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Billet de blog 26 juin 2010

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Thaïlande: état des lieux.

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Je reçois, ce jour, de Thaïlande, ce qui se veut et se dit comme une remontrance aux journalistes européens et français à propos des manifestations récentes à Bangkokh:

Les manifestations des Chemises rouges à Bangkok entre le 12 mars et le 19 mai dernier ont révélé des lacunes inquiétantes dans la qualité professionnelle des journalistes français, qui ont minimisé ou occulté la raison principale de ces manifestations : le retour d’un homme politique, qui a été jugé et condamné par la Cour Suprême de son pays, interdit de séjour en Angleterre et persona non grata dans la plupart des pays européens. Seul le Monténégro a accepté de lui délivrer un passeport, moyennant sans doute certains investissements en contrepartie de l’octroi de la citoyenneté. Il suffit de savoir que ce Thaksin Shinnawatra, ancien policier originaire de Chiangmaï, est un homme immensément riche, que sa fortune lui vient principalement de ses firmes de télécommunications (informatique, médias, satellite, etc.), que son bureau de relations publiques est en conséquence un des mieux équipés du monde en cerveaux et en matériel, que toutes les radios communautaires du royaume sont de même à sa solde, pour comprendre à la fin à quel point il a pu et su manipuler la presse internationale en sa faveur pendant ces manifestations : il les a lui-même animées par sa présence sur écran géant et ses discours incendiaires, allant jusqu’à cyniquement oser déclarer que « la Thaïlande ne connaîtra pas la paix tant que je n’aurai pas retrouvé le bonheur ! » - (textuellement selon les enregistrements saisis de ses discours) Son seul but : reprendre à n’importe quel prix le pouvoir dont il a été chassé par un coup d’état (septembre 2006) en raison de ses innombrables malversations effectuées à même les caisses de l’Etat, ou se servant de l’Etat comme levier de sa fortune personnelle. Il a été depuis condamné par la Cour Suprême de Thaïlande (section criminelle des personnes politiques[1]), une partie de sa fortune a été saisie (celle du moins qu’il a accumulée pendant ses cinq années de mandat comme Premier ministre) et un mandat d’arrêt international a été récemment lancé contre lui au titre de terroriste. Mais sa fortune lui permet d’échapper sans cesse, par soudoiement des lobbies de divers pays, y compris des Etats-Unis où il est associé à l’avocat Robert Amsterdam spécialisé dans les affaires criminelles douteuses[2]. Thaksin avait lui-même reçu aux Etats-Unis un doctorat en criminologie qui lui permit plus tard de mettre en œuvre toutes les astuces pour détourner la loi à son profit, ou pour seulement la contourner à mêmes fins. Il ne faut jamais oublier que dans une campagne prétendument anti-drogue, il a ordonné en tant que Premier ministre de tirer à vue sur les petits vendeurs (épargnant évidemment les gros), bafouant les droits de l’homme en faisant plus de 2 000 victimes - ce dont la communauté internationale avait à l’époque été scandalisée. L’a-t-on oublié ? C’est le même qui appelle aujourd’hui à mettre la ville de Bangkok à feu et à sang. Toute son action se fait évidemment au nom de la démocratie, mais nul plus que lui n’en a bafoué les instituions les plus sacrées, soudoyant les électeurs pauvres, puis ses propres députés et ceux des partis d’alliance, au point que la Cour constitutionnelle a dû dissoudre son parti Thai rak Thai pour fraudes électorales, mais ce parti renaît toujours de ses cendres sous d’autres noms toujours avec le même objectif tourné vers les intérêts personnels et ceux de sa famille (c’est son propre beau-frère qui était Premier ministre au moment de la seconde mise hors la loi du parti). En cinq ans de mandat il ne s’est que rarement présenté à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions de l’opposition.Est-ce là l’exemple d’un homme politique qui réclame la démocratie et l’Etat de droit ? Voilà pourquoi, tout commentaire qui fait abstraction de sa personne et du rôle qu’il a joué avant et pendant les événements doit être tenu pour fâcheusement lacunaire, voire non-venu. Il est temps, un mois après ces manifestations, que l’on comprenne qui en était l’unique responsable et promoteur. Il aura réussi, avec son état-major de relations publiques, à faire croire que ces manifestations étaient le fait des pauvres populations rurales.. Il y avait de tout parmi ces manifestants, souvent payés à mille bahts par jour, (un youtube a bien montré comment on recrutait), y compris les petites pègres de province célèbres pour arnaquer et endetter les paysans ; y compris aussi les ouvriers des usines des amis de Thaksin, débauchés pour la circonstance et formés de travailleurs birmans, qui ont laissé des graffiti en écriture birmane sur les Monuments de la Démocratie. Tous étaient manipulés par un état-major de meneurs, dont certains sont ses anciens députés ou organisateurs d’élections, de même que d’anciens trotskystes ou maoïstes notoires reconvertis dans le capitalisme mondialiste mais qui n’avaient pas oublié les méthodes de violence apprises dans les années70 et 80. Il y avait aussi des gens de bonne foi, cela ne saurait être nié. Mais que dire par exemple de cette prétendue guide touristique thaïe francophone, passée en boucle sur TV5 et toutes les télés du monde, qui avouait venir manifester pour remercier les petites gens d’avoir payé ses études avec leurs impôts, ignorant elle-même que les petites gens et les paysans n’ont pas à payer d’impôts en Thaïlande ? Et ainsi à l’avenant des mensonges et des atermoiements. Personne ne contestera que notre pays a besoin de sérieuses réformes. Mais quel pays n’en a pas besoin, y compris la France avec ses neufs millions de citoyens qui vivent en-dessous du seuil de la pauvreté ? Ces réformes ne doivent certainement pas aller dans le sens du capitalisme de Thaksin et de ses suppôts, grands industriels ou financiers véreux qui ont de leur côté contribué à subventionner les manifestations de plus d’un million quatre cents mille bahts par jour pour la nourriture, installations sanitaires et accommodations diverses. Les quelques concessions accordées par démagogie sous son règne aux populations pauvres, et dont on fait grand état chez les journalistes étrangers, ne sont encore rien en comparaison de ce qu’il faudrait faire. N’est-il pas curieux de constater que ces manifestations récentes ont commencé précisément au lendemain du jugement rendu contre Thaksin? Il n’a jamais daigné répondre aux accusations de ce jugement, et même mieux : il s’est contenté de quitter illégalement le pays malgré la caution qu’il avait dû verser. Il vagabonde aujourd’hui de pays en pays comme un gitan, mais bien nanti de sa trésorerie qui lui permet de tout faire. Y compris de s’adonner honteusement à du shopping de luxe sur les Champs-Elysées (comme l’ont montré certaines photos), pendant qu’il envoyait sur les barricades des milliers de manifestants pour préserver son opulence et manigancer sa vengeance. Devant ces turpitudes, nous trouvons que le Gouvernement actuel a été fort patient avant de devoir entrer en action même s’il avait d’abord proposé des négociations finalement refusées par les meneurs. La communauté internationale le félicite d’ailleurs pour cette patience et son doigté qui a réussi à préserver les Droits de l’homme. On n’a pas trop dit non plus que parmi les exigences des meneurs des manifestations (outre la dissolution de l’assemblée nationale et la convocation de nouvelles élections, acceptée d’abord par les manifestants puis rejetée par les meneurs), il y avait en tête de liste la suppression de l’actuelle Constitution de 2007 pour revenir à celle de 1997 qui aurait permis l’amnistie du criminel – preuve que tout de ces revendications était bel et bien concentré sur sa personne. Au total, les seuls dégâts causés au cours de ces manifestations l’ont été par les derniers résistants des Chemises rouges, les enragés et les irréductibles qui ont mis le feu aux édifices publics ou commerciaux (dont l’un d’eux abritait des caches d’armes que les meneurs ne désiraient pas laisser derrière eux). Cet ultime pillage privait ainsi des milliers de petites gens de leur travail et souvent de leur peu de biens : des convois de travailleurs et petits marchands venus de province travailler à Bangkok ont dû ainsi regagner leurs villages. Certains manifestants récalcitrants aux mots d’ordre des meneurs sont aujourd’hui portés disparus. Mais le grand responsable court encore… Faut-il en remercier la complicité des journalistes ?

[1] On peut consulter ce jugement aux adresses suivantes ; - www.supremecourt.or.th/file criminel/1-50judgement

-www.docstoc.com-www.siamintelligence.com/ thailand-after-thaksin-case

[2] William BARNES : « Thaksin hired Amsterdam & Peroff, a law firm that « offers legal counsel to companies and individuals facing critical challenge » in a bid to win international opinion over his version of recent events, including the notion he neither controlled nor bankrolled the UDD » Asia Times, 17/06/ 2110

me une remontrance"aux journalistes".

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