Ce Dimanche 28 Juillet que chacun redoutait et attendait avec ferveur et crainte est enfin arrivé ! Comme le public français qui n'en finit pas de croire aux chants des sirènes et qui vota pour la gauche en 56, 81 et en 1998, pour, à chaque fois, être cruellement déçu, mais revota pour les mêmes guignols en 2012, plein d'espoir, le peuple malien qui ne croit pas plus aux élections que ma guenon ne croit aux vertus de la prière, s'est précipité ivre de rêve et d'illusions vers les bureaux de vote, atteignant une participation que certain, en l'absence de chiffres officiels, font voisiner avec les 50% - ce qui est le double des votes précédents- et dans la foulée semblait avoir choisi et plébiscite IBK.
Certes il était favori mais qui aurait dit il y a 15 jours que non seulement les élections se passeraient sans incidents majeurs – quoique des dizaines de milliers de personnes n'aient pu voter en raison non d'incidents mais d 'une mauvais et trop rapide organisation : pas de cartes, de bureaux, de liste etc..-mais que IBK pourrait passer au Premier tour ?
IBK appartient au sérail. C'est un des prototypes de la « nuque épaisse » . Études supérieures en France puis retour au pays où il se met au service d'un homme, l'ancien Président Konaré dont il devint chef de campagne en 1992 puis Ministre des Affaires étrangères puis Premier Ministre en 94 jusqu'en 2000. Vice-président d'un parti au pouvoir l'Adema, il le quitte alors pour fonder son propre parti sous l'étiquette « pas deux crocodiles dans le même marigot », l'autre « crocodile » étant Soumaïla Cissé, plus jeune, qui, toujours dans l'équipe de Konaré fut Ministre des Finances -93/94 .
Homme d 'appareil, aux titres multiples, comme Cissé, ils ont ceci de commun qu'ils furent hostiles à ATT que soutenait un autre candidat Maïga. Faut-il voir l'espoir d'un retour en arrière, un retour vers un Konaré dont la politique était si semblable à celle de ATT mais qui n'eut pas à accepter comme ce dernier que son pays devienne le territoire de tous les trafics d'armes et d'hommes au nom d ' Allah mais surtout au nom des appétits de tout un tas de prédateurs qui lui étaient proches ? .
Dans l'attente des résultats nous devons cependant saluer le sursaut volontaire d'un peuple qui entend tourner la page mais qui risque fort de rapidement déchanter car rien n' a été dit de Sanogo, ( exil, procès, reconduction dans sa réserve luxueuse d'animal dangereux?)rien n'a été dit de Kidal et des revendications touaregs, rien n'a été dit surtout des obligations patronales vis à vis des travailleurs et de l'environnement – cas de l'or du Sud- de la gouvernance de l'armée etc.. bref sans des décisions rapides et opportunes, difficiles à négocier, l'espoir d'aujourd'hui risque fort, comme en France, de faire place à une désillusion aigre assortie, à Bamako, de menaces de famine.