choix mais des obligations sociales, séculaires, religieuses  qui sont aussi et surtout  des parapets  des garde-fous protecteurs contre les catastrophes naturelles,physiques ou sociales, contre cette précarité que tant de familles connaissent. ?..

Par ailleurs choisir c 'est affirmer l'existence d'une altérité que l'on aurait loisir de parcourir et de s' approprier.

Or, cet autre, comment l'appréhender quand les moyens de sa connaissance sont refusés par illettrisme encore profond -et s 'élargissant- et une éducation au rabais étant tout sauf une ouverture réelle sur le monde et l'autre? Quand la Presse est, demie-libre, mais surtout indigente dans sa diffusion et sa qualité, loin de représenter même l'ombre d 'un quatrième pouvoir possible et/ou une occasion de s'informer.?Comment l'appréhender quand les distances sont si grandes, socialement, géographiquement, culturellement. ? Une nation- celle qui vote par l'entremise de l’État -ne se construit pas en une demi-décennie d 'inefficiente manifeste. L''État non plus.

Cependant, force est de reconnaître que l'élection, le système électif, peu à peu, rentre dans les mœurs et traditions et que les conflits pré-électoraux ( cas de la Guinée actuellement et récemment du Togo) qui font de nombreuses victimes tendent , luttes politiques, à engendrer des institutions, les Ceni – Centre électoraux nationaux indépendants- qui imposent peu à peu des règles, des habitudes, un protocole sous la haute surveillance des institutions internationales qui rendent ces élections plus fiables. Ainsi les conflits en Guinée avaient-ils été résolus par l'intervention de la francophonie qui avait  nommé un Responsable Ceni , indépendant des différentes parties prenantes. Au Sénégal, c 'est l'Union Européenne qui  avait demandé à Wade un audit des fichiers électoraux avant l'élection.

Il est clair cependant que l'indépendance des CENI n'est que le reflet de la démocratie réelle existante et non condition de son existence. Elle succède à la démocratie plus qu'elle ne la précède. En RCA, au Togo, en Guinée Bissau, en Guinée Équatoriale, au Gabon, au Tchad, elle n'a été que l'instrument du pouvoir dictatorial en place et les élections n'ont été là que pour repeindre d'un vernis léger démocratique un édifice dictatorial où la toute puissance d 'un clan s'exerce sans contre pouvoir possible.

Dégoûtés, souvent, les partis d'opposition  boudent des élections qui, d 'avance, consolident leur défaite et stigmatisent leur impuissance. ( Cameroun, RCA, RDC....). C'est le jeu qu'à cru bon de jouer Drame Tiébélé  au Mali en s'en prenant à la France, comme si  il y avait eu une élection en Afrique où les puissances extérieures n'avaient été, plus que partie prenante, garantes d'un minimum d 'ordre et de démocratie.

A l'exception, toutefois, mais elle est notable et conséquente de la Cote d 'Ivoire, où l'intervention française soutenue par les USA et l'ONU a clairement pris partie pour Ouattara au détriment du vainqueur réel, Laurent Gbagbo . Mais plutôt que d'y voir une résurgence de la françafrique comme beaucoup d 'analyses l'ont fait, il faut surtout y lire l'impéritie et les compromissions d'un homme, Sarkozy, qui n'a jamais rien compris à l'Afrique et  s'est réfugié dans les bras des américains dont la politique africaine brille par son inconséquence, son incohérence, sa stupidité et son impérialisme ( soutien à Mobutu, et à Savimbi, soutien à Kagame et à la politique d'Israël qui armait l'apartheid etc..).

Il convient surtout de comprendre que la fin de l'ère des dictatures a sonné et qu'un à un les dictateurs mordent la poussière ( Bozizé, le dernier chassé par une coalition armée en RCA) que l'ère des Bongo et des Eyadema, des Obiang et des Sekou Touré voire des Campaoré des Idriss et des N'Guesso a également sonné. Que l'heure du contrôle des CENI est fini et que peu à peu les peuples prennent et prendront la parole et s'affranchissant des peurs et des contrôles s'affranchiront également du clientélisme de charlatans surtout soucieux de leurs propres intérêts. Car l'heure des protections et des maintiens contre nature qu'il y 40 ans la Françafrique permettait  a également sonné. Les États coloniaux et néo-coloniaux n'ont plus,à l'heure de la mondialisation,les moyens de politiques contraignantes ni l'envie de pêcher en eaux troubles ( comme l'a si bien démontré Eva Joly en étudiant le cas Elf au Congo). C'est dans ce cadre général et cette évolution,qu'il faut regarder et comprendre les si curieuses élections au Mali.
Elections où s'opposeront, dans une semaine, deux caïmans d'une même génération ( né en  45 pour l'un, 47 pour l'autre ) d'un même parcours , ministres tous les deux sous le gouvernement précédent, d'une même idéologie, d'un même parti-Adema- qui avait éclaté pour permettre à l'un de créer le sien,  défenseurs des mêmes remèdes miracles creux, et d'une même absence totale d 'analyse, de propositions et de programme . L'un est dit du Nord l'autre du Sud mais en fait le peu qui les oppose est leur rapport à Sanogo : IBK le soutient et en est soutenu -  Mariko fidèle du coup d 'Etat va donc prochainement mettre tout son poids dans la balance IBK, Cissé, lui, est toujours opposé - restant fidèle à la ligne du FDR qui avait été fondé en réaction au coup d 'Etat du Capitaine-

Ce qui risque à terme au cas, fort problable, où IBK - qui apparttient à l'International socialiste avec autant de raison que ma guenon de se voir attribuer le Nobel de Chimie -de voir errer dans les allées du pouvoir le serpent Sanogo qui ne manquera pas d'y jeter son venin et sa lourde bêtise.

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