D'aprés les informations fournies par Issoko
Conduite par l’un des anciens bras droits de Modibo Cissé, ancien Premier Ministre et actuel candidat à l'élection présidentielle de Juillet prochain , l’ancien ministre des Finances, Sanoussi Touré, la délégation en capagne a essuyé un cuisant échec lors de son passage à Faléa.. Ni le maire, Mallé Camara, ni le chef de village, M’Bafily Daga Keïta et ses conseillers n’étaient présents. Seules quelques notables, par pure politesse, étaient là pour accomplir sans enthousiasme le rituel du protocole d’accueil.
Les raisons de ce désaveu pour l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé sont liées au permis accordé de manière ubuesque et scandaleuse par le gouvernement de l’ancien président Amadou Toumani Touré, à la société canadienne Rockgate pour l’exploration en vue d’une future exploitation d’une mine d’uranium sur le territoire communal de Faléa.
Cette concession a provoqué l’indignation des populations du village de Faléa et des 21 villages de l'intercommunalité qui, avec l’appui de l’ARACF (Association des ressortissants et amis de la commune de Faléa) et de ses partenaires, se sont mobilisées, pour contrer ce projet qui constitue une grave menace pour leur patrimoine culturel et écologique, mais, avant tout, pour leur santé.
Leur lutte a mis en évidence la collusion entre les tenants du pouvoir et la société canadienne.
Elle a permis de souligner de démontrer et de porter à la connaaissance de tous que les activités de prospection, forage et carottage, l'avaient été sans aucun respect des normes et procédures démocratiques et sanitaires .Ces opérations de forage et de carottage ont été menées à des profondeurs variant de 135 à 418 mètres de profondeur sans qu'acuned étide sérieuse n'ait été conduite quant au niveau des nappes phréatiques. Pire, cres opérations n'ont respecté ni les sources traditionnelles d’approvisionnement en eau (marigots, mares, puits, puisards, etc.), ni les terres agricoles ni le quotidien et la vie des populations, ni quoique ce soit quant à l’environnement, le patrimoine culturel (matériel et immatériel) et la démocratie.Comme une société d'exploitation coloniale dans un pays colonisé
Une situation qui a eu des conséquences immédiates sur les populations à savoir les pollutions (eau, air…), les dégradations et les nuisances, les risques d’infiltration des produits dangereux utilisés dans la nappe phréatique, la perspective immédiate de déguerpissement de l’espace qu’elles occupent exigé par l'exploitant au regard des droits et contrats signés avec le Pouvoir.
Pour avoir été le Premier ministre du gouvernement qui a accordé le permis d’exploration, les habitants de la Commune de Faléa ne sont pas prêts de pardonner au candidat Modibo Sidibé, symbole à leurs yeux de l’incurie du système ATT. Cette commune de 21.000 habitants ne dispose ni d’infrastructures socio-sanitaires et éducatives, ni de routes, ni de télécommunications (on y signale l’arrivée récente d’un opérateur privé de téléphonie). Elle est coupée de Keniéba pendant six mois de l’année, ce qui pose de sérieux problèmes d’évacuation des malades ou des femmes enceintes dont plusieurs ont même perdu la vie faute d’avoir été référées sur Keniéba, le chef- lieu de cercle situé à plus de 85 Km.
Pourtant, Faléa se révèle être la plus riche du Mali en minerais stratégiques.
Une lueur d’espoir était pourtant née : en vue de réaliser le désenclavement de certaines localités et parties de notre pays, le gouvernement de la République du Mali a engagé un programme d’équipement en bacs de franchissement de cours d’eau. C’est ainsi qu’à l’issue de la session ordinaire du conseil des ministres tenue le mercredi 2 mars 2005, il a approuvé la construction de trois (3) bacs automoteurs dont un (1) bac de 40 tonnes pour la ville de Koulikoro et deux (2) bacs de 20 tonnes chacun destinés aux localités de Diafarabé dans le cercle de Teninkou et Faléa dans le cercle de Keniéba. Le marché fut attribué, par entente directe, à la Société INACOM-Mali pour un montant de 1 milliard 63 millions de FCFA environ et un délai d’exécution de dix mois.
Depuis son adjudication en 2005 à la société INACOM-Mali, le délai de livraison du bac automoteur de Faléa n’a jamais été respecté. A ce jour, d’après les informations recueillies par l’ARACF auprès des autorités administratives et politiques ainsi que les services techniques des travaux publics du cercle de Keniéba, le bac de franchissement est immobilisé dans le chef lieu du cercle depuis plus d’une année, après avoir connu des fortunes diverses, notamment des tentatives de détournement de sa destination initiale et sans qu’on ne sache quand exactement il sera mis à l’eau.
On évoque actuellement les difficultés d’acheminement à cause du mauvais état de la route et la multiplicité de nombreux cours d’eau. Or, l’exécution d’un ouvrage de génie dans le cadre d’un marché public doit comporter nécessairement les frais liés à son acheminement. Ce qui ne semble pas être le cas du bac automoteur de Faléa immobilisé dans la cour du service des travaux publics à Keniéba.
Ce constat amer illustre l’absence totale de contrôle de l’Etat sous l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, dans le suivi des entreprises qui ont l’obligation de s’acquitter, sous peine de poursuite, de leurs engagements contractuels vis-à-vis des citoyens et des collectivités au nom desquels des sommes faramineuses sont déboursées
Pour faire oublier les populations de Faléa, la délégation de Modibo Sidibé a promis la rénovation et l’extension de la mosquée du village central.
Aucun programme moderne et cohérent de développement pour cette commune dont les priorités sont le désenclavement, la création d’infrastructures sanitaires dignes de ce nom, l’eau potable, l’école ! Il faut noter que la commune de Faléa est également engagée, avec les douze autres communes du cercle dans la préservation du Fleuve Falémé.
Oublié du pouvoir et de l'Etat Faléa et sa région constituent cependant un précieux patrimoine commun au Mali, au Sénégal, à la Mauritanie et la Guinée, mais qui risque de disparaître du fait des activités d’orpaillage industrielles et artisanales qui toutes génèrent une pollution effroyable particulièrement dangereuse pour l’environnement et la santé des populations.