Afin de ne pas reproduire aux présidentielles de 2012 les mêmes erreurs qu’en 2002 et 2007
« Il fallait un calculateur, ce fut undanseur qui l’obtint » (BEAUMARCHAIS)
Dans une République qui se respecte, le pouvoir exécutif est confié,par définition, à des « exécutants », employés par le peuplesouverain pour gérer au mieux les affaires publiques, rémunérés en conséquenceà un salaire convenable, environ dix ou vingt fois plus qu’une caissière desuper marché. Le moins qu’on puisseexiger d’eux, pour ce prix, est qu’ils se montrent capables de répondre auxattentes des électeurs.
D’où viennent-ils et comment sont-ils choisis ?
Aux termes de la Constitution de la Vème République le PouvoirExécutif est assuré sous la direction du Président de la République élu ausuffrage universel.
Le Président nomme un Premier Ministre.
Sur proposition du Premier Ministre il nomme les autres membres duGouvernement.
Le Gouvernement aujourd’hui en place compte 22 Ministres et 8secrétaires d’Etat.
Le pouvoir exécutif se trouve donc, au total, entre les mains de 32personnes dont une seule était à peu près connue le jour de l’électionprésidentielle en 2007 : celui qui deviendrait le Président. Pour lereste, à ce moment là, les électeurs ne savaient rien des futurs membres duGouvernement.
On aimerait bien savoir, maintenant, comment les ministres en questionont été recrutés par le Président. Suivant quels critères ? quels certificats ? quelles références ?Sur la base de quelles recommandations ? Sur la production de quels C.V. ?
Dans les agences d’intérim ou les bureaux de Pôle-Emploi, quand onrecherche un peintre, on demande qu’il sache peindre ; pour un menuisierqu’il sache raboter dans le fil du bois.
En règle générale on a tendance à préférer des ouvriers connaissantbien leur métier.
Rien de pareil dans la composition d’un Gouvernement. Pour choisirun ministre il semble qu’on se montre beaucoup moins pointilleux que dansl’industrie ou l’artisanat.
Le métier de ministre est le seul qui n’exige aucune compétenceparticulière ; mise à part une parfaite maîtrise de la langue de bois. Ala rigueur un rien de souplesse dorsale.
De sorte qu’au hasard des remaniements ministériels, tel aujourd’huien poste à la santé, peut fort bien se trouver demain versé à l’industrie, unautre jour à la justice ; pourquoi pas au commerce ou aux affaires étrangères ?
Dans les agences d’intérim on recherche parfois des « michelmorin ».
Les « michel morin » sont des touche à tout, de bonsbricoleurs, des hommes à tout faire :
couper du bois, cuisiner, jardiner, tricoter, réparer de vieux trucshors d’usage.
A une ou deux exceptions près, les ministres de ce Gouvernement sont,en quelque sorte, des « michel morin » de la politique
A l’avenir, on devrait pouvoir arranger les choses.
Au préalable, en prévision de l’élection présidentielle de 2012, ilserait bon de tirer les enseignements d’un certain 21 avril 2002.
En 2002, le Président sortant, afin de consolider sa position, fondeun nouveau parti : l’UMP (Union pour une Majorité Présidentielle) nomméplus tard, au prix d’un certain pléonasme, « Union pour un MouvementPopulaire » ; surtout pour essayer de dissimuler que l’ancien partigaulliste RPR tournait ainsi le dos à l’idée cent fois répétée par le généralde Gaulle suivant laquelle le Président ne doit dépendre d’aucun parti, que safonction l’oblige, en tant qu’élu du peuple, toutes opinions confondues, à se tenir« en dehors des partis », « au dessus des partis».
Pour plus de précision, il n’est pas inutile, à ce sujet, derappeler les propos tenus par le général de Gaulle, lors d’une conférence de presse,le 19 septembre 1962 : « … pourque le Président de la République puisse porter et exercer effectivement unecharge pareille, il lui faut la confiance explicite de la nation. Permettez-moide dire qu’en reprenant la tête de l’Etat, en 1958, je pensais que pourmoi-même et à cet égard, les évènements de l’Histoire avaient déjà fait lenécessaire. (…)
La question serait trèsdifférente pour ceux, qui n’ayant pas nécessairement reçu des évènements lamême marque nationale, viendront après moi, tour à tour, prendre le poste quej’occupe à présent. Ceux là, (…) il faudra qu’ils en reçoivent directement mission de l’ensemble des citoyens. »
A défaut de représenter un label de « marque nationale »,comment depuis 2002, les candidats présidents de l’entreprise UMP, ont-ilstourné la difficulté ? Par de la réclame, du battage à tout va, en faisantdu vent. Il est clair, en effet, que la manière de conduire une campagneélectorale s’inspire aujourd’hui, plus qu’un peu, des méthodes employées parles « forces de vente » dans le domaine commercial, tendant à présenter le candidat-président commeun produit d’appel en tête de gondole dans les super-marchés. Où des agences depublicité sont prêtes à vous vendre du Président ni plus ni moins que de lalessive qui lave plus blanc, des vacances au soleil à crédit sur 20 ans ou desfromages à 0%. En soignant la couleur et la forme de l’emballage, faute d’êtreen mesure de dire ce qu’il renferme.
De quoi s’agit-il lors d’une élection présidentielle ausuffrage universel ?
La décision prise en juillet 2000 de réduire à cinq ans la durée dumandat présidentiel a provoqué, dès 2002 l’alignement du législatif surl’exécutif. Non seulement dans le temps mais en plaçant pratiquement lelégislatif sous la dépendance de l’exécutif. Alors que par définitionl’exécutif devrait être là, comme son nom l’indique, pour exécuter, mettre enapplication les lois votées par le Parlement.
Notre pays est aujourd’hui un quartier du monde comme unautre, qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était en 1958, à la naissance dela Vème République
- alors que la France régnait encore sur un immenseempire colonial (dont un tiers de l’Afrique),
- alors que les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais oules sidérurgistes de la région lorraine pouvaient manifester pour réclamer une améliorationde leur sort, parce qu’ils avaient encore la chance d’avoir du travail,
- alors que la banlieue parisienne se couvrait debidonvilles où s’entassaient des travailleurs étrangers venus d’un peu partoutparticiper à la construction de ces « villes nouvelles » quiserviraient cinquante ans plus tard à loger leurs enfants et leurs petitsenfants.
C’était l’époque des « trente glorieuses ». Les temps ontchangé. Mais la Constitution de la Vème République a bien résisté. L’expériencea montré qu’elle pouvait se lire dans tous les sens, de gauche à droite aussibien que de droite à gauche. Jusqu’à ce fameux 21 avril 2002 où elle est soudaindevenue illisible. Et risque de l’être encore en 2012 d’après ce que laissentprévoir les sondages. A tel point que certains rêvent depuis longtemps demettre en place une VIème République.
Il est trop tard, d’ici 2012, pour opérer un changement deConstitution, il nous faut faire avec ce que nous avons sous la main. En essayant,pratiquement, de redonner un sens à l’élection présidentielle.
Comment faire ?
Au lieu de ces parties de poker menteur que sont devenues lescampagnes électorales nous pouvons par la voie d’un référendum populaire exigerque les candidats annoncent clairement la couleur, cartes sur table, enaffichant la composition du Gouvernement qu’ils ont l’intention de former.
A cet effet on pourrait s’inspirer d’une procédure informatique miseen place par les services de l’Education Nationale sous le nom de« fichier Base/Elèves premier degré».
Un tel fichier est en principe un outil de travail permettant d’assurerla gestion administrative et pédagogique des élèves de la maternelle au C.M.2 dansles écoles publiques et privées.
A la rigueur, d’un point de vue strictement comptable, ce genre defichier pouvait être utile pour opérer une juste répartition des effectifs. Mais il outrepassait lesbornes dès l’instant où s’y entassaienttoutes sortes d’informations qui n’avaient rien à voir avec le problème : surla nationalité et l’origine des élèves et de leurs responsables légaux, sur laprofession des parents, etc…On pouvait craindre des arrière pensées, que cefichier soit détourné de son usage premier, pour servir au contrôle des fluxmigratoires ou permettre de supprimer les allocations familiales de certainesfamilles si leurs enfants désertaient trop souvent l’école.
Cette crainte était justifiée par le manque d’étanchéité qu’il pouvait y avoirentre les fichiers de l’EducationNationale et ceux de l’Intérieur, donc au sein même de l’exécutif.
En conclusion :si le Gouvernement est capable de s’immiscerainsi dans la vie privée des gens, pourquoi ne pas lui retourner le compliment,dans une sorte de réponse du berger à bergère en proposant de mettre enplace un fichier BASE/PRESIDENTS en vuede l’élection présidentielle de 2012 ?
Chaque candidat/président serait tenu de fournir la liste complète desmembres de son prochain Gouvernement, et pour chaque membre d’établir une fichede renseignements attestant qu’il est mieux placé que personne pour occuper laplace, eu égard à ses compétences. Pour plus de sécurité, on préciserait quechacun des futurs ministres auraient à se faire assister par trois conseillersqui devraient eux-mêmes établir une fiche les concernant.
A raison de 22 ministres et de 3 conseillers par ministre, chaquecandidat/président
devrait donc aligner à l’appui de sa candidature un dossierjustificatif composé au total de 89fiches.
A supposer que 10 candidats se présentent en 2012, les électeurs disposeraientainsi d’un catalogue complet de propositions à partir d’un fichierBASE/PRESIDENTS composé de 890 fiches permettant à chacun de choisir en touteconnaissance de cause. Au besoin à l’aide d’un logiciel informatique leur offrantla possibilité, sur chaque sujet, de croiser les informations, de comparervraiment les compétences des uns et des autres.
Vous pouvez adresser vos suggestions sur : message @karim-sans-papiers.com