De l'ingérence
« Le serment de Tobrouk » film et livre ne tendent qu'à une chose : ré-affirmer comme évidence le droit d'ingérence c 'est à dire ce droit au dessus-du droit , international entre autre, cette Loi au dessus de la loi, loi morale qui voudrait que chacun puisse finalement, au nom de sa propre conception de la morale faire ce qu'il veut là où il veut.
Qu'on le veuille ou non ce qui est écarté d'un effet de manche et de jabot, d'un coup de mèche de cheveux grisonnants revient bien à ceci ; s'arroger, s'octroyer, le droit, au nom de sa conception du Bien et du Mal d'intervenir militairement partout où cela vous chante .Partout où ça fait mal disent les bons docteurs. Mais plus exactement partout où ils jugent eux que cela fait mal. Car on ne les a pas vu beaucoup du coté de la République Démocratique du Congo quand des états étrangers, le Rwanda entre autre, venaient piller et massacrer les populations autochtones. Sans rien dire d 'Israël vis à vis de la Palestine et de la bande de Gaza ..de la Chine au Thibet. Partout où le Droit est bafoué disent les humanitaristes. Comme en Cote d 'Ivoire par exemple où l'intervention militaire se fit, avec missiles tirés de chars français sur le Palais Présidentiel, dans un différent interne et électoral : les uns disant « j'ai gagné » et les autres disant... la même chose ?
Pour sauver des populations menacées. ? Qui était et est menacé en Afghanistan ? Qui était menacé par les fameuses armes de destruction massive en Irak ? Qui massacrait en Cote d 'Ivoire, Ouattara ou Gbagbo ? Benghazi ? Mais le massacre de Benghazi n'était que virtuel et rien , concrètement, ne laissait présager un massacre sinon le droit d'un gouvernement, démocratique ou pas, d'intervenir chez lui pour mater ce qui était bien une rébellion. Comme le fit, dans le même temps, le Yémen et Les Émirats. Comme le fait et le font tous les états, démocratique ou pas, face à une révolte armée. Cela donne t -il pour autant le droit d'intervenir ? L'intervention s 'oppose t elle au laisser commettre des massacres sans réagir, au nom du libre droit des peuples à disposer d'eux mêmes alors que l'on sait pertinemment que dans les régimes autoritaires ces mêmes peuples justement « ne disposent pas d 'eux-mêmes ». ?
Il convient d'abord de remarquer
1°que toutes les tentatives de « solutions négociées « dans le cas libyen comme dans la plupart ( tous) des cas n'ont pas été poussées à leur terme. Que l'Ambassade de France négociait encore alors que Sarkozy recevait le Conseil de Transition et décidait dans son coin, sans l'avis du Parlement, ni consultation des « experts », du CNRS entre autre.
2°que les situations critiques ( c'est à dire justifiant aux yeux des partisans du droit d'ingérence, une intervention) ne naissent pas ex nihilo , sans que les rapports entre un tyran et son peuple ne se dédoublent d'un rapport entre ce même dirigeant et l'Extérieur, cet extérieur étant l'agent intervenant souvent. Dans le cas libyen cela semble évident : Khadafi ayant été reçu à l'Elysée en grande pompe trois ans avant l'intervention, des contrats importants y compris de contrôle de son opposition étant signé alors. La richesse du tyran et partant sa capacité de nuisances étant en relation directe avec les contrats signés par les compagnies occidentales qui pendant des années non rien ignoré de la façon dont il traitait son peuple ( mais, soulignons le, avec beaucoup plus de mansuétude et de liberté que l'Arabie Saoudite traite son propre peuple ce qui n'empêche pas l'Arabie Saoudite d'être le grand ami des States et des Français).
3° Qu'en conséquence l'Occident avant de se donner le droit d'intervenir militairement devrait pour le moins ne pas armer le bras qu'elle veut combattre et soumettre son ingérence économique à des règles déontologiques claires.
Enfin il apparaît fort clairement qu'à travers ce droit d'ingérence s'affirme une conception fort droitière voire extrême droitière qui veut qu'une civilisation à un moment donné de son histoire soit supérieure aux autres et reçoive, en échange, le devoir d'intervenir et d'imposer ses vues. Ainsi Napoléon, fils de la Révolution française, tenta d'imposer les siennes à l'Europe du début du XIXème, pour son plus grand bien évidemment. Ainsi la Troisième République inventa- t-elle la mission civilisatrice de la France en Afrique, comme les espagnols instaurèrent la nécessité évangélique au Seizième en Amérique du Sud . Il s 'agit ni plus ni moins de la même chose quand les américains et les français interviennent en Afghanistan au nom du Droit des femmes à recevoir une éducation et de ne pas porter la burqa. Les Droits de l'homme sont une des formes modernes de l'impérialisme
Non qu'il faille être pour la burqa ou, plus cruel encore, le droit d'excision des petites filles..et/ ou laisser faire. Mais la démocratie ne s 'impose pas à coups de bombes sur la gueule pas plus que la règle de trois à coups de baffes et de martinet.
L'émancipation des femmes, le combat contre l'excision ,les combats contre les dictateurs et les tyrans, le droit des citoyens et le droit à la dignité ne s 'obtiennent jamais par des interventions venues de l'extérieur. L'intervention en Irak sous des prétextes humanitaires et sécuritaires ont plongé la région dans une guerre sans fin .
Des centaines de milliers de morts et surtout, et, (chose, bien sur, que ces fameux droits de l'hommistes cachent avec ferveur) , l'utilisation des bombes a uranium appauvri qui fait qu'aujourd'hui à Falludja et dans beaucoup de villes irakiennes le tiers des enfants qui naissent naissent mal formés, aujourd'hui attestent de l'idiotie et de l'inhumanité de cette intervention.
Ibidem en Afghanistan où les intervenants rentrent la queue basse laissant le pouvoir à un Karzaï que chacun sait mafieux comme les mêmes l'ont laissé en Irak à un Premier Ministre aussi peu fiable .
Les moyens de faire régner en ce monde un peu plus de justice et d'humanité passe d 'abord par la dénonciation claire du non-droit d 'ingérence, par le respect des procédures internationales, par la croyance absolue que se sont les peuples et eux mêmes qui font leur révolution et que le commerce, les traités commerciaux ne sont jamais des objets neutres sur le plan politique social et/ou moral.
Que l'on ne peut regretter que les armes fassent tellement de dégâts quand on est soi-même fabriquant et vendeur d 'armes et qu'enfin malgré nos cris d'effraie c 'est nous mêmes, les ingérants, intervenants et les défenseurs du droit d'ingérence, qui sommes in fine responsables des atteintes insupportables aux droits de l'Homme. Mieux vaut prévenir que guérir d'autant que la guérison, toute spartiate et militaire, que nous proposons est pire que le mal.
PS : Le serment de Tobrouk se veut un clin d 'œil au « serment de Koufra « du Général Leclerc.
Rappelons que, aprés la prise de Koufra à l'armée italienne, en 42, Leclerc haranguant ses troupes avait dit « nous ne nous arrêterons qu'aprés avoir délivré Strasbourg ». Ce qu'il fit.
Je ne vois pas en quels termes Levy, qui se prend pour Leclerc, en maniant les chars de sa littérature, formule son serment « nous ne nous arrêterons que lorsque le monde sera libre « ?
Je rappelle aussi que ce n'est pas la première victoire, comme le dit Levy, des Forces Françaises Libres. C'est encore se raconter des histoires. C'est oublier que la France, à l'époque de Koufra était négre. Strictement et uniquement nègre.Mais Levy veut l'oublier. Et que la première victoire fut celle de Lambarené qui conduisit le gouverneur du Gabon dans le giron de de Gaule bientôt suivi par le Congo et le Tchad.