Nous venons de voir la deuxième partie d'un film consacré à la Françafrique.
Autant la première partie nous avait paru anachronique ( juger du passé avec les valeurs du présent), dépassée et sans grand intérêt autant cette deuxième partie par son rythme, sa qualité technique et sa reflexion nous semble remettre les pendules de l'Afrique et de ses relations avec la France à l'heure de la réalité.
D'abord parce que ce film dresse un portrait sans concessions d'une France de plus en plus, comme tous les états modernes, à la fois shizophrénique et cocardière, les deux pieds dans la démocratie et la voix dans les nuages, avide de démocratie universelle et elle-même plongée dans une réalité de cette démocratie qui n'a rien de démocratique.
Car tel est bien la réalité avec laquelle ce film nous confronte.
Certes nous le savions la démocratie représentative n'est pas parfaite et l'obligation qui nous est faite, de par le monde, à tous, de mettre un petit bout de papier dans le trou d'une boite pour aussitôt avoir droit et à la considération des plus grands et à leur aide ( cf le Discours de La Baule de F.Mittérand) nous paraissait, dans les pays même où cette pratique était le plus ritualiser, jusqu'à en devenir d'une homothétie parfaite entre vote et démocratie, sujette à caution.
Non en raison du bourrage des urnes toujours pratiqué - Corse- mais sans grand impact. Non en raison des modalités techniques du scrutin ( élection de Bush où nous est révélé brusquement l'archaïsme peu démocratique du système technique, voire en plus ubuesque le mode de scrutin sénatorial en France). Non en raison des modes de scrutin qui pour être universels permettent à un groupe totalisant 32% d'avoir une confortable majorité ( l'uninominal à deux tours par exemple et/ou refus des proportionnels voire du vote d'un certain nombre de citoyens - "ivoirité" des travailleurs immigrés ), mais surtout en raison de l'équation souvent mise sur la table et toujours balayée par les ramasse- miettes de la pensée politique, qui veut qu'une campagne pour être réussie et conduire à la victoire dépend essentiellement non de la qualité de l'orateur, non de la pertinence de son programme, de l'évidence et de l'intérêt général...mais tout simplement de l'argent dont il dispose pour faire campagne. Mon cheval peut devenir Président de la République ( ce qui n'est pas grave c 'est une fort brave bête , fidèle, aimant et bon compagnon). Il sufit qu'il ait, comme aux States, des fonds de campagne solides, des juristes qui permettent de se détourner véniellement des lois, ( Balladur et le Conseil Constitutionnel) et des communiquants ( Seguala..) dont le rôle avoué et reconnu est de vous faire prendre des vessies pour lanterne, Sarkozy pour un démocrate et le Parti Socialiste pour un Parti socialiste.
Or, cette Démocratie que l'Occcident vend partout est la grande valeur dichotomienne qui permet de mettre d'un coté les bons ( les démocrates qui communient selon le rite) et de l'autre les méchants ( ceux qui ne vont pas à la messe électorale; Cuba, l'Iran, la Chine, la Corée ..).
Or, le film le démontre, ces nègres à qui nous vendions, chères, lors des indépendance, les places d 'honneur, sont devenus, en devenant riches, par la grace de l'évolution démocratique, ceux qui achètent à l'encan. La démocratie se fait maintenant sur le marché aux esclaves. Ce sont les grands démocrates de ce monde qui se pressent dans les chiottes luxueuses de Bongo Omar en attendant d 'être reçu.On mettait Bokassa sur le trône impérial de Centrafrique, Bongo dicte ses ordres à Sarkozy comme à un quelconque laquais.Superbe! j' adore la démocratie quand elle devient une comédie .
Mais elle est aussi tragédie car dans ces jeux de pouvoir où les Grandes Compagnie reversent à quelques maquereaux des sommes conséquentes avec charge de les distribuer aux personnels que ces Grandes Compagnies protègent et désignent et dont ils sont et protégés et désignés( quelques soient leur couleur politique), oublient complètement les populations mais aussi se sont retournés soudain : les rois nègres n'obéissent plus ils dictent d'une part, l'Etat n'existe plus d'autre part, mondialisation aidant : les Grandes Compagnies ont été bradées, privatisées, elles n'obéissent plus aux directives d'un Etat qu'elles servent, mais à celles d'un Directoire d'actionnaires mondiaux, libre, et libre aussi d 'acheter au sein de l'Etat et des états ceux dont il entend se servir.
C'est comme cela que Bourgi remplace Foccard.
Que les raisons des Grandes Compagnies - multinationales-remplacent la Raison d 'Etat -national
Et que l'on assiste en Cote d'Ivoire à un cas de figure inédit à savoir un Président, Gbagbo, qui traite avec les Grandes Compagnies, Bolloré et Bouyghes, amis du Président d'un Etat qui le combat
La Françafrique est morte. La qualité du film vaut annonce nécrologique. Mais parce que l'Etat français est mort, comme Etat. Comme outil. Avec un levier, je souléverais le monde! Oui !mais pour le mettre où?