Comme ça. Sans d 'autres raisons que celles du coeur, parce que j'étouffe, parce que je me débats dans une nuée d'idées cauchemar, parce que la vérité n'en finit pas de jouer les ressacs et les ressassements et que l'insurrection qui vient me semble de plus en plus un contre-sens douloureux.
Parce qu'il faut dire aussi que cette insurrection "ne vient pas" mais elle est là, bien là et qu'il faut être aveugle pour ne pas la voir.
Parce qu'une insurrection n'est jamais là où on l'attend. N'emprunte jamais les robes et les atours, les déguisements, des insurrections précédentes. Que l'on n'utilisera plus ni les guillotines ni les goulags ni les tribunes où flambent les paroles, les héros mourant sur les barricades, au champ d 'honneur, ou que sais-je. L'insurrection est pourtant là. Là où personne ne l'attend. Là où personne ne la voit.
Et tous de s 'étonner que la grande crise que nous subissons n'ait mis le prolétariat dans les rues et la protestation véhémente à la Une de nos journaux et de nos préoccupations.
Et pourtant elle est là, l'insurrection. Avec son odeur de merde et de sang.
Là, avec son armée de quelques millions de fantassins et qui ,chaque jour, compte de nouveaux couteaux .
San Paolo, 30 millions d'habitants. Et combien de hors-la-loi?
Mexico 26 millions. Même question.
Et les autres capitales? Lagos par exemple plus de 10 millions dont la quasi moitié quasi de la population est hors la Loi, hors contrôle.
Et dans nos métropoles et dans ce quartier chic de notre monde qu'est l'Europe, la France. On parle ici de 100 zones de non-droit.
Faisons le total : des millions, des dizaines, des centaines de millions d'individus qui partout dans le monde n'ont pas de nom, d'adresse,d'emploi, de revenu, de considération, d'état-civil, rien de tout ce qui fait l'identité, de toute ce qui fait notre monde. Rien.
Mais de plus en plus ont des armes et des armes de plus en plus modernes et efficaces. Comme au Mexique, contre toute attente un des points les plus brûlants du monde ; on y tue, chaque jour, plus qu'en Afghanistan.Des centaines de milliers de citoyens, dont les parents sont venus il y a guère plus de 20 ans de campagnes ravagées par la concurrence américaine et qui ont, peu à peu, intégré des bandes, de plus en plus de bandes, de plus en plus fortes, nombreuses, aguerries, expérimentées, armées, qui de plus en plus s'attaquent aux dites forces de l'Ordre, d'un Ordre qui devient de moins en moins ordonné jusqu'à ne plus être qu'un vaste chaos où plus personne ne reconnaît plus personne, où les généraux sont des narco notoires, la Justice et son Ministère aux mains des trafiquants, des magouilleurs, des corrupteurs. Au Mexique, mais que dire de la Colombie où le pouvoir appartient à des bandes de militaires qui n'obéissent qu'à eux-mêmes et à qui les paie?
Ailleurs, en Afrique, sous d 'autres formes c 'est encore la même chose. Depuis plus de 10 ans une des régions les plus riches du monde, le Kivu, est le territoire où s 'exercent les talents d'un fou furieux, élu de Dieu, à la tête d'une armée de plus de cinq mille hommes auxquels aucune force, onu, congolaise, rwandaise, ougandaise ne resiste, et où chaque armée s'estimant en territoire conquis vole à son tour, viole à qui mieux mieux, fait règner, onu comprise, la terreur . Au Darfour d 'autres vengeurs sèment la même terreur-Génocide dit-on . Bechir pointé du doigt par la Communauté internationale est reçu en ami et en triomphateur par tous les gouvernements africains. Les lybiens chez eux retiennent en otage qui ils veulent et dans leurs prisons massacrent et torturent et assoiffent et affament tous les travailleurs immigrés qui s'y trouvent . Au Nigéria des armées de libération de la boucle du Niger possèdent lanchas rapides et armes lourdes et font de cet endroit la plus importante marée noire du monde qui fait du Golfe du Mexique un simple pet nauséabond dans un océan de merde. Dans le désert les armées touaregs sont armées et entendent se faire payer le soutien qu'elles apportent à la paix , par Areva, francaise interposée. En Afrique du Sud il y a plus de 15 meurtres par balles par jour et les riches vivent en prisons dorés.
Que dire des troubles de Bangkokh avivé par un mafieu condamné, que dire des combats à la frontière malaise?
Et Israël et l'Irack et l'Afghanistan? La Bande de Gaza, les kurdes turcs......
Partout dans le monde des hommes en armes ont pris la parole
Pour une survie que nous leur mégotions.
C'est le nouveau lumpen.
Il ne fait pas la révolution pour des idées - liberté, égalité, fraternité-mais pour survivre et accéder aux orgasmes de la consommation, porter des roleix et avoir des ipod.
C'est la guerre mondiale et aucune armée aucune force de l'ordre aucune Police n'en viendra à bout ..Au contraire, aux défaites succèdent les défaites. Ce n'est pas l''insurrection qui vient, c 'est l'insurrection qui gagne. C'est dans la moindre des villes françaises cinq, dix voitures brûlés chaque semaine - mais dont la Presse ne parle jamais- C'est le Président de la République lui même à qui on dise « casse-toi pauv'con, t 'es pas chez toi ici » et qui effectivement se sauve comme un petit lapin dans un éclat de rire général à s'en pisser dessus. C'est, partout en Europe, un armement de guerre qui se met en place. C'est l'insurrection des voyous à l'échelle du monde.
Mais on nomme voyous ceux que l'on veut abattre . Les états-voyous, les patrons- voyous. Comme si ces états, ces patrons avaient fait autre chose que ce que font tous les autres. La Libye état voyou? Certes. Mais Israël n'est pas un état voyou peut-être ? Et les USA de Guantanamo? Et l'Italie de Berlusconi qui autorise sa mafia à déverser des milliers de tonnes de déchets dangereux dans la Méditerranée?
Cette montée de violences partout dans le monde , violence d'Etat comme en Chine, violence de malfrats déguisés ou non en sauveurs du monde, violence de voyous, participe de l'insurrection, du NON gigantesque gueulé à la face d'un monde qui n'y croit pas qui entend encore dormir tranquillement dans le cocon de ses habitudes.
Et pourtant
Partout en Amérique Latine- sauf au Mexique et en Colombie encore sous influence américaine- le cauchemar appartient au passé.
Cauchemar des généraux installés et soutenus par l'Amérique, Pinochet, Videla, et qui mirent leur pays et à feu et à sang, plus de 150.000 assassinés alors que l'Europe bien pensante, l'élite française sortie toute armée des meilleures écoles de la République s'enflammait contre Cuba où il n'y eut jamais un seul assassinat politique, pas UN.
Cauchemar des classes possédantes qui ne rêvaient que de posséder plus encore et de défendre toutes griffes dehors leurs privilèges exhorbitants
Cauchemar des prisons pleines et des mers de misères où la vie se perdait
Alors qu'aujourd'hui, en Argentine, au Brésil au Vénézuela, en Bolivie, au Chili, au Paraguay...l'espoir renait , que le cauchemar est derrière soi, que la misère recule comme une armée en déroute, que l'éducation progresse et avec elle l'espoir d'en finir enfin avec la faim et le knout.
Pourtant,
dans ce monde où l'insurrection se développe avec le desespoir il y a des territoires d 'espérance, des territoires où l'espoir et le rêve renaissent et se redressent.
Par ce qu'ils ont su dans un premier temps se délivrer des contraintes imposées de l'extérieur que ce soit par le biais des religions, des entreprises ou des états.
Parce qu'ils ont su ensuite faire de l'éradiction de la misère une priorité absolue
avec son corollaire la fin des corruptions.
Parce qu'ils ont su armer une autre guerre, lever une autre insurrection, celle contre les injustices.
Et c 'est bien là qu'est le combat.
Car l'insurrection est là, mondiale, violente
Elle n'oppose pas des Etats, des religions, des systèmes politiques
Elle oppose toujours les riches et les possédants - lutte de classe- contre les pauvres et les spolliés.
Soit au bénéfice de tous, soit au bénéfice des mafieux, de malfrats déguisés en croyants, de voyous peints en héritiers des grands principes, des salauds de toute espèce,
Choisis ton camp camarade. Tu ne peux rester au milieu du gué. Lé désobéissance civile sera bientôt armée, contre toi si tu n'y prend pas garde.