Cela a commencé de façon ambiguë. Alors qu'il venait d 'annoncer l'entrée en lice de l'armée française pour Septembre au plus tôt notre Ministre des armées prenant tout le monde de cours lance nos troupes en fanfare, nombre, rapidité, efficacité, matériel au top, dés Janvier.
A sa décharge disons que les données avaient changé et que les rebelles tablant sur ce retard à l'allumage en réponse à leurs exactions avaient décidé de se lancer sur Bamako qui était effectivement prenable.
D'où la rapidité de la réponse française mais aussi un questionnement sur la fragilité d 'un État incapable de résister à une bande de malfrats que l'on estime à moins de 3000 et dont l'armement provenant des arsenaux libyens est, contrairement à ce qui se dit, léger ( beaucoup de fusils et de munitions, de mitraillettes de 12 et de 26.. c 'est tout et c 'est très peu face à une aviation, des chars, des missiles, des drones et des antennes de renseignements).
Ambiguïté renforcée dés le début par l'objectif :« contre le terrorisme ». Car les rebelles sont tous sauf des terroristes. Ils règnent sur un territoire, l'administre et n'ont pas recours aux techniques guerrières du terrorisme ( kamikazes, pose de bombes etc.. mais à des affrontements armés de type classique. Cela aurait permis, en qualifiant mieux les combats, de mieux faire comprendre ce que nous faisions là à savoir nous immiscer dans des combats et conflits internes où il était très difficile de mettre le doigt sans se brûler.
Car effectivement et rapidement la France découvrait après les experts qui n'avaient cessé d 'attirer l'attention des autorités qu'il y avait un problème qui n’était pas celui du terrorisme mais celui de l’État. C'est à dire qu'il y avait une mafia au pouvoir dont les rapports avec les narco-traficants étaient de notoriété publique, que ce pouvoir avait été cassé par un coup d 'État, celui de Sanogo en Mars qui apparut rapidement comme un Charlot n'aspirant lui et ses acolytes ivrognes comme ne désirant que prendre leur part du gâteau, qu’il avait une minorité ethnique, les touaregs, qui entendaient se désolidariser d'un pays qui les avait toujours trompé et massacré ( il créèrent le MNLA) mais qu'il y avait aussi des touaregs arabes qui se désolidarisaient du MNLA en créant le MNAA, et autour de cet irrédentisme touareg une nuée de pekins narco-traficants et mafieux manœuvrés par le pouvoir wahhabite qui les arrosait pour autant qu'ils appliquassent la charia. Tout le monde étant armé c'était une guéguère continuelle entre les wahhabites ( Ansar Dine, Mujuao, Harak horam..) et les touaregs, entre ceux là et l'armée malienne et celle ci ayant essuyé une déconfiture totale et sans combat une gué guère entre les bérets verts – de Sanogo- et les bérets rouges – des paras- entre la Police et l'armée, bref tout le monde cherchant à tirer la couverture à lui en tirant dans tous les coins !!!! Et c 'est pendant ce temps que l'armée tchadienne et l'armée française faisaient le boulot de repousser hors du territoire les mafieux attendant les appuis de l'armée malienne plus aptes à se montrer dans les bars de Bamako que sur la ligne de front et le soutien des armées des pays de la CEDEAO ( Confédération des États d 'Afrique de l'Ouest) qui avaient promis leur soutien dés le début du conflit mais tardaient faute de moyens à le mettre en œuvre.
La victoire étant acquise sinon la guerre gagnée il importe aujourd'hui de se retirer du Mali c 'est à dire de laisser le Mali grosso modo dans l'état où l'armée française l'avait trouvé.
Sanogo, le responsable du coup d 'État de Mars dernier, retiré dans un emploi fictif avec les honneurs et un salaire deux fois supérieur à celui du Président est toujours politiquement actif. Il emprisonne qui lui plaît quand cela lui plaît sans que les pouvoirs en place osent moufter ( cas d'un journaliste emprisonné). Le Président par intérim n'a que la légitimité, par intérim, que lui concède la CEDEAO. Ancien Président de l'Assemblée il a été de toutes les magouilles et de tous les détournements. Les hommes politiques qui déjà se préparent aux élections ont également perdu toute légitimité. Le MNLA qui a commencé les hostilités ouvrant la porte à l'Aqmi et autres groupes salafistes wahhabites bien qu'ayant renoncé à réclamer l'indépendance du Nord a à répondre de ses tueries ( Aguelhok) et surtout a accepter de déposer les armes. L'armée malienne qui n'existe que sur le papier et a toujours été un centre de rente pour les politiques qui cooptaient leurs proches aux postes de gradés – 60 généraux bien payés pour moins de 5000 hommes jamais payés et se payant sur la bête- est toujours incompétentes, mal organisée, et rejetée du public qui la subit.... Et dans ce décor il a été dit et redit par notre Président que les élections doivent avoir lieu ..en Juillet.
Alors qu'il n'y a aucun fichier électoral ( les sommes attribuées par l'Europe en 2010 pour sa réalisation ayant disparues), aucun État-civil digne de ce nom, que, au Nord, les groupes touaregs refusent de désarmer , qu'il y a plusieurs centaines de milliers de réfugiés à l'extérieur et autant à l'intérieur ( familles ayant fui Gao et Tombouctou pour se réfugier à Bamako ou au Sud)..
Nous savons déjà que les élections en Afrique sont des mascarades, que sur les deux dernières années il y eut 20 élections ; deux seulement n'ont pas donné suite à des violences, à des morts à des fraudes et des contestations. Que la tenue d 'élection dans des pays sans État-civil, sans infrastructures, sans administration est une farce, comment peut-on croire qu'en deux mois tous les problèmes de corruptions endémiques, de morale, de guerre et de désarmement vont soudain se trouver résolus pour qu'au Mali il y ait un gouvernement issu de la volonté populaire... alors que depuis les indépendances ce ne fut jamais le cas !!