Le projet de « photojournalisme » présenté récemment par Mediapart a suscité de l'intérêt et beaucoup de réticences dont celle de Gilles Walusinski, photographe, vieux routier de la défense syndicale des photographes, ex-vice -président du Jeu de Paume qui, en France, s'occupe de la photo.
Réticence et intérêt de ma part pour avoir pendant de longues années été directeur de Galerie ou courtier ou galeriste c'est à dire ayant l'habitude des rapports entre supports artistiques et clientèle.
Certes le projet n'entend pas être un « support artistique « mais rendre compte, visuellement, de la France des années 2015. Permettez-moi de préciser ici que la qualité d'information contenue dans une photo est le propre de sa qualité artistique et partant qu'il s 'agit bel et bien, parlant de photos de reportage, de photojournalisme, d'un support artistique.
Les frontières sont d'autant plus floues que récemment au Musée Pompidou de Metz ce sont des photos « people « qui ont été exposées en insistant tant sur leur coté témoignage – informatif- qu'artistique.
Cela nous amène à considérer le champ commercial de la photo c 'est à dire comment un photographe indépendant gagne sa vie. En dehors des appoints participatifs à des expositions de groupe le plus souvent organisées par l'institution publique, il peut vendre des photos à des Agences qui, elles, sont chargées de les placer dans la presse soit réaliser et vendre un livre pour autant qu'il ait trouvé un éditeur, soit vendre des tirages -tirés à part – limité à 30 exemplaires-l'équivalent lithographies signées numérotées pour les peintres- dans des galeries spécialisées ou pas.
Or, dans le projet, soumis à notre appréciation, il existe un flou artistique assez épais concernant 1°- les photographes ( qui les choisit) 2° Les sélections ( qui sélectionne) 3° leur rémunération ( à quoi les 2500 euros proposés correspondent ? à abandon des droits, à des tirages ? , ..?) 4° le « rendu » de l'opération, 5° ce à quoi les souscripteurs ont droit.
Bref il s'agit d'une édition participative où il n’y a aucune participation sauf celle de nous faire cracher au bassinet. C'est du moins comme cela que je le ressens.
Alors que la situation originale de Médiapart aurait pu et peut servir de support et de base à un autre projet.
1°- En réhabilitant le modèle de « family of men « qui est le livre de photos le plus vendu dans le monde ( plusieurs millions d 'exemplaires) . C'est à dire en proposant une dizaine de thèmes de la naissance à la mort en passant par l'école, l'amour, le mariage, le travail, les luttes, les passions, la vieillesse, la maladie .. par exemple)
2° -En demandant à tous les amateurs de photos d'envoyer trois photos illustrant ces thèmes et aux professionnels une dizaine de photos
Ceci afin de bien marquer °1-que la photo est d'abord un art populaire mais qu'il est soumis lui aussi à des conditions d 'exercice – le coût du matériel.
-2°-Que les photos « pros » seront donc plus pixelisées que les autres et partant susceptibles de figurer pleine page, les moins pixelisées ne figurant que deux ou trois ou quatre par pages.
3°-En faisant voter les abonnés de Mediapart selon la façon dont on recommande un texte en votant de une à cinq étoiles
4°- En réalisant ainsi un volume de 200 pages avec 350 photos qui sera vendu par souscription
5°- En rémunérant les photographes au pro rata de leurs photos dans le volume
6° -En organisant dans des lieux publics et privés des expositions de l'ensemble des photos du livre et en faisant la promo dans Mediapart.
7° En donnant la possibilité aux « pros » de vendre en galerie des tirages numérotés de leurs œuvres