Le nouveau livre de mon viel ami Peter Dale Scott " le Nouveau Désordre Mondial" peut être lu comme un torrent d'eau servant le moulin d'un anti-américanisme primaire. Il met le doigt et le poing là exactement où cela fait mal et fait suite au " Pouvoir Américain " de Chomsky. La thèse en est simple : depuis les années 40 et la fin de la deuxième guerre mondiale le gouvernement des USA a mis en place une série d 'institutions , dont la CIA, qui de l'Iran de Mossadegh au Chili de Pinochet en passant par l'assassinat d'Arbenz au Guatemala visent à défendre les intérêts de United Fruit, Anglo Amercian Oil et Rio Tinto et de beaucoup d 'autres grandes Compagnies n'hésitant pas à pratiquer l'assassinat politique, le rapt, le meurtre, l'alliance avec les barons de la drogue et les mafias siciliennes, l'armement de groupes rebelles,et à travers dissimulations et secrets, au sein même de l'organigramme d'Etat , finisssent par créer un état dans l'Etat, une puissance qui échappe complétement - "court-circuite"- le Congrés..et avec lui la démocratie . Démonologie contre Démocratie.
On peut certes crier au complot.J'en ai souvent discuté avec Peter.Mais la multiplication des sources , l'encyclopédisme de la démonstration finissent par miner l'argument. Nous ne sommes pas face à un délire parano - dont le propre est d'être toujours solidement argumenté-Mais face à un mode spécifique de gouvernement devenu courrroie de transmission des intérêts supérieurs de la Nation entendue comme Siège des Grandes Compagnies.
Et ce de façon plus claire et évidente depuis que le pétrole dans les années 60 en s 'internationalisant assigna à l'Etat un nouveau rôle spécifique : celui de valet.
La démonstration est d 'autant plus probante que nous pouvons, en France, décrire les mêmes dérives, la transformation de l'Etat commandeur soucieux de son prestige - la françafrique de Foccard-en Etat porte-coton des satrapes locaux Bongo et N'Guessou.Et ce à travers l'assassinat de Mounier et de Lummumba, le soutien militaire contre l'UPC au Kameroun,( sous la Direction du Général Le Pouloch), etc..une longue liste d 'exactions gaulliennes et mitterandiennes, le cynisme le disputant à la cruauté dans le même mouvement de dérive qui afin de soutenir des gouvernements propices à l'exploitation par des firmes nationales de matières premières dont le pays a besoin conduit à des guerres et oriente la politique étrangères de l'Etat au bénéfice de firmes et de Grandes Compagnies (GC) dont le terrritoire national n 'est plus qu'un accessoire. Firmes et GC qui en juste retour des choses finissent par financer le maintien au pouvoir non des satrapes locaux mais, juste retour des choses, grace aux bénéfices obscurs de ces GC, Présidents et Ministres des vieux Etats dits démocratiques devenus au fil du temps patrie des hommes de l'ombre et des basses besognes ( Karachi, TaiWan, Et tous ces obscurs qu'un coin de soleil arrive, parfois, à apercevoir dans récemment les affaires de Ben Ali, de Khadafi, du Liban etc...
Ainsi le livre de Peter Dale Scott nous invite t -il non en une plongée dans l'enfer américain mais aussi dans le notre, souhaitant qu'un travail bénedictin de ce style voit le jour et que s'engage une reflexion sur la fragilité de nos démocraties vidées de l'intérieur, rongées grignotées viciées de l'intérieur par tous les hommes de paille politiques de ceux qui dirigent le monde, entendant poursuivre leur forfait- les bénéfices indignes qu'ils tirent de leur exploitation- en travestissant ce qui nous tient le plus à coeur:; la Justice et la Démocratie.. Insistant quant à la première sur le fait relevé par Daniel Singer que 225 personnes détiennent autant que 2 milliards et demi d'individus et quant à la seconde qu'il n'y a pas de Démocratie sans un minimum de transparence.