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Billet de blog 10 août 2025

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La Grève du 10 Août 1944 : Quand le Peuple Français a Pris les Rênes de sa Libération

Aujourd’hui, on commémore la grève des cheminots parisiens, début de l’insurrection menant à la Libération. Symbole de la force du peuple contre l’oppression, ce jour dépasse les livres d’histoire. Contrairement aux récits officiels glorifiant De Gaulle, la Libération fut l’œuvre collective de résistants, ouvriers et citoyens, non d’un homme seul.

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Le Contexte : Une France Sous le Joug Nazi


La Seconde Guerre mondiale a débuté en 1939, et la France, vaincue en 1940, a été occupée par l’Allemagne nazie. Le régime de Vichy, collaborationniste, a imposé une répression féroce, avec des exécutions sommaires et des déportations massives. Dès 1940, des groupes de résistance se forment : les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) communistes, les Armées Secrètes (AS) gaullistes, et bien d’autres. Le Débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944 donne le signal d’une insurrection générale.
À Paris, la capitale est encore sous contrôle allemand, avec 20 000 soldats nazis et des miliciens. Les résistants, coordonnés par le Comité parisien de Libération (CPL), préparent une grève générale pour paralyser l’occupant. Les cheminots, essentiels au transport, sont au cœur de ce plan : depuis 1943, ils sabotent les voies, ralentissant les renforts allemands. Le 10 août, tout est prêt pour un coup d’éclat.


Le Déclenchement de la Grève : L’Acte du Peuple


Le 10 août 1944, les cheminots de la SNCF lancent la grève. À l’instigation de figures comme Georges Pruneau (FTP) et des syndicats clandestins comme la CGT, le mouvement commence dans les dépôts de la banlieue parisienne : Montrouge, Bobigny, Vitry. Les ouvriers cessent le travail, protégeant les dépôts avec des armes improvisées. Le mot d’ordre est clair : "Plus un train pour les nazis !" Cette grève s’étend rapidement : d’ici le soir, 20 dépôts sont paralysés, et le mouvement gagne la province.
Ce n’est pas une grève ordinaire ; c’est une insurrection. Les cheminots, souvent issus des classes populaires, risquent leur vie : les Allemands menacent d’exécutions. Pourtant, 1 000 manifestants se rassemblent à Villeneuve-Saint-Georges, défiant l’occupant. Le 15 août, le métro parisien rejoint le mouvement, isolant complètement les forces nazies. Au total, 400 000 résistants FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) se mobilisent, avec des milliers de civils – femmes, jeunes, ouvriers – qui barricadent les rues et harcèlent les Allemands.


Le Rôle du Peuple : Au-Delà de De Gaulle


Les narratifs officiels, souvent gaullistes, présentent De Gaulle comme le chef orchestrant la Libération depuis Londres. Son appel du 18 juin 1940 a certes unifié symboliquement la Résistance, mais sur le terrain, c’est le peuple qui a agi. Les FTP, composés de communistes et de syndicalistes, ont mené la grève sans attendre les ordres gaullistes. Les maquis ruraux, comme ceux du Vercors, ont tenu des zones libérées malgré des massacres (639 morts en juillet 1944). Les femmes, comme Lucie Aubrac qui a libéré son mari des prisons nazies, ont été essentielles entre autres dans la logistique.
De Gaulle, arrivé à Paris le 25 août, a bénéficié de cette insurrection populaire pour asseoir son autorité. Mais les faits montrent que la Libération a été conquise par les résistants anonymes : 100 000 exécutés ou déportés, un sacrifice massif du peuple. Les Alliés, avec 2 millions de soldats, ont fourni l’effort militaire, mais les FFI ont libéré des villes comme Grenoble avant leur arrivée. Ce rôle du peuple est souvent minimisé pour glorifier les leaders, un biais historique qui sert à légitimer les hiérarchies actuelles.


Les Leçons pour Aujourd’hui


En 2025, cette grève nous enseigne que l’action collective peut renverser les puissants. Face à l’austérité (ex. budget Bayrou), à la pollution... qui aggravent les inégalités, rappelons que le peuple, uni, peut imposer le changement. Les commémorations officielles honorent les héros ; mais pour vrai hommage, luttons pour une société où le travail, la santé et l’éducation sont accessibles à tous.
Le 10 août 1944 n’est pas un mythe gaulliste ; c’est la preuve que la liberté se gagne par le bas, par le peuple. Inspirons-nous-en pour nos luttes d’aujourd’hui.

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