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Billet de blog 24 novembre 2014

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Ouaga, un calme précaire

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Un calme précaire règne sur Ouaga, capitale de ce pays des Hommes Intègres qui, il y a peu, poussait vers la sortie un caïman qui depuis 27 ans exerçait une dictature molle et jouait sur la scène africaine internationale un rôle on ne peut plus ambigu. Dictature molle qui réprimait les étudiants de façon fort violente, et faisait disparaître sans autre forme de procès des opposants journalistes qui avaient le tort de l' affronter. Rôle ambigu car chacun sait que dans la guerre qui déchira la Côte d 'Ivoire, Campaoré était derrière Ouattara à qui il fournissait armes et logistique, lui apportant un soutien manifeste qu'il comptait bien négocier par la suite, ambigu encore en voulant se faire l'interlocuteur et l'intermédiaire obligé des relations entre les rebelles du Nord Mali - MNLA et Ansar Dine -et le gouvernement de Bamako.

Débarqué , obligé de fuir, la vacance du pouvoir fut vite assurée par un puis deux militaires qui, sous la pression internationale, firent diligence pour nommer un collège qui nomma à son tour  un Président par intérim. C'est un diplomate de 77 ans, Michel Kafando, qui le vendredi 21 novembre a été officiellement investi, juste trois semaines après la chute du tyran dont il s 'est plu, dans son discours d investiture, à conspuer le régime marqué par" l'injustice et la gabegie" .

Le Lieutenant-Colonel Isaac Zida qui avait assuré l'intérim est nommé Premier Ministre.

L'ordre règne à Bamako .
Mais aussi le sentiment d'avoir été joué et roulé dans la farine.

La commission mise en place par les militaires pour choisir le nouveau président par intérim était composée de militaires, de chefs religieux, de chefs traditionnels et de députés de l'ancien pouvoir -25 sur les 30-. Les partis d'opposition, responsables de la victoire, étaient ainsi mis devant un fait accompli et durent accepter pour éviter toute marginalisation dangereuse et explosive que l'on choisisse un diplomate de 77 ans alors que ce fut la jeunesse qui était à la manœuvre et en plus un diplomate, retraité, qui avait été un proche de l'ancien leader dont il avait été ministre. Il avait , certes, pris ses distances mais de loin et sans jamais intervenir sur la scène politique.

Mais chacun sait aussi que, homme de dossier et d 'ordre, Kafando ne fera pas le poids face à Zida et qu'en fait le pays sera demain sous la botte militaire d'un Zida qui aujourd'hui populaire risque fort demain de montrer ses muscles.
Le premier round se jouera dans les prochains jours et je crains fort que nous voyions les militaires dans le nouveau gouvernement qui va être nommé s' octroyer les ministères qui " rapportent " , les finances, les douanes et les mines. On fait un pari?

Enfin, deuxième round, le leader Sankara, assasssiné - beaucoup pensent par Campaoré- est resté une idôle de la jeunesse ouagalaise . Sa veuve appelle à la reprise du dossier et le Président s 'est déja avancé en lui donnant suite. Que diront les militaires? Va-t-on enfin pousuivre une enquête sur la mort de Sankara et sur celle de Zongo, journaliste?

Affaire à suivre. Je crains fort que les partis d'opposition, que la rue, et l'Université, fer de lance de la rfévvolution, n'entendent pas se laisser tondre la laine sur le dos.

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