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Billet de blog 28 décembre 2012

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L'Afrique, pour un bilan de fin d 'année

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

23 janvier 2011 :Présidentielles en Centrafrique (  report du 16 mai 2010 ) François Bozizé élu au 1er tour  avec 66,08%. Fraudes et contestations ( http://www.rue89.com/2011/02/10/centrafrique-parodie-delections-dans-un-pays-fantome-189868

18 février 2011 : Présidentielle Ouganda (Yoweri Museveni 68,38 %, au pouvoir depuis 1986) Fraudes et contestations

31 janvier 2011 : présidentielle et législatives Niger  Mahamadou Issoufou  57,95 %

13 Mars 2011 (report) : Présidentielle au Bénin (Yayi Boni 53,14% au 1er tour  Fraudes et contestations

8 avril 2011 : présidentielle à Djibouti (M. Guelleh 79,26% )

9 avril 2011 : présidentielle au Nigéria (57% Goodluck Jonathan) Contestation

25 avril et 8 mai 2011 : Tchad :fraudes massives et boycott de l’opposition réelle à la dictature (Idriss Déby Itno 88,66 % des voix au premier tour)

20 septembre 2011 : élections législatives et présidentielle en Zambie (opposant historique Michael Sata 43% a gagné contre Rupiah Banda président sortant 36,1%)

9 octobre 2011 : Cameroun  (fraudes massives en amont et pendant : Biya élu Prrésidentyavec 77,9 % des voix

11 octobre (1er tour) et 8 novembre (2e tour) 2011 : élections législatives et présidentielle au Liberia (présidentielle Ellen Johnson Sirleaf obtient 90,8%, taux de participation 37,4%, boycott de l’opposition au 2nd tour)

24 novembre 2011 : présidentielle Gambie (72% Yahya Jammeh pour 4e mandat, au pouvoir depuis 1994 Une mascarade

28 novembre 2011 : présidentielle et législatives RDC (énormes fraudes, Joseph Kabila 48,95 % Etienne Tshisekedi 32 % + législatives : majorité présidentielle Kabila 341 sièges contre 119 pour partis opposition

26 février et 25 mars 2012 : présidentielle Sénégal (Macky Sall 65,80 % contre 34,2% pour Abdoulaye Wade)

29 mars 2012 : législatives Gambie (mascarade : APRC 43 députés sur 48)

1er juillet 2012 : législatives Sénégal (coalition Benno Bokk Yakaar autour de Macky Sall 119 sièges sur 150)

15 juillet et 5 août: législatives Congo-Brazza (mascarade, Parti congolais du travail (PCT) : 89 sur 136 + partis alliés 117/136)

31 août 2012: législatives Angola + présidentielle au suffrage indirect (report de 2010) : José Eduardo Dos Santos + Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) 175 sièges sur 220 (71,85% voix), Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) 32 (18.67%)

17 novembre 2012 : présidentielle et législatives Sierra Leone (présidentielle : Ernest Bai Koroma réélu 58% Julius Maada Bio (Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP)) 37,4% ; législatives : 67/124 All People’s Congress (APC), Sierra Leone People’s Party (SLPP) 42)

2 décembre 2012 (report 11.11.12 et mai 2012) : législatives Burkina Faso (Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) 70 sièges sur 127 , + ADF/RDA 18 (proche CDP), UPC 19, UNIR/PS(sankariste) 4)

7 décembre 2012 : 1er tour présidentielle Ghana (28.12 : 2nd tour Présidentielle) et législatives (présidentielles : John Dramani Mahama 50,70 %, contre 47,74

Les années 2011/2012 furent de façon évidente des années d'élections en Afrique. Et plus particulièrement en Afrique francophone où Niger, Guinée, Sénégal, Centrafrique, Congo, Cameroun , Tchad ..virent se développer l'espoir d'un renouvellement du personnel politique. Espoir souvent déçu et si comme nous l'écrivions ces années furent celles des CENI – instances indépendantes chargées du bon déroulement des scrutins, elles  ne furent jamais  à la hauteur des exigences, exigences morales et techniques, et, en aucun cas on ne peut parler d'élections « saines «  sauf peut -être ,et là est l'espoir, au Sénégal et au Niger .

Nous nous sommes longuement et ailleurs étendu  sur l'européo-centrisme qui lie élection et démocratie - http://blogs.mediapart.fr/blog/kakadoundiaye/110311/lafrique-et-les-elections-

alors que les élections ne correspondent à aucune tradition africaine, plus orale qu'écrite, et doivent surtout surmonter des obstacles logistiques énormes ( énormité des espaces, absence de liaisons, coûts des transports, illettrisme, langues plurielles, conception collective des droits et devoirs qui s'oppose à l'individualisation électorale, conception « clientéliste » par ailleurs etc..... ) sans parler des fraudes actives moyennant finances et de l'impossibilité d'établir des bases électorales ; l'état-civil n'existant souvent que de façon aléatoire et farfelu. Aussi les élections furent elles à l'image de l'Afrique avec d'un coté un énorme espoir et de l'autre une mascarade, une farce, où les plus puissants se reconduisent eux-mêmes quitte à changer la constitution ( Bénin, Togo, Niger, Guinée, Centrafrique etc..) par la fraude et la corruption.

Car et bien que chacun sache en Afrique qu'elles ne représentent qu'un théâtre d'ombres destiné à plaire à l'extérieur on se doit de constater qu'à chaque fois et dans tous les pays la volonté de changer les choses fut plus forte que le pessimisme et le découragement pour réalistes qu'ils soient. Au Sénégal la victoire de Sall tient pour beaucoup comme au Niger et même en Guinée au contrôle donné, depuis l'extérieur, sur les CENI locales. En Guinée se fut la francophonie qui chargea et supervisa le travail du Général Konaté, au Niger ce fut également un général, Djibo Saliou -dont on ne dira jamais assez combien il mérite notre respect dans la tradition des Rawlings ghanéen-qui mit tout le monde au travail et le pays en ordre avant que les élections soient effectives. Et depuis dans ces trois pays -et bien que le Président de Guinée, vieux lion opposant, tarde à déclarer ouverte et retarde les législatives – force est de constater que quelque chose est en train de changer. Au bénéfice de tous car les événements maliens eussent été d'une autre gravité si à l'Est du pays le Niger n'avait su à travers des élections honnêtes recréer un espace national où, par exemple, les touaregs ne soient pas exclu.

La violence des réactions post-électorales – où l'on a, à chaque fois, plusieurs morts à déplorer- le recours systématique à des tribunaux chargés d'enregistrer et d'instruire les plaintes, la faible crédibilité et fiabilité de ces tribunaux aux ordres des plus puissants montrent à l'évidence qu'un espoir à chaque fois renaît de ses cendres et dépasse largement le seul souci de voir son héros triompher et avec lui l’accès à de grasses prébendes .L'opposition à Wade fut une opposition frontale, de classe en quelque sorte. De même l'opposition à Tandja avant que Djibo Saliou fasse le ménage et l'envoie devant un tribunal due ment contrôlé pour crapuleries diverses et détournements. Nous ne sommes plus dans le cadre de conflits et d 'opposition dites «  ethniques » du Nord contre le sud, au Niger, des peuhl, malinké ou soussous en Guinée, baoulé en Cote d 'Ivoire, bakongo, baluba au Congo etc etc...quoique chaque leader draine avec lui ceux de son clan. Mais c 'est aussi que «  ceux de son clan » appartiennent pour beaucoup à des activités commerciales, agricoles, d'élevage nomade, ou urbaines qui ont des demandes particulières, spécifiques qu'on ne peut pas lire comme tribale mais comme liées à la sphère productive ou aux espoirs qu'elle suscite tant  l'informel est dominant. Le peuhl n' a pas la même revendication que le malinké non parce que l'un est peuhl et l'autre malinke mais parce que l'un est majoritairement éleveur et commerçant et l'autre agriculteur et fonctionnaire.

Le deuxième élément qui frappe quand on essaie de jeter un regard général sur cette année est le retour des « dévissages « que l'on croyait terminés. Le Mali, la RCA et la République du Congo  constituent des états où les conflits se règlent par les armes et où l'intégrité du territoire est menacé, des états dépecés, assièges de l'extérieur comme en RdC ou de l'intérieur comme au Mali et en Centrafrique quoique l'effondrement national soit de nature différente. Une opposition qui prend les armes en  RCA, une opposition qui réclame une partie du territoire et demande l'indépendance, le divorce,  au Mali où des éléments extérieurs, internationalistes et religieux viennent et profitent de l'occasion pour se livrer dans des espaces libérés à toute sorte de trafic et d'affirmation sans pour autant manier un discours politique et viser la prise du pouvoir. Dévissages sérieux et profonds alors que la cohésion nationale ne tient souvent que par la force répressive dans les autres pays de la région, au Gabon au Togo, en Gambie  et au Tchad en particulier, et alors qu'en Cote d 'Ivoire l’agression des rebelles venus du Nord et leur victoire obtenue avec l'aide de la France et de l'ONU continue  à susciter des réactions de rejet et où il n'est pas faux d'avancer qu'un feu souterrain de contestation est en train de se développer, bref 3 pays sont en guerre,5 ne vivent que dans le cadre d'une répression ardente , il est difficile de dire que l'Afrique se porte bien comme on veut nous le faire croire !!!!

2012 sera-t-il enfin aussi la fin de la françafrique comme cela a été dit et répété lors du refus de Hollande de voler au secours de Bozizé en RCA ?

Nous ne dirons jamais assez que la françafrique est décédée en tant que telle. Non pas la domination et l'exploitation de la France sur ces ex colonies mais cette forme particulière d'exploitation qu'était la françafrique qui n'avait de sens que dans la mesure où l’État avait encore des pouvoirs et des politiques qu'il n'a plus et ne peut plus avoir . Le refus de Hollande d'intervenir en Centrafrique ne signifie nullement que la France renonce à ses prérogatives mais que l’État français n'a plus les moyens d'une politique défendant les intérêts français.

Car soyons clairs il ne s 'agissait pas de défendre l'indéfendable Bozize mais bien de défendre les populations oubanguiennes des incursions répétées des fous du Dieu chrétien congolais, les errances des rebelles de sekela, des prétendues défenses de la légalité qui tchadiennes prennent la forme du vandalisme du pillage et du viol  ( à Sibut entre autre) bref de mettre en place les bases d'un gouvernement du peuple par le peuple qui n'aurait coûter à la  France qu'une image de policier international dont elle n'a rien à craindre, peu d 'argent et lui aurait gagné la sympathie des oppositions . Faute de quoi le mollisme hollandien, molettisme du nouveau siècle ne fera que conforter les nouveaux rapaces de l'Afrique, les Grandes Compagnies Internationales dans leur dépeçage systématique .

Que les africains règlent leurs problèmes internes entre eux et remettons à Bongo, Nguessou et Obiang, grosses nuques parmi les grosses nuques, prédateurs parmi les prédateurs, dictateurs parmi les  dictateurs le soin de revêtir leur tablier de cuir, de s 'encenser en buvant du champagne, en faisant reluire leurs décorations et autres brimborions et décider de ce qui est le plus démocratique et le mieux pour le peuple centrafricain. L'avenir servi sur plateau par les Compagnies Internationales est à eux, nul besoin de  rétribuer en retro-commission les services français ( via Bourgui descendu en flammes par sa mauvaise conscience (?) ni de supporter les remontrances quelque fois aigres de représentants français craignant pour leur image de marque, aujourd'hui les renards sont maîtres de leur poulailler, ils pourront saigner la volaille populaire à plaisir.

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