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Billet de blog 6 février 2011

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De l'Afrique ( Cote d 'Ivoire, Niger...)

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Dans le grand silence des médias sur les grands sujets africains ( AQMI, Guinée, Otages, Niger..) la Cote d 'Ivoire continue chaque jour entre rumeurs desinformations, ignorances coupables, mensonges, à vivre sur le fil du rasoir d'une catastrophe que beaucoup jugent imminente et probable. En réponse au groupe des 50 "experts" qui récemment, ici même, sur Médiapart ont publié un billet où l'on pouvait lire entre autres analyses que les conflits inter-religieux et/ou ethniques n'existaient pas en CI, S. Mustapha nous livre ici un témoignage qui montre combien les conflits ethniques et religieux peuvent à tout moment être déterrés, nourris, abreuvés, entretenus, habillés et armés et ainsi devenir des outils à la merci de politiques surtout soucieux d 'eux-mêmes. Ce témoignage montre également que l' ONU qui a largement failli à sa mission, mais qui se vote des satisfecit plein de morgue, incapable d 'avoir su désarmer le Nord avant les élections elle maintenant et aujourd'hui permet que les libériens armés se louent comme mercenaires.

"Guiglo, Duékoué, Lakota, Guitrozon…ces villes ivoiriennes ont été au cœur de violents affrontements inter-ethniques qui ont occasionnés de nombreux morts. A chaque reprise les populations autochtones s’opposent soit aux communautés étrangères, soit aux allogènes venus des autres contrées du pays. "Le problème c’est que dans la tête de plusieurs Ivoiriens l’ethnie définie le parti politique ! On vous dira facilement que le Bété, le Dida et les autres ethnies de l’Ouest sont FPI, que les Baoulés du Centre, les Agnis de l’Est et les populations Akan de façon générale sont du PDCI ou que les populations du Nord sont du RDR. Cette classification fait que le moindre problème politique se transforme en problème ethnique", affirme le Docteur Taï, enseignant dans une université privé d’Abidjan.

Les ennemis de la République

En ce moment, des mains occultes ravivent les vieilles querelles entre communautés. Le grand ouest Ivoirien s’embrase. Dans les villes, certains groupes ethniques présentés comme étant à l’origine du chaos que connait le pays sont surveillés de prêt. Les paysans baoulé et les ressortissants burkinabés sont dépossédés de leurs plantations. Les commerçants et transporteurs malinké, qu’on appelle rebelles sans autre forme de procès, sont priés de rentrer "chez eux"! Pourquoi ? Ce sont des "ennemis de la République" : Ils ont choisi de soutenir le RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix).

Les tensions virent à l’affrontement

Dans l’ouest ivoirien comme dans plusieurs autres zones du pays, la circulation des armes légères est une réalité. A la frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire une kalachnikov de type AK coûte l’équivalent d’un sac de riz, un pistolet autour des 10.000 FCFA (15,03 €)… Les vieux vestiges de la guerre du Libéria, homme et armes, trouvent une seconde vie dans la crise ivoirienne.

Dans une zone ou tout le monde à quelque chose pour se défendre, le moindre incident prend automatiquement des allures de drame. "On veut nous faire partir pour récupérer nos plantations seul héritage que nous avons depuis des générations. Et pour cela, nos mères sont égorgées et nos sœurs violées par des mercenaires libériens. Nous ne bougerons pas et nous lutterons jusqu’à la mort ! ", affirmait enragé Jacob, fils de planteur de cacao. Les violences verbales virent à l’affrontement jetant sur les routes d’innocentes populations.

Les indices annonçant la guerre civile…et le génocide

Dans un récent rapport des Nations Unies sur la crise en Côte d’Ivoire, l’organisation indique que les quatre premiers indices pouvant conduire à une guerre civile voir à un génocide sont déjà présents dans le pays. La radicalisation des positions politiques, la prolifération des groupes ultra-nationalistes, la détention d’armes par des personnes et groupes non-autorisés et surtout... l’utilisation des médias pour véhiculer des doctrines visant à promouvoir un message de haine basé sur le genre ou l’ethnie. La situation socio-politique inquiète les Ivoiriens car en plus des disparitions, enlèvements et tueries s’ajoutent désormais les humiliations quotidiennes liées à l’ethnie ou à la tribu.

Si certains hommes politiques tentent de sauver les meubles, d’autres préfèrent mettrent de l’huile sur le feu ! Explications avec Mara Lanciné, conseiller en communication du commandant du groupement d’instruction 1 à Man. "En Juin 2005, suite à l’attaque de Guitrozon, des rapports d’enquêtes ont démontré qu’il s’agissait de l’œuvre de milices ethniques locales et de leurs supplétifs Libériens. Ces derniers sont restés sous la protection de certains cadres du moyen Cavally et n'ont jamais été désarmés. Ce sont eux qui sèment la terreur et le désordre dans cette région".

Quant au NIGER la presse qui avait fait il ya peu ses gros titres sur les otages semble les oublier aujourd'hui.
Or la vie de ces otages - les sept d 'Areva- dépend du pouvoir nigérien . Or sur ce "pouvoir nigérien" curieusement il est dit fort peu de choses. Mieux, notre nouveau Ministre, apparemment encore plus nul que l'ancien, vient coup sur coup de commettre et mensonges et maladresses surtout en ne rendant pas les honneurs qu'ils méritent aux militaires nigériens morts en tentant de sauver des vies françaises d 'autant qu'il est de plus en plus question d'affirmer qu'ils aient été tués par l'armée française par erreur.

Mais surtout la personalité du nouvel homme fort à Niamey, Salou Djibo mériterait qu'on s'y attardât quelque peu. Arrivé au pouvoir par un coup d 'état ce jeune et maigre général entendait rétablir la démocrarie et contrer les tentatives autoritaires d'un Président Colonel Tandja qu'il ne tarda pas à envoyer en prison pour malversations crapuleuses.En moins d'un an il organisa des élections cantonales municipales législatives et aujourd'hui présidentielles dans un grand élan réformateur qui fit la part belle aux erreurs bévues et insuffisances mais n'en dévia pas de son principe : rendre le pouvoir à des civils ayant gagné "honnêtement " les élections.

Courage qu'il convient de saluer. Après Konaté, Général garant des élections en Guinée, après l'exemple au Ghana plus ancien de Rawling ce n'est pas la première fois, suivant en cela la révolution des oeillets au Portugal, que des militaires plutôt que de s 'arroger le pouvoir ne le prenne que pour le rendre aux civils et rendre ses lettres de noblesse et d 'actualité à des valeurs morales comme celle de l'intérêt de la Nation bien étrangères aux préoccupations habituelles.

Mais ce chef de la Junte au pouvoir quitte -t-il et quittera - t-il la Présidence trop tôt ? Il semblait effectivement, en rabaissant le camp Tandja, camp de sudistes sans vergogne, avoir voulu et laisser entrevoir une résolution à terme du problème touareg responsable pour bonne partie des alliances AQMI-Touaregs et partant de l'enlèvement d 'otages et de la main mise de secteurs mafieux trés vaguement islamisés sur les mines d 'Uranium d'Areva qui assurent la quasi moitié de l'électricité en France.

Au terme du premier tour de la présidentielle Mahamadou ISSOUFOU ( PNDS) est arrivé en tête ( avec 36% des voix et non 45 % comme l'indiquait RFI) suivi d'OUMAROU ( Parti de Tandja) avec 23%. Le deuxième tour, dimanche prochain, entre les deux hommes dépendra du 3ème homme AMADOU... le jeune Général a peut -être fait honneur à sa parole et mis tout son poids et son courage pour que les choses se passent le plus démocratiquement possible. Mais il y a peut-être à craindre le retour des tandjistes dont la puissance économique nourrie de la captation autoritaire des contrats d 'exploitation et des pots de vin nécessaires à leur signature ne se laissera pas abattre. Reviendront alors après cette mince bouffée d'oxygène les temps où la rebelion du Nord armée par les salafistes pourra alors s 'attaquer plus ouvertement aux richesses uraniferes leur donnant un pouvoir auquel ils ne peuvent aujourd'hui même pas rêver.

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