La France a récupéré ses otages, fêté les retrouvailles, torché une larme au coin des yeux et, délibéremment, tourné la page. Qu'il reste encore pour le moins 4 otages dans le Sah'ra ne choque, apparemment, ni média ni personne. Cela est d'autant plus curieux que les rapports entre un fameux Colonel lybien et le ou les bandes ayant perpétré ce rapt sont connus depuis longtemps. Comment parler du Colonel et de la guerre de Lybie sans évoquer le Sah'ra alors que le moindre commentaire sur la guerre fait allusion à des "mercenaires africains" sans en dire plus, sans les nommer, sans dire qu'ils appartiennent pour la plupart aux Mouvements Touaregs et que ces mouvements touaregs dans leur complexité sont liés à Areva, aux otages, à l'AQMI ( Al Qaeda Maghreb Islamique), au Gouvernement du Niger et.... à Khadafi.
Sans se souvenir qu' Areva, détenue à 90% par l'Etat français via la Cogema -et directement responsable de 75% de notre approvisionnement électrique -fut pris en sandwitch pendant plusieurs années, au Niger où elle exploite les mines de l'Arlit, entre d'un coté les Touaregs sur le territoire desquels elle était installée et de l'autre le Gouvernement de Niamey qui tirant de substantiques bénéfices de ces contrats n'en retrocédait qu'une infime partie aux touaregs allant même jusqu'à interdire qu'ils organisassent la sécurité de l'entreprise, la sécurité nigérienne, aux mains des gens du Sud, entendant par ce biais également tirer profit de cette tâche.Guerre s'en suivit qui fut dommageable à tous jusqu'à l'accord d'avril 2009 qui fut conclu entre les parties belligérantes sur les conseils et par l'entremise de Khadafi ,; Colonel, qui promit quelques millions de dollars pour dédommager les rebelles à condition qu'ils désarmâssent.
Or cet accord qui prévoyaient un changement de statut de la Région et une plus grande ouverture de crédit afin qu'elle s 'équipât fut largement, les rebelles ayant déposé les armes, oublié. Certes, Tandja, Président, ayant été mis au rancart et un nouveau gouvernement élu sous la pulsion d'un jeune capitaine énergique, quelques têtes d'affiche touaregs - Gouverneur, responsable militaire , virent-ils le jour, mais dans l'ensemble la rebellion targui se retrouva, les quelques dollars dépensés, ( Khadafi n'ayant honoré sa promesse que d'un quart) de nouveau sur la touche c 'est à dire à la merci des bandes criminelles qui depuis une petite dizaine d 'années font du Sah'ra une aire de trafics liés à la drogue, aux migrants, aux cigarettes et aux armes.A la merci des fondamentalistes islamiques qui venus d'Algérie espèrent se refaire une santé financière et militaire en s'activant dans ces échanges et en ajoutant une autre corde à cette oud targui, la rançon. A la merci, enfin, des offres de plus en plus généreuses et alléchantes du bon Colonel Kadhafi ( on parle à Agadez de 100 dollars par jour)pour venir, à Tripoli, défendre son territoire des appétits gloutons et sanguinaires des anglais,français et américains.
Or la donne a changé. Si il y a encore trois mois il était possible de considérer Khadafi comme un allié dans la recherche des otages- par ailleurs trés précisement localisés-il est pensable que,et discours va-t-en-guerre sarkozien aidant, il ait aujourd'hui changé de camp c 'est à dire changé son fusil d'épaule et considère les otages français comme des objets particulièrement précieux ; les garanties de sa survie. Pour autant que le Président de la République française pensât à son élection.
Leur "recherche" devient donc l'objet de toutes les attentions: ils sont devenus, pour l'un comme pour l'autre des " joueurs", des atouts majeurs.
C'est ce scénario qui est apparemment en train de se jouer au Niger où récemment et dans des circonstances rocambolesques un homme, Abta Hamadine, se rendit à la Police après que partie d'un convoi qu'il dirigeait ait essuyé des échanges de tirs avec une patrouille de l'armée nigérienne près d 'Agadez.
Il appert d'après les déclarations de Hamadine qu'il servait d 'intermédiare entre l'AQMI et le Régime de Khadafi - son chef des Renseignements Abdallah Mansour- Il était chargé de récuperer les otages. Il transportait, en échange, ce que demandait et avait demandé l'Aqmi, détonnateurs, fusils, munitions et une somme d 'argent importante non précisée. IL devait mener ces otages à Tripoli.
Or actuellement ce témoin et responsable principal semble avoir disparu. Le scénario qu'il décrit parait cependant fort vraisemblable.
Il n'en demeure pas moins que l'Etat Français se doit de faire pression sur Areva afin que le Niger ne soit pas, comme pays et comme nation, le dindon de la farce de l'exploitation. Il importe au plus haut point que le problème targui soit repensé, que l'on donne à la population targui, et en général de langue tamashek, dignité et avenir . Ceci afin d'éviter qu'elle ne se radicalise et accepte les offres chaque jour plus alléchantes de Khadaffi ddont elle constitue déja la garde prétorienne. Eviter qu'elle serve, grace à sa connaissance du desert et des routes et points d 'eau, de guide et de second-couteaux à tous les trafics et en particulier au trafic d 'otage pour le compte de celui qui paiera le plus. Le peuple targui est un peuple guerrier c 'est aussi un peuple de poètes. Il sait faire la guerre. Il sait aussi l'arrêter. Il l'a démontré en 2009. Hier. Il peut encore le démontrer aujourd'hui pour peu qu'on lui restitue ce qui lui appartient et qu'on lui fasse une place, une vraie place, dans le partage de la richesse qu'on tire de son sol.
Sinon, il est quasi certain que l'espace saharien deviendra, comme l' Afghanistan, un territoire incontrolable et incontrolé à la merci de tous les trafics et surtout à la merci de quelques bandes armées par les rançons et la drogue qui seraient facilement en mesure de tenir tête aux forces nigeriennes et aux détachements français déployés sur le site d' Arlit où, répétons le, se joue ,pour quelques décennies encore, notre avenir...