De plus en plus, insidieusement, une demi-phrase, un mot, une expression, répètés ça et là et aux heures d 'écoute, à la télévision, dans les radios et les journaux, accréditent l'idée qu'en Centrafrique nous nous retrouverions au cœur d 'un conflit religieux, chrétiens contre musulmans, qu'il y ait, avancé par je ne sais quel crétin mal informé , une tendance « génocidaire », terme violent qui ne correspond en rien à la situation en RCA, repris par Obama lui-même.
Situation rendue encore plus intelligible par les amalgames faits avec l'intervention au Mali où la France s 'était engagée contre le terrorisme – ce qui est faux- quoiqu'en dise le Premier Ministre et contre le « génocide » en RCA alors qu'il n'y a jamais eu de volonté génocidaire ( de qui ? Vis à vis de qui?) alors que le PC vient encore, à l'Assemblée, brouiller les cartes en se demandant si la France , qui a flirté avec Bokassa et mené pendant longtemps des politiques de baudruches , n'était pas « disqualifiée « par son passé colonial.
Pour qui connaît un peu la RCA et Dieu sait si il y a dans les Instituts de recherche en France,de nombreux et excellents experts et de spécialistes qui parlent parfaitement sango et travaillent depuis plusieurs décennies sur la RCA, la situation est pourtant simple. Simplissime même.
La sekela qui a porté Djotodia au pouvoir contre Bozizé il y a quelques mois était, dés l'origine, un regroupement de quelques dizaines de groupes plus ou moins bien soudés et hiérarchiquement fracturés qui, dés, la prise de pouvoir et la constitution du gouvernement s'est disloqué, complètement. Sous l'impulsion de leaders qui n'avaient pas accédé aux postes qu'ils revendiquaient et entendaient le faire savoir. Sous l'impulsion de groupes qui n'étaient amalgamés que virtuellement et qui constitués de soudanais et de tchadiens pour la plupart n'entendaient que se payer sur la bête et vivre comme ce qu'ils étaient, des bandes armés de soudards, contre lesquelles soudain il n'y avait plus personne, plus de gendarmes, plus d'armée puisqu'ils en faisaient partie ainsi que quelques groupes fort minoritaires qui entendaient, eux, profiter des troubles pour relancer Bozizé qui, de l'extérieur les appuyait sans trop de mouiller.
Ajouter à la confusion des groupes armés d'auto-défense et l'action de quelques groupes étrangers et surtout tchadiens qui attirés par le vide institutionnel comme mouches par le miel se sont précipités sur le pays avant de lui faire rendre gorge c 'est à dire le plus souvent voler à un paysan pauvre les deux bœufs et l'âne qu'il possédait après l’avoir battu comme plâtre et avoir violé sa femme.
Je l'ai toujours dit , ici, depuis plus de huit mois, la S ekela est un Objet Politique Non identifié, un Opni, soutenu par personne pas plus musulmane que chrétienne, composée de musulmans et de chrétiens, qui, en RCA , n'ont jamais constitué des communautés opposées chacun étant plus fidèle à son ethnie d 'origine -bandas et bayas , chrétiens animistes pour la majorité- haoussas et bororos pour les musulmans quoiqu'il soit fort possible que des ethnies extérieures et revendiquant leur religion se soient livrés à des exactions ayant entraînes des contre-exactions dés qu'ils furent désarmés par les troupes françaises.
C'est bien une opération de gendarmerie et rien d 'autres dont il s 'agit en Centrafrique. De gendarmerie et de renforcement d'un État de droit tant à Bangui que dans l’intérieur du pays.
Que le pays lui-même , en perdition, n'ait pas été capable de faire face aux assauts des grandes compagnies comme celles qui au 14ème siècle ravagèrent la France, est une évidence quoiqu'il faille noter que Djotodia arrivé au Pouvoir nomme un Premier Ministre chrétien connu pour un être un homme de dialogue et de probité mais pas un chef militaire.
Que la France soit le seul état capable en peu de temps de mobiliser les plus de mille hommes nécessaires à restaurer un état de droit est également une évidence. Qu'elle soit disqualifiée ou pas . Aucun autre État, aucune organisation transnationale ( Forces d'interposition d'Afrique Centrale, , ONU ..) n'est actuellement capable en moins d 'une semaine de venir arrêter les massacres de Bangui ou de Bouar. Aucun.
C'est la raison pour laquelle il faut saluer la décision d'intervenir non pour arrêter un génocide qui ne pointait nullement le bout de sa truffe, non au nom d 'un néo-colonialisme qui n'a rien à faire en RCA car il n'y a aucune richesse à conquérir, mais au nom de la France a défendre contre des mercenaires et des soudards les pays qu'elle soumettait jadis sous une férule qui n'avait rien à voir avec ces pillages et ces massacres de reîtres ensauvagés.