Nous avons cheminé à travers une enquête minutieuse, car en effet, plus de 200 personnes ont été interrogées, dont une partie est encore dans le mouvement. Elle ne peut pas être balayée d’un revers de la main. Les auteurs révèlent un tableau bien évidemment à charge, mais finalement assez nuancé, des aspirations et de certaines réalités de notre ancien mouvement.
Nous tenions ici à revenir sur le terrain politique et à tenter de démontrer en quoi les comportements toxiques rapportés nuisent à toute la gauche en compromettant de possibles victoires tant à l’échelle locale que nationale. Nous pensons que rendre possible une alternative politique, c’est aussi ne pas craindre une saine autocritique.
1. "D’où parlons-nous, camarades" ?
Nous nous sommes rencontrés au moment de l’exclusion arbitraire, injuste et violente de Katia dans les Bouches-du-Rhône. En ce qui concerne Jorim, il était épuisé de deux ans post-NUPES chaotiques, entre conflits internes locaux incessants et absence d’échelon militant intermédiaire entre le terrain et “le natio” pour arbitrer, aider, conseiller, former.
Nous partagerons plusieurs mois l’engagement d’un collectif d’Insoumis·es, “L’Appel pour une 6e République à la France Insoumise”, dont une partie des travaux ont été restitués en février 2024 à Gagny : https://www.youtube.com/@APPEL6emeREP
L’après LFI a donc commencé pour nous bien avant que nous soyons mis au courant du projet de l’APRÉS. Lors de nos actions publiques respectives de représentation du mouvement en télévision, radio, presse, nous estimons avoir fait notre job, modérant nos critiques, et fait de notre mieux pour faire avancer à notre petite échelle notre famille politique avant notre départ.
Pourtant, à l’approche des Municipales 2026, nous sommes tous deux engagés avec des collectifs représentant un large spectre de la gauche citoyenne et écologiste… mais pas - à ce jour -, aux côtés de la FI.
Ce que des "camarades" qui nous qualifient de traîtres et nous insultent à longueur de réseaux sociaux, au prétexte que “taper sur la France Insoumise c’est faire le jeu du RN” pourraient un jour comprendre, c’est que notre détermination à FAIRE MIEUX naît d’une extrême frustration :
Nos efforts se comptent en années de militantisme bien avant les partis politiques (surtout Katia, Jorim se réveille au moment des Gilets Jaunes). Pour nous, les fameux “22%” constituaient une progression très limitée par rapport à 2017, et une fois retirée la proportion aisément déductible du “vote utile”, il était difficile d’y voir autre chose qu’une stagnation.
Mais attention, l’histoire ne va pas strictement se répéter. Notre grand leader, du haut de son Mont Sinaï politique, au crépuscule de sa longue marche, décide du jour au lendemain de signer le PS et de faire la NUPES. Quelle Tortue Sagace.
Tout change alors brutalement d’échelle aux Législatives 2022. Nous passons de 17 à plus de 70 parlementaires, nos partenaires progressent aussi, et iels sont plus de 150 finalement élu·es sur un programme de rupture qui ressemble fort à l’AEC. 800% d’augmentation pour la rupture avec les logiques capitalistes. Là, on parle !
Nous découvrons en campagne des Socialistes revigoré·es, des Communistes nostalgiques du Front de Gauche et de la gauche plurielle, des Écologistes radicaux, unitaires, déterminés à changer les lignes de notre société pour faire face à l’urgence climatique qui nous menace toutes et tous.
“Alors, c’était pas loin, hein ?”
Pour Jean-Luc et son premier cercle, pour nous simples militant·es, c’était sûrement une défaite. Mais cette NUPES-surprise transforme cela en une espérance formidable : Si la gauche écoute l'électorat de la Présidentielle et fait le choix d'un accord sur ce type de programme… Elle peut gagner.
Plus que l’addition des scores, la synergie peut donner l’élan et la cohérence qu’il nous manque pour grignoter l’abstention, nous le sentons en campagne. "Mélenchon Premier Ministre", si ce n'est pas la situation la plus confortable pour les responsables des autres composantes, n'empêche personne de performer au premier tour comme rarement (jamais) la gauche dans notre pays. Dans la lignée d'une bonne campagne, Jean-Luc Mélenchon, toujours attaqué par la droite depuis des années, ne constitue pas un obstacle indépassable.
Notre force collective suscite l’espoir qui permet de donner envie à l'électorat de gauche de se déplacer de nouveau dans les urnes, malgré l'échec total aux Présidentielles et cinq ans de plus de Macron. Dans la situation électorale qui fige les résultats en trois ou quatre blocs, selon qu’on y intègre les abstentionnistes ou non, nous retrouvons collectivement une ligne stratégique simple et efficace sur le papier pour devenir majoritaires, et gouverner. Nous avons échoué aux Présidentielles, mais l'arrivée en force à l'Assemblée Nationale permet de forcer la Macronie à gouverner par 49-3, empêche nombre de délires libéraux qui étaient dans les cartons, et remet le Parlement au centre de la vie politique. C'est mieux que rien.
En juillet 2024, avec le NFP, la validité de cette ligne stratégique sera confirmée dans l'urgence avec une nette progression à l’Assemblée Nationale, permettant au Bloc Populaire de prétendre à la nomination d’une Première Ministre.
En observant les résultats des premiers tours des candidatures qui affichent Mélenchon, en revanche, on ne retrouve pas du tout les qualifications brillantes au second tour de la NUPES.
Le nombre de circonscriptions où la candidature NFP termine troisième derrière RN et Macroniste est très important, donnant lieu à de nobles désistements. Il y aura une progression collective, mais c'est un premier signal, pas si faible, du potentiel gâché par la direction de la France Insoumise en à peine deux ans.
Notre engagement au sein de l’APRÉS, c’est essentiellement travailler à ce que cette ligne stratégique unitaire sur un programme de rupture se développe dans les mois et les années à venir.
2. La Meute de Charlotte Belaïche et Olivier Pérou
Un titre, un buzz !
Les journalistes ont souvent été comparés à une meute par la direction de La France Insoumise, surtout lorsque la corporation s'organise pour traiter des sujets concernant Jean-Luc Mélenchon. Il est vrai que la situation interne de La France Insoumise intéresse davantage les médias que celle de Gaza par exemple. La culture du buzz, du chiffre, toujours (nous l'avons détaillé dans un précédent billet de blog). Les journaux semblent privilégier le sensationnel et le commentaire plutôt que de fournir une information utile.
Bref, voici « La Meute » ! Aujourd’hui, le coordinateur du mouvement Insoumis dénonce cette tendance à l'animalisation. Une réaction qui revient comme un boomerang.
Boomerang, en voici, en voilà !
Jean-Luc Mélenchon a été comparé début mai au ministre de la Propagande d’Hitler, Joseph Goebbels, par Alain Jakubowicz sur le plateau de BFM TV. La chaîne s’est désolidarisée par la voix timide d’Apolline de Malherbe, tandis que le leader de La France insoumise annonce porter plainte, et il a bien raison de le faire !
Nous l’encourageons alors à arrêter de faire des parallèles aussi honteux lorsque par exemple, il appuie Sophia Chikirou dans sa comparaison de Fabien Roussel avec Doriot ; un soldat d’Hitler alias le petit führer français. À ce propos, Mathilde Panot s’est fendue par un "je ne condamne rien" en expliquant que "Fabien Roussel doit choisir son camp". Comparaison Point Godwin qui semble convenir plus largement au sein du mouvement : En septembre 2024, ce sera au tour de François Ruffin d'y avoir droit de la part d'une Oratrice Nationale, Julie Garnier.
Jean-Luc Mélenchon lui-même, suite à la décision du Président de l'Université de Lille 3 d'interdire la tenue d'une de ses conférences en avril 2024 : « “Moi je n’ai rien fait”, disait Eichmann.“ Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays”. Alors ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne ».
« Si tu n’es pas de notre camp, c’est alors que tu es dans le camp des nazis ».
Voilà la pensée manichéenne extrapolée de la direction résumée. À ce rythme-là, il ne restera que des traîtres partout et plus personne pour l’avenir en commun. Comment espérer gagner une élection si on ne croit plus en la capacité de convaincre et faire changer des mentalités ?
Comment gagner si on croit que tout le monde est un ennemi avec qui il est impossible de coconstruire puisque « nous ne pouvons compter que sur nous-même »?
Dans ce cas, ne parlez plus de l’Avenir en Commun. Renommez-le « l’avenir dans l’entre soi », ça sera cohérent !
Trêve de plaisanterie, la politique telle que nous la défendons n’est-elle plus synonyme de dialogue visant à convaincre et faire « cité ensemble », surtout au sein de la gauche partisane ?
Voir des nazis un peu partout au sein de notre famille politique ne nous paraît pas très efficace.
600 000, 400 000... la prochaine fois, il nous manquera combien ?
Les responsables Insoumis aiment nous rappeler qu’il manquait les voix des communistes pour arriver au second tour en 2022.
Vaut-il mieux alors excommunier Fabien Roussel, représentant choisi par les communistes du PCF, pour des différences de style, de stratégie et de ligne programmatique qui ne sont pas de notre point de vue insurmontables, ou bien créer les conditions d’un compromis permettant de faire évoluer la gauche ensemble et de l’emporter, ensemble ?
En 2022, avec un PCF aux côtés de la France Insoumise, cette gauche qui met l’Humain D’abord était au second tour, avec une petite réserve de voix chez les électeurs de Yannick Jadot. C’est mathématique, et on peut préférer y voir une progression électorale de la “Gauche NFP” par rapport à 2017 qu’un acte de trahison. On aurait pu à l'époque préférer en tirer une leçon pour l’avenir. En vérité, on a bien cru que c’était le cas.
De la même manière, face à la stratégie nettement différente de la liste PS aux Européennes 2024 portée par Raphaël Glucksmann, une liste "écologique et sociale" qui aurait réuni EELV, LFI et PCF aurait été en mesure de se placer en deuxième position devant les Macronistes.
Les responsabilités sont partagées, on ne peut pas enlever à la France Insoumise d'avoir effectivement proposé aux écologistes la tête d'une liste commune. On peut aussi s'interroger sur les raisons ayant poussé la direction écologiste à prendre ce qui s'est révélé dans les urnes être une mauvaise décision.
Il est évident que lorsqu’on fait des insultes des éléments du débat politique, pour un oui ou pour un non, on ne peut pas déplorer par la suite que celui, celle que l'on a insulté ne soit pas solidaire d’un projet au nom de la cause commune qui est censée être plus grande que nous. Il est très facile de rompre des relations, alors que les créer et les maintenir dans le temps demande beaucoup plus d'efforts.
Avec toutes ces "sorties", ces "outrances", qui ne sont pas des éléments programmatiques, on voit se dessiner en réponse à cette force de gauche radicalement réformiste une forme de diabolisation de la France Insoumise qui affecte son image grand public et complique considérablement ce qui nous parait à nous maintenant urgent et nécessaire : un fonctionnement coopératif des différentes forces de gauche. Mais nous y reviendront.
"Commandante, Che Mélenchon"
Nous pensons que la gauche de l’Avenir en Commun ne peut l’emporter dans les institutions de la Ve République sans participer résolument à une bascule dans le fonctionnement d’une “Déjà-Là” VIe République parlementaire. Dans ce livre, il en prend pour son grade. Nous qui avons des années travaillé les arguments qui l'attaquaient pour les contrer, nous n'avons pas appris grand-chose. Mais leur mise en perspective chronologique finit par donner un peu le vertige...
Le “Populisme de Gauche” à la française, nous y avons souscrit, nous avons participé des années à focaliser sur la figure de Jean-Luc Mélenchon pour faire émerger politiquement un programme de rupture avec le capitalisme et le tout marché après la catastrophe du mandat de François Hollande.
Depuis 2024, nous savons que cette perspective programmatique peut être partagée par un large spectre de formations politiques de gauche, du PS au NPA.
Depuis 2024, nous savons que lorsque cette gauche partisane prend les bonnes décisions, dans l'urgence face au risque fasciste, la société civile et l’électorat viennent amplifier le mouvement militant, que l’abstention recule, et que nous nous rapprochons d’un mouvement populaire qui s’exprime dans les urnes.
Ce sont pour nous des faits politiques majeurs qui doivent être pris en compte par la France Insoumise, et le point focal nous semble effectivement retomber sur une question de Leadership. La plus simple à résoudre, de notre point de vue. En effet, assumer des responsabilités nécessite des compétences spécifiques. Un vrai chef n’est pas simplement le meilleur tribun, mais doit aujourd'hui comprendre quelles postures autant sur le fond que sur la forme sont essentielles afin de pouvoir réellement changer les choses. Faut-il rappeler que la finalité de la politique est de pouvoir agir ?
À gauche, nous avons maintenant besoin de chef·fes d’orchestres avec la responsabilité de diriger les différents instruments, travaillant à les accorder entre eux malgré les différences de tessitures, de sons, et sans être soi-même derrière chaque pupitre. De collectif. De démocratie. Des mélomanes. Voilà ce que n’a pas su ou voulu faire Jean-Luc Mélenchon après les campagnes de 2022.
Comment peut-il espérer devenir un Président disposant d’une majorité composée d’une gauche unie en “détestant” comme il aime le dire, ceux qui ne sont pas de sa troupe ?
Les mots ont un sens, et l’on ne construit rien ensemble en se détestant.
Lui qui a si souvent su adapter et mettre à jour ses logiciels politiques à l'époque, il s'y refuse aujourd'hui. Rejeté par ses homologues à gauche, que cela soit juste ou non, il n'y aura pas d'adaptation cette fois à la réalité politique du pays.
"JLM 1 Pb", c'est assez insupportable de pouvoir donner raison à Madame Saint-Criq, franchement..
La politique ne peut pas se réduire à des rapports de force inutiles…
Oui, la politique, c’est violent.
Mais pourquoi devons-nous penser qu'il n'existe pas d'autres chemins ? Dans les associations, les collectifs, et même les entreprises, celles qui sont dans la coconstruction sont les plus solides sur le long terme. Sans être naïfs, pourquoi devrions accepter et entretenir la violence en politique ?
La démocratie, c'est assurément un espace de luttes et d'oppositions pour le pouvoir, mais on peut les réguler dans un système qui se veut bientraitant et par des pratiques individuelles (in)soumise à une certaine éthique. Dans le milieu socio-médical, c'est une obligation.
Non, les militant·es et responsables ne sont pas des machines que l'on prend et jette à souhait parce qu’ils ne seraient “que les pieds et les mains” et le grand chef “la tête”. Le penser est déjà problématique, alors le porter en étendard sous prétexte d'efficacité...
Nous reprenons à notre compte cette phrase du magazine Frustration, qui développe par ailleurs souvent des contre-argumentaires en soutien de la France Insoumise attaquée par une autre “meute” : « l’engagement politique ne devrait jamais être prétexte à la brutalité et aux rapports déshumanisants ».
Avoir un beau programme de rupture, ou faire valoir la cause palestinienne comme “personne ne le fait” (ce qui minimise encore les combats des forces politiques qui ont eu le malheur d’exister avant 2016), cela ne PEUT PAS autoriser à toutes les violences verbales sous prétexte que personne ne ferait mieux à gauche !
On fait vivre le silence avec ces chantages. Cela fonctionne car les militant·es qui veulent parler se taisent, ou partent. Ceux et celles qui pratiquent la violence pensent être immunisés pour ces raisons-là aussi.
L’impunité sélective en cas d'erreurs et de fautes individuelles, structurellement aléatoire, n'est pas compatible avec la création d'un mouvement de masse aux valeurs de gauche dans notre pays.
En 2017, la FI pouvait espérer gagner au second tour.
Aujourd’hui, c'est 31 points en moins* et un seuil pour accéder au second tour qui n'a pas l'air de vouloir gentiment s'abaisser au niveau du socle électoral Insoumis.
La diabolisation de ce parti sert bien évidemment ceux qui ne veulent pas de changement.
Ce que la Meute vient démontrer, c’est que cette diabolisation fonctionne parce qu’il y a largement de quoi en alimenter la combustion médiatique oligarchique dans nos (on est toustes concerné·es à gauche à un moment ou un autre) propres pratiques, et que cette culture s'est diffusée au fil des années et des purges à une grande partie du mouvement de la France Insoumise. Par mimétisme pour faire carrière ou par adhésion militante sincère, ça ne change pas le problème.
3. “J'ai beau m'y regarder, je n'y vois que du noir…”
Alors, c'est foutu ? Bien sûr que non. Des solutions existent dans l’Avenir en Commun !
Qu'ils se démocratisent et se débarrassent de la violence.
Si cette violence n’avait pas existé de façon systémique, les témoignages et les faits ne seraient pas aussi nombreux. Chacun peut le constater dans l’expression publique de très nombreux supporters de la France Insoumise, tous supports confondus.
Nous pensons que le fonctionnement de la France Insoumise ne ressemble à aucune autre formation politique. Elle a peut-être réussi à pallier les difficultés que Mélenchon rencontrait au PS mais au prix d’un « immense gâchis ».
En effet, tout a été pensé pour ne pas reproduire ce qu’il estimait être les freins pour que son courant devienne majoritaire au sein d’un PS dérivant sur une ligne libérale, seule trahison à nos valeurs de gauche historiques et contemporaines que nous retenons.
La lenteur des décisions politiques n’est plus puisque la ligne est dictée par un seul homme, soutenu par une structure à trois adhérents.
À quel moment les purgés l’ont été parce qu’ils ne respectaient pas le programme de l’Avenir en Commun ? Bien au contraire, la plupart l’ont été parce qu’ils et elles l’ont bien défendu sur le féminisme et la VIe République en particulier !
D'autres parce qu'ils ont eu le malheur d'être du côté de l'union, scellée par un choix de Jean-Luc Mélenchon lui-même, sans consultation des militant·es de l’Union Populaire.
Qui sont alors “les traîtres”, et de quelle trahison au juste ?
La cooptation assure d‘avoir partout des personnes qui pensent ou prétendent penser chaque point comme le chef et son petit groupe. Les stratégies Insoumises peuvent parfois changer d’une année à une autre, sur la base d’une discussion privée.
Les militants doivent suivre pas à pas les décisions venues d’en haut comme la fois où la règle des certifications des GA est tombée. La certification d'un GA ne se fait que si le groupe comptabilise trois actions tous les deux mois. Attention, pas n’importe quelle action, seuls les tractages, collages et portes à portes dans les immeubles (et non chez des commerçants, petit clin d’œil à Bompard relatif à l’exclusion de Katia.) comptaient !
Au revoir les actions d’auto-organisation qui faisaient l’identité Insoumise telles que la construction d’une bibliothèque de rue, les enquêtes trottoirs sur l’abstention, les ateliers écritures et autres nouvelles actions de solidarité. On peut vous reprocher ces actions. Pourquoi prendre ce risque ?
Bienvenue dans la start'up politique Insoumise, où rien n'empêche que les GA se retrouvent en concurrence les uns contre les autres. Tant pis si on est en situation de handicap, invisible aussi et que l'on ne peut pas tracter, ni coller. On sera alors un militant de seconde zone, incapable de co-animer un GA certifié. On n’aura pas droit ni à l'utilisation du local, ni au matériel militant et on ne pourra pas représenter notre voix dans les boucles départementales sur Telegram, qui sont censées faire office de congrès permanent des insoumis produisant 100% de décisions au consensus.
À se demander ce qu’il se produirait si un jour l’une des validations nationales à l’issue d'une Assemblée Représentative donnait un résultat minoritaire. À nôtre connaissance rien n’est prévu. “Le vote n’est pas l’alpha et l’oméga de la démocratie”, de toute façon. La base doit faire avec les aléas des décisions stratégiques et de lignes politiques puisqu’elle n'a pas la main dessus.
À la France Insoumise, on part ainsi de « on a le droit d’être islamophobe » comme il a été dit aux Amphis, sous prétexte de la défense du droit au blasphème, à la marche contre l’islamophobie parce que c’est le terme qui désigne le racisme contre les musulmans.
On a aussi commencé en faisant la guerre avec le PS et à l’unité, on voulait faire peuple sans la gauche institutionnelle avec les fâchés pas fachos, et puis, on passe à la NUPES puis au NFP, soit l’union de cette même gauche partisane en savourant un « vous m’avez manqué » de Jean Luc Mélenchon à ses ex-camarades Socialistes sans y comprendre quelque chose, pour revenir aujourd’hui à la stratégie de départ avec un « plus jamais PS », sans à nouveau rien y comprendre d'autre que la nécessaire candidature de JLM aux prochaines présidentielles.
C’est aussi comme ça qu’on a frôlé Ségolène Royal à la tête des dernières européennes sans que Manon Aubry n’en fût informée. À force, on ne sait plus qui sont nos alliés et qui sont nos adversaires. Ça donne le tournis, n’est-ce pas ? On est déjà longs, on a pas été exhaustifs.
« La Meute » serait un ramassis de mensonges parce qu’il n’a pas donné la bonne couleur du vin préféré de Jean-Luc Mélenchon, qu’il n’aurait jamais dit à Bompard de s’acheter un cerveau devant un élu écologiste et qu’enfin Caroline Fiat n’élève pas seule ses enfants et demande des excuses auprès de son époux.
Assurément se glissent dans ces plus de 300 pages des erreurs d’interprétation. Mais se contenter de les relever, ne serait-ce pas une simple et grossière diversion ?
Le livre n’évoque pas que les colères d’un homme. On y constate des violences perpétrées, souvent, à des femmes. Le nom qui reste gravé pour nous est celui de Fatima Benomar. Comment a-t-on pu en arriver là ?
Elle mérite bien plus que des excuses. Commencer par-là, c’est faire mieux ! Il s’agit de maltraitance psychologique grave !
De même pour Charlotte Girard, son défunt mari aurait été fier d'elle et du courage que cela implique de se rebeller pour une cause juste. Celle de la liberté, de la démocratie. Le témoignage d’Anne Sophie Pelletier, ancienne députée européenne qui nous dit avoir reçu une gifle d'un de ses collaborateurs imposé par la direction sans que Manuel Bompard intervienne en sa faveur en dit long de ce système d'impunité.
Ce livre raconte comment selon que vous soyez puissant, appartenant au « carré VIP », ou misérable insoumi des bas étages, les jugements de la cour vous rendront blanc ou noir...! Le comité du respect des principes dit le CRP ne va ainsi pas tenir compte d’une contre-enquête de Hendrik Davi qui démonte les trois mensonges sur lesquels était appuyée la décision d’exclusion de Katia.
Il raconte aussi l’exploitation des petites mains embauchées, alors qu’à gauche on ne veut plus d’esclavagisme par l’uberisation !
Avec tous ces manquements au programme, la cause féministe, la cause des travailleurs, celle de la 6ème république prennent un coup. Voilà comment l’espoir d’un avenir en commun risque de s'enterrer !
Alors clairement, l’AEC appartient à ceux et celles qui veulent le faire vivre au-delà des mots. Les actes, comme dans l’amour sont sa plus belle preuve ! La solution nous a toujours paru simple, réformer et donner des droits aux militant·es pour les aider à ancrer leurs idées et donner une continuité politique à leurs actions sur tout le territoire. Les détails de cette réforme appartiennent selon nous aux sympathisant·es de la France Insoumise. Si l’idée est simple, le chantier démocratique est toujours complexe.
La démocratie interne est un domaine où le chemin est tout aussi utile et formateur que le résultat.
En dehors d’une “École de Cadres” comme l’Institut de la Boétie, qui n’est pas une mauvaise idée, c’est selon nous en arpentant ce chemin démocratique que nos ex-camarades peuvent se préparer collectivement à exercer des mandats et des responsabilités politiques locales.
4. Objectif Municipales
Nous en terminerons par les prochaines échéances électorales dont nous sommes sûr·es du calendrier.
La politique par l’insulte ne gouverne pas !
À Marseille, Benoit Payan (ex-socialiste, aujourd’hui DVG) est devenu en quelques mois l’ennemi de la FI sans que personne n’y comprenne quelque chose.
Pour preuve, dans le portrait de Sébastien Delogu fait par Libération, ce dernier disait se mettre pour 2026 derrière Benoît Payan et puis, patatras quelques mois plus tard, on l’entend partout dire qu'il est le mal incarné ce qui justifierait alors une liste autonome.
En arrière-plan, la réalité est qu’au lieu de discuter des questions de fond et du programme pour ensuite négocier le nombre de sièges, les dirigeants Insoumis ont d'abord demandé des positions en tête dans les mairies d'arrondissement déjà situées à gauche pour les futures élections, ce qui a été évidemment refusé par l’actuel Maire DVG de la Ville de Marseille.
Voilà encore une fois comment la mauvaise posture des uns en politique ruine des victoires possibles pour le grand nombre !
À Lorient, sans aucune décision publiée à ce jour du comité électoral de la FI, une liste autonome se prépare, communique, négocie sous le manteau et “souhaite l’union à gauche”... a priori derrière une tête de liste Insoumise, alors qu’ils n’ont pas participé aux municipales 2020, n’ont pas d’élu·es sortant·e, et ne font pas non plus les scores des grandes métropoles, que ce soit aux Présidentielles ou aux Européennes.
L’art de négocier n’est pas dans la main de tout le monde. Gouverner c’est aussi cela, savoir entretenir des bonnes relations avec les bons partenaires sans renier ses convictions.
En 2026, les Insoumis en continuant de la sorte assument le risque de ne pas participer à la gouvernance de Marseille, de Lorient, et sans doute de nombreuses autres communes où sa participation à des unions de gauche cohérentes avec la situation politique nationale du NFP aurait permis au mouvement de s’ancrer localement.
Veulent-ils seulement gouverner ?
La question est posée et elle est douloureuse. Si oui, sauront-ils gouverner ? Nous-même en doutons fortement, alors les administré·es non-engagé·es exposé·es aux accusations médiatiques odieuses d'antisémitisme et aux mises à l'écart des projets d'union faciles à justifier en campagne…
À Marseille, le plan école a nécessité des compétences de négociation du Maire pour obtenir des financements de l’Élysée. Delogu aurait-il, par exemple, la capacité de mobiliser les millions nécessaires à la Ville ? Possède-t-il les compétences d'un négociateur compétent ? Ou bien préfère t-il se complaire dans un rôle de “Benalla”, où l'on menace, intimide, violente et camoufle des affaires de VSS ? Nous aurions préféré voir une autre représentation des quartiers nord de Marseille où l'intelligence est souvent synonyme d'insoumission. Rarement d'adoration.
Il est vrai que pour trouver les écoles en retard par rapport au plan, Delogu se montre impatient. Il y a du monde au balcon, comme on dit. En effet, être dans l’opposition est toujours plus confortable. En campagne, tout est bon pour dénigrer le travail des autres, même au prix d’un rassemblement national qui pourrait prendre la ville ?
Pourtant dans bien des communes, des Insoumis·es vont faire alliance avec le PS et d’autres, comme cela se dessine chez Raphaël Arnaud, l’antifasciste des Insoumis, qui lui semble savoir combien l’histoire ne pardonne pas quand on se trompe d’ennemi.
Pourtant, nous gardons l’espoir que nos ex-camarades sincères vont se battre partout pour porter les nécessaires mesures de justice sociale et environnementale dans leurs communes en participant aux majorités.
Démocratisez-vous ! Libérez-vous de vos violences ! Un autre fonctionnement est possible pour un véritable avenir en commun !
Merci Jean-Luc, grâce à l'exemple de l'inefficacité de ta méthode pour massifier l'adhésion aux principes de l'Avenir en Commun, nous allons “faire mieux”. Nous allons l’emporter bientôt en ayant anticipé la VIe République. Nous aurons appris, sans La Boétie, à négocier, à gérer nos différences et à célébrer nos compromis. Avec les Insoumis qui le souhaiterons, qui aurons notre modeste soutien en dépit de l'image collée à leur mouvement. Mais quelle marge de manœuvre auront-ils dans quelques mois ? L’exemple de Villeneuve-Saint-Georges sera-t’il représentatif ?
Nous verrons bien.
Parce que nous estimons que la fin ne justifie pas tous les moyens, contre le fascisme qui vient, nous ne baisserons pas les yeux pour éviter de faire face aux angles morts de notre mouvement formateur, même s’il faut pour cela participer à pousser Moïse dans le Buisson Ardent, et sa Vache d’Or, avec.
Katia Yakoubi & Jorim Bouet-Leclère
*sondage Harris Interactiv de 2017, second tour JLM - MLP : 64 - 36
sondage IFOP mai 2025, second tour JLM - Bardella : 33 - 67