J’arpente les rues, mes yeux glissants sur l’asphalte croisent au détour d’un coin, d’un abri des sdf, leurs visages, leurs misères me prédisent mon propre devenir. Un jour, c’est moi qui me retrouverai à leur place. Déjà mon regard quand j’arpente la ville change instinctivement, repérant au gré de mes pas des endroits où je pourrais me mettre à l’abris, un endroit prêt à accueillir ma misère, un endroit qui m’acceptera sans demande de dossier administratif, sans caution. La seule caution valable sera ma résignation face à une société, à des gouvernements qui depuis des années ont décidé collectivement d’abandonner les personnes handicapées, détournant leurs regards d’eux, faisant d’eux des sous citoyens, ignorants leurs existences, leurs préoccupations, éteignant leurs voix qui crient « nous sommes là, vivants et réclamons une égalité de droits, celle dont la vie nous a privé ».
Le gouvernement répondra alors fièrement qu’il a augmenté l’aah (l’allocation adulte handicapé) et qu’on devrait s’agenouiller devant cette aumône.
En tant que personne handicapée je n’ai besoin ni d’aumône ni de pitié, je réclame juste une égalité de droits, de pouvoir vivre dignement et d’avoir un toit.
Voilà l’un des problèmes majeurs que rencontre les personnes handicapées : le logement. Énormément de personnes handicapées sont mal logé ou sans abris. À la suite de mon handicap je me suis retrouvé dans l’incapacité de reprendre un travail et j’ai dû retourner chez mes parents après une décennie à avoir vécu seul.
Depuis que j’ai été reconnu officiellement comme personne handicapée me permettant ainsi d’avoir un semblant de revenu je cherche activement un logement pour me réapproprier ma vie. Seulement voilà ma naïveté c’est fracassé contre la réalité. Je ne compte plus le nombre de mails sans réponse à l’évocation de mes sources de revenu et ma situation, les appels téléphoniques ou les discussions prennent plus ou moins poliment fin dès que les mots handicapés et AAH sont prononcés. Aujourd’hui je suis fatigué de me battre pour me trouver un toit, fatigué de toutes les démarches qui ressemble à des obstacles infranchissables et qui viennent empiéter mon temps de soin.
Je comprends mieux maintenant pourquoi tant de personnes handicapées mal-logé se résignent à rester dans leurs logements fautes aux politiques qui les ont délaissés. Je pense aussi fortement aux personnes handicapées qui restent dans des situations où ils sont maltraités ou en situation d’abus par peur de partir et de se retrouver sans toit.
Les gouvernements successifs se sont toujours vantés de construire des projets permettant l’autonomie des personnes handicapées. Où sont-ils ? Quel sont les résultats de ces politiques menées depuis des décennies ? Si ce n’est la création de lieu de ségrégation comme les ESAT ces lieux de travail dénoncés par l’ONU, où les travailleurs handicapés sont privés du droit du travail, exploité ou bien encore ces lieux de vie institutionnalisés privant les personnes handicapées de leur vie privée, les exposants toujours plus à des risques d’abus de toutes formes.
Comment se fait-il que les politiques qui se vantent de tout faire pour l’autonomie des personnes handicapées ne font au contraire que les enfermées, les marginalisées davantage. Il n’est à lors pas étonnant de voir autant de personnes handicapées se retrouvant à la rue quand on voit l’échec total de ces politiques menés.
J’aimerais interpeller le gouvernement sur le désarroi des personnes handicapées face aux problèmes de logement qui les exclus de la société. En cette période difficile pour tous je formule du bout des lèvres un souhait, celui d’être entendu, que le gouvernement agisse enfin pour garantir un vrai droit au logement aux personnes handicapées. Comment expliquer vous que les personnes handicapées soient exclues de la garantie visale ou toute forme de garantie faites par l’état ? Sans ces garanties ou toutes autre facilitée le parc locatif privé nous reste inaccessible
Reste la demande de logements sociaux. Cet été ma demande aura 3 ans, mon assistante sociale m’a dit que je pourrais faire un recours en utilisant loi DALO, mais mes illusions d’avoir un logement sont perdus depuis longtemps. Je sais que comme d’autres avant moi au bout ce qui m’attends c’est la rue.
Maxime . H