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Billet de blog 20 juillet 2009

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Le ni-ni c est neu-neu. l'écologie et la politique.

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La sensibilité écologique en France est née au tout début des années 70. Grace en partie à « Charlie-hebdo » à la rubrique de Fournier, aux dessins de Cabu. Certes il y avait eu des voix fortes, celle de Dumont, mais elles parlaient dans le désert de notre entendement .Il fallut attendre 68 dont l’écologie est l’héritière. Elle rejoignait chez les jeunes un sentiment diffus qui commençait à questionner le progrès. Les « trente glorieuses » s’ achevaient sur le désenchantement, les embouteillages urbains, la critique de la consommation, et un avenir de chien de garde, incertain . Van Illich, depuis le Mexique, pointait les incohérences et les errances d’un système que nous apprenions à nommer. L’installation, en France, du nucléaire, à la hussarde, levait mille autres craintes et armait maints combats. La sensibilité écologique se teintait alors de « retour à la nature », collective (« les communautés » comme Bambois ou s'expérimentaient avec un nouveau rapport à l'environnement de nouveaux rapports entre les personnes -homme/femme/enfant -) ou individuelle, (désir d’hygiène, nourriture végétarienne, homéopathie, bio, zen etc..) et de protection d’un environnement compris comme Nature ( déforestation, rejets polluants, protection des espèces en voie de disparition, respect des système naturels, qui sont en gros des bémols à la volonté démiurge de l’Homme de « domestiquer »la Nature etc… ..). C’est sur cette vague que surferont, après le Professeur Mollo-Mollo, tous ceux qui de Lalonde à Voynet essaieront de construire politiquement un parti écologique qui rapidement à contre-courant, dépassé, s’enlisera dans des combats de coqs et de canards et dans la tentative-tentation d'accrocher, d'arrimer cette sensibilité à gauche ( Voynet) ou à droite( Lalonde, Waechter).

Cependant à partir des années 90 le combat avait changé d'âme. Il devenait clair qu'il ne s'agissait plus de nuisances- dont on peut négocier l’affaiblissement ou l’éradication contre substituts ou subventions - mais du système qui les produisait et qui, lui, demeurait largement intouchable. Les flux « tendus » , la mondialisation-délocalisation, le développement exponiel des échanges d'un bout à l'autre de la planète sous couvert de rentabilité et de baisse des prix, génèraient une pollution atmosphérique, une surconsommation des énergies non-renouvelables, pendant industriel et productif aux flux tendus financiers à la recherche de profit maximum dans le temps le plus court, échappaient à tout controle, à toute possibilité de contre-pouvoirs citoyens dont les conférences internationales n'étaient que le cache-sexe.

L’ « arrivée » de la Chine, comme consommatrice, devant cette impossibilité d'accrocher le combat écologique à une réalité économique et sociale, allait alors faire éclater conceptions et certitudes. Il se faisait jour alors un sentiment d'urgence que soulignait le théorème selon lequel" Si la moitié du monde consommait la moitié de ce que consomme aujourd’hui un américain moyen la vie deviendrait impossible sur la planète terre. Non seulement pour des raisons énergétiques, comme on a trop tendance à le souligner, mais aussi et surtout pour des pénuries de bois, d’eau, de minerai..et de terres arables."

Le surenchérissement alimentaire, induit par une consommation généralisée encore à ses tout débuts, créaient ça et là des émeutes de la faim, le pétrole atteignit des sommets imprévus et inquiétants. Les éléments d'une crise sociétale, économique étaient là, le citoyen, le politique, absent.

C'est sur cette absence citoyenne que le combat écologique allait renaitre..

A partir du constat que les politiques lachés sans bride se révélaient aussi incapables qu' aveugles, autistes qu'égolâtres, qu'ils soient de droite et de gauche. Face à l'urgence la vieille rengaine anti-parlementariste reprenait du poil de la bête tant il était vrai que la droite productiviste, fétichiste de la croissance et que la gauche attachée à un partage plus équitable des richesses, et à la puissance de l'Etat etaient et l'un et l'autre incapables de répondre à la question angoissante de la finitude du monde ou pour le moins à la finitude rapide des modes de vie qui étaient devenus peu à peu les notres

Le problème de la croissance exponentielle mondiale posait la question de savoir ce que les citoyens pouvaient faire non seulement pour enrayer un système de production- consommation qui nous conduisait rapidement vers l’encombrement de déchets industriels ménagers et nucléaires et à moyen terme vers le néant mais aussi pour poser tout simplement la question, face à ce double autisme, en echo, tant de la droite que de la gauche.

Mais alors que la gauche et les verts avec eux s'enlisaient dans des combats d'arrière garde ( protection des espèces, ..) la droite réarmée par Sarkozy entrevoyait en dehors de l'avantage électoral combien le défi pouvait être relevé. La réponse et l'avenir était dans la science et dans l industrie, dans le progrès, dans la voiture propre, le solaire, l'éolien ainsi que dans les économies énergétiques dans l habitat. Le Grenelle de l'environnement réunit sur ces thèmes et les industriels et les écolos. L'écologie était soluble dans la droite et celle-ci dans l'écologie à la stupéfection d'une gauche tétanisée qui n'avait plus que des yeux pour pleurer et des mains jointes pour demander pardon.

NKM allait mettre avec Borloo brillamment ce mariage en musique.

En évitant de poser les véritables problèmes. En laissant le nucléaire de coté, rien de moins, alors que l EPR était décidé et que les centrales en exercice faisaient courir faute d'investissements et d 'entretien de réels dangers à la population. En ne s'attaquant pas à la croissance et en développant l' idéologie mortifère du toujours plus. En encourageant une idolatrie du progrés et de la science toujours capables de nous sortir de là. En ne parlant pas des déchets nucléaires, des déchats industriels, des déchets domestiques, des eaux polluéés, des terres stériles, de la privatisation du vivant, de de la raréfaction non seulement des énergies fossiles mais aussi de l'uranium , des minerais. En oubliant que le principe sauvegardé et sacralisé de la concurrence engendrait dans un monde humain trop humain des distorsions graves. En oubliant les contradictions d'un mode de production qui veut par exemple qu'en Bretagne pour payer deux euros de moins le kilog d'une viande sans saveur on dépense des millions d'euros pour dénitratiser les rivières, sans parler des amendes payées pour retard à Bruxelles, et des lisiers transportés jusqu'en Ile-de-France ou que le maïs, au Mexique, pour être deux pesos moins cher oblige quelques millions de paysans à quitter leur terre pour venir grossir les marges de villes monstrueuses où se développent tous les trafics, les pollutions , les dangers qu'il faut combattrre à coups de millions de pesos En oubliant que le combat écologique n'est pas un combat pour un changement de voiture ( des propres contre des sales) contre des gaspillages ( récupération des déchets) pour la préservation des espèces menacées et l'introduction d'ours dans les Pyrénées ni un combat d'une nouvelle lutte de classes entre producteurs ( voleurs) et consommateurs ( volés) mais une philosophie qui impose que l'on questionne le progrés, qu'on le destatufie, le socialise, qu'on interroge la croissance et nos modes de production, qui impose que l'on questionne la productivité que les coûts sociaux et environnementaux réduisent souvent à néant ( cf la formule "privatisation des profits, socialisation des coûts"). Philosophie qui impose que l'on questionne les pierres angulaires de l'idéologie droitière : le principe de concurrence, la pertinence du profit comme seul moteur industriel et humain, la croyance dans la science, l'incapacité à penser à moyen terme surtout dans le cadre d'une finitude des ressources,la croyance que les biens de quelques uns est un bien pour tous, sculptée par l'adage et la pratique qu'en ne taxant pas les riches on donne de l'emploi aux pauvres . Philosophie qui milite pour des contre-pouvoirs et des droits de contrôle citoyen ,pour un monde différent structuré par d'autres valeurs bref pour une vision de l Homme, une vision du monde qui n'appartient en rien, NKM m'en excuse, aux pratiques et à l'idéologie de la droite à laquelle elle appartient.

La seule alternative possible à la démagogie est la pédagogie.

C'est la raison pour laquelle il ne saurait y avoir d'écologie sans démocratie sans participation citoyenne.

C'est la raison pour laquelle le ni-ni est neu-neu. Parfaitement, complétement neu-neu.

Le ni à gauche ni à droite appartient à un monde qui n'existe plus, celui de la troisième voie, celle des non-alignés, qui voyait son avenir en dehors des affrontements USA/URSS..C'était le monde de Bandoeng, celui de Nehru et de Nasser qui envisageaient un développement autonome en dehors des ingérences et des soumissions. On sait qu'il a vécu pour n 'avoir su trouver un modèle économique qui soit à la hauteur de ses engagements politiques.

On sait qu'aujourd'hui il y a urgence. Que le modèle productiviste que l'on repeint en vert est un modèle fini, obsolette et dangereux. Que la droite verte est une illusion parfaitement bien vendue dans un monde où la manipulation est reine Que la gauche verte est nulle et non avenue, dépassée, perclue de rhumatismes et myope. Reste les balbutiements d'un nouveau mouvement écologiste qui n'appartient pas à l'échiquier politique mais qui joue des possibilités de la droite pour favoriser et la prise de conscience et d'indispensables économies comme il peut jouer de la gauche par la force de ses convictions sociales et sa vision plus large et lointaine du devenir.

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