Lettre à Monsieur Grosvalet le Président du Conseil Général siégeant à Nantes, Loire Inférieure. ( c 'est à dire le cours inférieur du fleuve).
Vous avez commis, Monsieur le Président, dans Médiapart, récemment, une philippique qui entendait défendre l'Ayraultport de Notre Dame des Landes ( NDDL). C'est, bien sur, votre droit et l'honneur de Médiapart de vous donner la parole même si la plupart de ses collaborateurs et abonnés abondent dans l'autre sens . D’autant que votre argumentation est passionnante et révèle et dévoile ce que j'appellerais votre « vision du monde « .
Une vision qui fait de la légitimité une pierre dure au delà de laquelle il n'est pas possible d 'aller, sans penser un instant que toute Loi, que l'on se doit de respecter, bien évidemment, dans le vivre ensemble, n'est que l'expression d'un rapport de forces entre les différentes composantes de la société et que ce rapport de forces évolue en fonction des événements tant économiques que politiques et sociétaux. C'est bien la raison pour laquelle nous élisons des députés dont la mission est bien de détricoter les lois et d 'en créer de nouvelles plus adaptées aux rapports de forces mais aussi aux sentiments, connaissances, inquiétudes, peurs, rêves et désirs des citoyens qu'ils représentent.
Or, depuis 20 ans que le projet passe entre tous les mains, il s 'en est passé des choses !! de ces choses qui changent et bouleversent notre façon de voir...et partant nos désirs.
Nous avons, par exemple, appris que la planète était en danger !! » la maison brûle » criait Chirac et depuis..qu'a t on fait sinon la regarder brûler. Alors que depuis des forums se sont tenus et que la communauté scientifique a parlé et parlé clair : la maison brûle et le niveau des mers montent !!!
Nous avons, par exemple, appris après Fukushima que le nucléaire était vraiment dangereux. Je dis appris car, bien que nous le sachions, nous ne le comprenions pas dans notre chair. Malgré Tchernobyl et les dizaines d'enfants corses contaminés et dont on parle si peu !!
Nous avons appris, par exemple, qu'il pouvait y avoir des émeutes de la faim ; La sécurité alimentaire est devenu un sujet international et brûlant.
Nous avons appris, par exemple, que la planète financière avait beaucoup de pouvoirs, celui de nous étrangler mais aussi de nous plonger dans une récession dont on ne voit pas la fin – subprimes-
Nous avons appris, par exemple, que le temps des énergies fossiles était résolu et qu' au rythme où nous les consommons c 'est une vingtaine d 'années qu'il nous reste avant que le pétrole ne soit tari.. que l’uranium aussi ne soit tari.. que le gaz lui même, à l'horizon de 50 ans soit tari. Tari, tari..
Nous avons appris, par exemple, qu'il fallait penser en terme de prolongement de la vie en bonne santé plutôt qu'en age moyen à la mort ( ce qui signifie que l'Allemagne regresse fortement ainsi que l'Italie et que la France n'augmente son age moyen dans les 15 dernières années que faiblement)
Bref nous avons appris que la planète est limitée et qu'il faut gérer internationalement nos dépenses, nos vie et aussi que le progrès ne peut être celui du toujours plus mais au contraire du toujours mieux, bref ,qu'un nouvel avenir s 'est écrit , demande et doit s 'écrire, rendant l'ancien caduc et obsolette car nous vivons le temps des découvertes- il y eut plus d'inventions dans les 30 dernières années que depuis le début du monde -et que le temps nécessaire pour qu'une découverte ne s'inscrive dans la vie de chacun et de tous les jours a été divisé par dix.
Or NDDL se situe bien dans ce cadre là, d'un défi ancien et d'une vision ancienne ; un dinosaure sortant des brumes de notre ignorance d 'alors.
C'est la raison pour laquelle nous demandons à travers NDDL que soit défini un nouveau défi, une nouvelle façon d 'envisager l'avenir. Il ne s 'agit pas de tritons et de marmottes mais de l'avenir des hommes. Ceux du terroir certes et d 'abord mais ceux des territoires voisins ou lointains qui pensent que l'Homme a plus besoin de terres agricoles pour maraîchage et alimenter en légumes et fruits des villes comme Rennes, Nantes et même Angers dans le cadre d 'une agriculture de proximité dont nous avons bien besoin, que d 'aéroports.
Ceux qui pensent que la priorité ne doit plus être aux équipements lourds – centralisation , concentration- mais aux équipements multiples et légers, décentralisés, déconcentrés. Ceux qui pensent que les économies d'échelle jamais nous permettront de franchir les remparts du chômage et de la rélégation.
Ceux qui croient en l'Homme et tirent la sonnette d 'alarme car il est déjà peut-être trop tard !! Il ne s 'agit pas d'emplois.. mais du sens à donner aux emplois.
Quant à l'affirmation selon laquelle José Bové et Eva Joly sont venus là, à NDDL, pour peaufiner leur image de marque et caresser l'animal dans le sens de leurs intérêts et glorioles , je vous fait remarquer qu'ils n'ont pas besoin alors que les forums internationaux prestigieux les réclament à cor et cris de Nantes et de sa région pour que l'on remarque, note et admire, à l'une comme à l'autre, leur dévouement, leur intelligence, et leur courage, valeurs qui semblent , Monsieur le Président de la Loire Inférieure, vous êtes bien étrangères.
Car comment qualifier votre conclusion : "Une crise économique et sociale sans précédent, un territoire qui a besoin de se développer pour préserver l’emploi et les conditions de vie des habitants, des élus locaux qui se refusent à voir les forces vives et les jeunes quitter le territoire faute d'emplois et de perspectives d'avenir."?
Comment peut-on sans barguigner lier emploi et béton? Comment peut on faire un tel chantage non seulement à l'emploi mais à celui des jeunes ces " forces vives ", manier avec un telle lourdeur et une telle cécité des concepts aussi chargés de sens et de sang que justement ceux de travail, d'emploi, de jeunes et d'avenir... jeunes auxquels vous dessinez des tours en béton, des salaires de misère, des solitudes honteuses, des retraites minables pour soigner leurs handicaps multiples ?
j'ai honte pour vous, Monsieur le Président Grosvalet....petit porte-coton d'une bureaucratie imbécile et désuète dont nous ne voulons plus