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Billet de blog 4 août 2025

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Le Genocost : Mémoire d’un génocide économique au Congo

Le 2 août 2025 vient de passer, la République démocratique du Congo (RDC) se remémorent une tragédie peu reconnue à l’échelle internationale : le 'Genocost'. Ce terme, fusion de 'génocide' et 'coût', a été forgé par la Plateforme d’action des jeunes congolais (CAYP) en 2013. Plus qu’un simple rappel historique, cette commémoration est un cri pour la justice et la dignité d’un peuple meurtri.

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Une histoire de pillage et de souffrance

Le Genocost trouve ses racines dans une histoire longue et complexe. Le 2 août 1998 marque le début de la deuxième guerre du Congo, souvent appelée "la guerre mondiale africaine", qui a fait plus de 6 millions de morts selon les estimations, bien que certains parlent de 12 millions sur trois décennies. Soutenue par des puissances étrangères comme le Rwanda et l’Ouganda, cette guerre a été alimentée par la convoitise pour le coltan, l’or, et d’autres minerais essentiels à l’industrie mondiale, notamment pour les téléphones et ordinateurs. Pourtant, les narratifs officiels, souvent relayés par des médias internationaux, ont préféré attribuer ces conflits à des rivalités ethniques, masquant ainsi les intérêts économiques sous-jacents.

Depuis 1885, avec l’exploitation coloniale par Léopold II, le Congo a été une terre de prédation. Les massacres de Kisangani en 2000, où des civils ont péri dans des affrontements entre armées rwandaises et ougandaises, ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Aujourd’hui encore, l’Est du pays reste un théâtre de violences perpétrées par des milices, souvent avec la complicité tacite de multinationales et de gouvernements étrangers.

Une commémoration mondiale

Depuis 2013, le 2 août est devenu un jour de mémoire, initié par la CAYP et repris par des mouvements citoyens. En 2025, des événements ont eu lieu dans 26 villes de la RDC et dans des métropoles comme Paris, Londres, ou Stockholm, réunissant diaspora, activistes, et sympathisants. À Kinshasa, des marches ont convergé vers la Place des Évolués, rebaptisée Place Genocost, tandis que des veillées aux chandelles ont illuminé Goma et Bukavu. Cette année, le président Félix Tshisekedi a appelé à une mobilisation nationale et diplomatique, plaidant pour une reconnaissance internationale lors de l’Assemblée générale de l’ONU. Cependant, l’absence d’un tribunal pénal international dédié et l’impunité persistante des responsables ternissent cet élan.

Un appel à la justice

Le Genocost n’est pas qu’une commémoration ; c’est une revendication. Les organisateurs soulignent que sans justice ni réparations, la mémoire risque de devenir une source d’exaspération plutôt que de guérison. Le mémorandum de 2025, signé par plus de 60 organisations, exige une reconnaissance légale de ce génocide, des indemnisations, et la fin de l’exploitation illicite. Pourtant, les fonds de réparation comme le FONAREV ou le FRIVAO, malgré des promesses (ex. 65 millions $ de l’Ouganda), restent sous-financés et opérationnels au ralenti.

Un avenir à construire

Le silence de la communauté internationale sur ces atrocités, souvent motivé par des intérêts économiques, doit être brisé. Cette commémoration nous rappelle que l’histoire du Congo est aussi la nôtre : chaque téléphone que nous utilisons porte une part de cette tragédie. En honorant les millions de victimes, il est temps d’agir pour un avenir de paix et de justice.

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