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Billet de blog 9 mars 2013

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De la presse et du Mali.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'affaire commence par une lettre adressée au Président de la République malienne :
« Monsieur le Président,
Nous avons appris, pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, que le Capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions. Et les autres de son groupe, c’est-à-dire son clan, qui refusent de venir combattre, bénéficient également des mêmes traitements. Nous ne comprenons pas cela et nous exigeons de vous, nous autres soldats de l’armée malienne des explications claires et nettes. Nous voulons savoir s’il faire un coup d’Etat pour être récompensé et reconnu comme bon soldat ? Nous n’accepterons jamais cela. Si cette décisions n’était pas annulée avant dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, c’est-à-dire moi et mes éléments, de combattre et nous sommes prêts à en subir toutes les conséquences.
Fait à Gao, le 1er mars 2013
Le Capitaine TOURE »

 Authentique ou pas, cette lettre ouverte  reflète ce que pensent les soldats maliens qui, à Gao ou ailleurs, sont au front et ont déjà payé de leur sang la « défense de la Patrie » que ceux qui sont largement payés pour le faire ne font pas. Elle a été publiée par le journal en ligne KOACI.COM que dirige Boukary DAOU.

Or, mercredi , alors que le Ministre français de la Défense, après inspection des troupes s'apprêtait à partir et discutait encore avec le Président par intérim malien , des hommes en armes se réclamant des services du Capitaine Sanogo faisaient irruption dans les locaux du journal et emmenaient son directeur. Directeur dont nous sommes sans nouvelles depuis et alors que la Primature et la Présidence se refusent à tout commentaire.

Nous connaissions déjà les écarts racistes et criminels d'éléments de l'armée malienne contre les touaregs et en général contre les «  peaux claires ».

Nous connaissions déjà l'impudeur des « bérets verts » qui en pleine guerre de reconquête du territoire national menée au prix du sang par des armées étrangères surtout françaises et tchadiennes entendaient régler leurs comptes et intervenaient militairement contre des régiments militaires maliens .

Nous connaissions le passé de cette armée dont la soixantaine de généraux étaient surtout occupés à piller les ressources allouées à leur seule bénéfice et connus et célèbres pour la protection qu'ils apportaient aux narco trafiquants.

Nous avons maintenant affaire, en pleine guerre, par des services ne relevant pas de la Justice ni de la Sécurité mais d'une Officine technique chargée de renforcer l'armée, officine dirigée par ce même capitaine Sanogo qui s'est déjà permis de nombreuses arrestations extra judiciaires et dont la Communauté internationale pensait qu'il était maintenant avec un titre ronflant et une rémunération  plus élevés que celle du Président , mis à l'écart pour nuisances manifestes, un nouvel éclat qui touche, cette fois encore à une des bases de ces valeurs que la France défend au Mali, la liberté de Presse.

Car la France, à ce que j'ai cru comprendre, n'est pas seulement au Mali pour sécuriser la zone où elle a des intérêts importants – Areva au Niger voisin-  mais aussi pour permettre à un État de se reconstruire à partir de valeurs que nous considérons comme universelles et que nous sommes fiers de défendre partout, au nombre desquelles il y a la liberté de la Presse, ses droits et ses devoirs.

Il est vrai que les Droits de l'Homme ont été souvent utilisés et instrumentalisés , comme la mission civilisatrice d 'antan, pour mener des guerres et s'assurer des contrôles sur les richesses d 'autrui ( cas de l' Irak par exemple ou plus prés de nous de la Libye et la Cote d 'Ivoire). Mais il ne faudrait pas que la « lutte contre le terrorisme » drapeau déjà bien usé des déploiements de forces et objectif bien ambigu de l'intervention française, ne se transforme en une volonté d 'aveuglement sur la réalité du pouvoir que la France, qu' elle le veuille ou pas, défend et consolide au Mali. 

En d 'autres termes plus crus ; se faire trouer la paillasse pour un Sanogo, non merci! . Dépenser le moindre sous d'euros pour cet âne dangereux, non, mille fois NON. 

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