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Billet de blog 6 décembre 2011

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Lettre a Edwy PLenel - deuxième épisode et suite.

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Suite aux portes ouvertes de Médiapart et aux louanges qui pleuvaient de toute part je m'étais, dans un billet relayé par la Une, interrogé sur la pertinence du « journalisme d 'investigation » lui reprochant son coté et voyeur et moral, allant même jusqu'à soutenir que la moralité n'avait que peu à voir avec la bonne gouvernance.

Edwy Plenel prit la peine et le temps de me répondre-

Qu'il en soit, connaissant son emploi du temps, remercié-

en développant une argumentation qu'avait auparavant développé Joël Martin, dont les rapports avec le « Canard enchaîné » ne sont un secret pour personne, et qui tenait en ceci :

« Je crois aux vertus démocratiques des informations, de ces "vérités de fait" qui obligent à bouger, à réfléchir, à agir, à confronter, à mettre en doute ses certitudes. …... ce sont les informations qui font l'opinion bien plus que les commentaires et qu'un journaliste en possession de faits révélateurs et significatifs d'intérêt public est un réformateur bien plus efficace qu'un éditorialiste tonnant en chaire, quel que soit son talent......... Le journalisme est remis à sa place, à sa juste place: son rôle social est de produire des informations par l'enquête, le reportage, l'analyse, etc. Est-il pour autant fade, neutre, moralisateur, désincarné, etc., ce journalisme qui privilégie la recherche d'informations d'intérêt public? Aucunement, et je pense que Médiapart en fait chaque jour la démonstration. »


Sans dire ni s 'interroger sur ces « vérités de faits ». Est ce que toutes " les vérités de fait" sont susceptibles de faire « bouger, réflechir, agir » etc ?... Non, certes, alors qu'est « une vérité de fait » ? Comment la définir ?

Car il y eut la « découverte de l'amiante » il y a eu le médiator, il y eut les algues vertes, la surexploitation des nitrates etc.. et pour en revenir à Médiapart la découverte d'une affaire Bettencourt devenue rapidement affaire Woerth.
Mais, justement, quant à celle-ci, en quoi vous permet -elle de dire qu'elle « vous oblige à bouger, réfléchir, agir » ? Qu'à ce dévoilement de proprement subversif ? Qu'il nous révèle des magouilles et des tricheries ( sur le financement des partis politiques) dont tout un chacun est par ailleurs coutumier puisqu'il y a des officines légales spécialement chargées de cela même, rendre légal ce qui ne l'est pas, ou rendre invisibles des comportements illégaux ou à la marge de la légalité. L'un des grands patrons de ces sombres officines de la magouille officielle n' a t il pas été décoré par le Président de la République en personne d'un ordre républicain parmi les plus prestigieux ? ( de Maistre) et y a t il un artisan ou un citoyen, un commerçant qui ne cherche à tromper le fisc, lui aussi, à sa manière?La quantité des sommes détournées par les Bettencourt, et combien d'autres, change t il le caractère qualitatif de l'accusation?En quoi cela nous aide t il dans notre compréhension du monde et de son fonctionnement de savoir qu'il y a des détournements, des tricheries, des magouilles?

Qu'elles soient dénoncées et combattues et qu'il n'y ait pas des citoyens qui échappent et à la Loi et au fisc nous semblent effectivement un combat nécessaire et à vertu démocratique mais est-il essentiel?

Pour autant que la dénonciation n'engendre pas la mise en route du rouleau compresseur de la Justice dont le moins qu'on puisse dire est qu'il écrase les petits et épargne les grands.
Que des acquittements, à quelques exceptions prés, et, à ce que je sache, les Pasqua, Dumas et combien d 'autres dont les exactions ont fait les choux gras de la presse d'investigation ( j'ai moi-même travaillé sur l'Angolagate) ont toujours su se faufiler hors des mailles du filet de " la vérité des faits " qui voulait les enfermer.

Si le rôlet social « des journalistes est de produire des informations » reconnaissons qu'en tant qu'auxilliaires d 'une Justice aux ordres leur travail ne débouche sur quasi rien d 'une part et qu'en tant que faiseur de conscience et d 'opinion- comme on dit d 'un tailleur- ( « plus que les commentaires ») ils participent alors plus d'une vision d'un « tous pourris » qui, je le répète ouvre la voie à tous les populisme ( que je définis simplement comme une méfiance active envers le système représentatif) que d'autre chose.

Aussi n'est-il pas simple et ne doit pas être simplifié le fait de rechercher et produire une « information 'intérêt public ». La formulation est heureuse. La définition et l'approche encore hasardeuse à mon avis.

Quoiqu'il en soit, en ce qui me concerne, l'affaire Woerth -Bettencourt m'a ,quant à moi, rappelé qu'il y avait, à coté du monde, traversé de contradictions, que je connaissais, un « autre monde », celui de ces « gens-là », ceux de la France d 'en haut, dont , bien sur, je connaissais l'existence, mais sans trop savoir ou du moins sans trop vouloir m'apesantir sur leur existence et leur pouvoir. Ce fut une piqûre de rappel en quelque sorte. Il n'y avait pas que ceux du Fouquet »s, ces nouveaux riches rolleixés, dont les manières sentent encore la caque mais bien ces gens là, Eric, Liliane,élégants, disserts et bien élevés.

Mais les turbulences du Destin passées, l'enquête s'enfume à Bordeaux et bientôt on verra Woerth sortir de son placard et de son purgatoire et reprendre sa carrière là où il l'avait laissée. Comme Longuet, dont le passé frontiste est bien oublié ainsi que les malversations de son ex parti, lui aussi à vau l'eau.

Le journaliste, qui détenait la vérité de ces faits là, en serait il pour reprendre Plenel un « réformateur » pour autant ? J'en doute.

Ainsi la « réponse « de Plenel me paraît -elle un peu de la poudre aux yeux bien que je sache et de fort longtemps que Plenel n'est pas un plaisantin, qu'il croit en ce qu'il fait et que ce qu'il fait et réussit est, je le pense vraiment et depuis longtemps, important.

Il y a sur ce journalisme d'investigation, sur ces recherches de la rectitude morale, sur la dénonciations de ces tricheries, sur ces détournements de la Loi quelque chose qui est à la fois nécessaire et dérisoire, nécessaire car ces démarches obligent la Justice à plus de rigueur et de démocratie, dérisoire car dans la course entre le voleur et le gendarme chacun sait que le gendarme a toujours un train de retard dés qu'il s 'agit de fric et de pouvoir. Les coureurs du Tour de France, comme les évadés fiscaux, les Partis politiques, les aigrefins libanais auront au fur et à mesure des dénonciations et enquêtes à déployer plus d'astuces et de réseaux plutôt que de renoncer à leurs privilèges et à leurs gains et sans que la connaissance que nous avons de leurs malversations n'aidât vraiment notre conscience politique .

Car celle-ci n'a, à mon avis, que faire des turpitudes individuelles, des malversations et malhonnêtetés de tel ou de tel individu.

Que les gens au pouvoir aient manoeuvré, fraudé pour financer un Parti politique, qu'ils se soient , au passage , grassement rétribué, se soient payés piscine et Rolleix, Ray Ban et voitures de luxe me paraît, important mais secondaire. Nous ne sommes pas là dans l'ordre la contradiction principale qui est entre le Capital et le Travail, entre la rémunération de l'un et celle de l'autre entre les donneurs d 'ordres et les accomplissants

C'est ce que je voulais dire en parlant de corrompus et de « curé poussin ».

J'ai connu, il y a longtemps, des leaders syndicaux latino-américains, des chefs de Parti dont l' honnêteté était toute relative. Ils menaient cependant un combat avec détermination et intelligence et la force et la justesse de ce combat me paraissaient bien supérieures à leur probité ou à leurs mœurs sexuels.

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