L’esclandre s’est déroulée au moment où des militantes du Collectif féministe contre le viol et de la Fondation des femmes expliquaient au micro la raison d’exister de la mobilisation nationale du 14 septembre à 14 heures et de sa déclinaison à la Fête de l’Humanité 2024. Le leitmotiv était clair : dans un pays où seulement 1% des violeurs sont condamnés, la honte doit changer de camp. C’est alors que des hommes ont tenté de réduire ces féministes au silence, les invectivant sans détour. « Allez faire ça ailleurs », « on s’en fout de votre truc », « tout le monde s’en branle, taisez-vous »... Ces messieurs étaient chafouins de ne pas entendre les discours des chefs de partis du NFP, qui avaient lieu au même moment. Ces discours étaient pourtant relayés à pléthore d’endroits et seul l’un d’entre eux avait été pour quelques minutes mis à disposition du rassemblement féministe.
Quelle violence pour les femmes, les minorités de genre ainsi que pour les (quelques) hommes venus se serrer les coudes contre l’injustice des violences patriarcales ! Quelle violence pour les militantes rassemblées ayant déjà été victime de viol et qui ne savent que trop que leur parole n’est écoutée qu’à la marge ! Quelle violence pour Gisèle Pelicot et pour toutes les autres !
La Fête de l’Humanité se veut un événement safe et les participants viennent y chercher un espace où les dynamiques de domination du monde qui nous entoure n’ont pas leur place. Force est de constater que faire honneur à une femme dont la centaine de viols subis permet de mettre en lumière l’impact de la culture du viol n’a pas pu se dérouler sans insultes et comportements misogynes. Les auteurs de ces agissements ont-ils été rabroués par l’organisation de la Fête de l’Humanité, ont-ils été sortis de l’événement ? Non, bien sûr. Car demander à des féministes de se taire est encore et toujours d’une banalité confondante.
Les femmes méritent mieux. La fête de l’Humanité aussi.