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Billet de blog 27 juillet 2023

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Notre-Dame de la Passoire-Thermique et le gazon béni

Dormir à côté d’une prise électrique décollée du mur, aux fils dénudés, mais dont on se sert quand même parce que c’est la seule de la pièce, n’est pas forcément une chose inhabituelle.

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Dormir à côté d’une prise électrique décollée du mur, aux fils dénudés, mais dont on se sert quand même parce que c’est la seule de la pièce, n’est pas forcément une chose inhabituelle.

Quand on est locataire en tout cas.

Je suppose.

Entre le moment où l’électricien est passé faire son devis, et la programmation de l’intervention, se seront écoulés 9 mois. Heureusement pour nous, il ne nous fallait pas une chambre supplémentaire à la fin de ce délai.

Et puis, de toute façon, il a fallu déménager. Juste après leur dernier passage, quand ça ne faisait enfin plus des étincelles. Les propriétaires ont décidé de ne pas renouveler le bail. On leur avait demandé de respecter nos droits, pour une autre histoire de travaux.

Ils ont pas aimé.

Je suppose. Quoique non, j’en suis sûr.

Dans tout ça, j’étais pas trop mal parti pour faire une formation d’électricien justement. Histoire d’arrêter d’aller soulever les trucs lourds quand il faut bien retourner se salarier, se vendre, « s’esclaver » de bonne grâce.

Le centre de formation m’avait positionné sur une journée de présélection qui approchait bientôt. Avec tout ces chantiers qui traînent, c’était pas un mauvais plan, me disais-je.

Mais on m’a rappelé quelques jours avant pour me dire qu’il y avait eu une erreur.

Y avait déjà plus de place quand on m’a inscrit, plusieurs mois à l’avance.

Ben merde alors.

Dernière Rénovation milite pour qu’une loi imposant des rénovations plus strictes et profondes du parc locatifs actuel soit votée. Pour que l’énergie arrête de suinter par tous les murs à une époque où le monde s’apprête à devenir un sauna géant.

J’avais failli militer avec eux dans leurs courses à l’image, mais j’avais été refroidi en comprenant qu’il allait falloir accepter de me prendre des coups de pieds dans la gueule par des cinglés d’automobilistes sans lever le petit doigt.

À part peut-être pour leur proposer le thé.

Et après le coup du centre de formation, de l’électricien, et de mon expérience suffisamment longue de manœuvre dans le bâtiment où j’ai discuté avec beaucoup de gens « du milieu », je me suis mis à réfléchir.

Waw.

Il faut qu’une telle loi passe.

Mais si elle passait, la voilà qui serait impuissante à régler le problème.

Nous n’avons actuellement pas les moyens humains pour entreprendre un tel chantier.

Les entreprises sont surchargées.

Les ouvriers trop peu nombreux, parfois vieux et brisés -salut les collègues qu’on envoie toujours retaper des cheminées, en haut des échafaudages, avec vos hanches artificielles et vos genoux qui tremblent- ou même jeunes et brisés -salut les collègues qui se tapaient les 40h de maçonnerie puis qui enchaînaient avec UberEat dans l’espoir de devenirs propriétaires et donc rentiers et qui en attendant vous endormiez sur les chantiers ou au volant du camion- et à qui on impose déjà des cadences de dingues.

Ajoutez à cela des centres de formation qui n’ont plus de places et trop peu en général, en plus d’être administrativement pas toujours fiables, dans des infrastructures elles-mêmes vieillissantes.

Pour qu’une telle loi puisse prendre effet, il faudrait de la formation massive, sans doute de la reconversion qui le serait tout autant -oui, toi le manager, par exemple, qui n’aime même pas ton job, tu verras, ça fait du bien ça vide la tête-, établir un ordre strict de priorisation des chantiers -l’extension pour avoir une quatorzième pièce entre vous et celui ou celle que vous ne supportez plus attendra un peu, navré pour le dérangement, mais si vous voulez, on recrute-, et sans doute, pour un temps, faire des roulement de jour et de nuit sur les chantiers -désolé pour le bruit mais l'alternative est encore moins confortable et puis on s'arrangera ils ont treize pièces à côté-, car c’est un contre-la-montre que nous sommes entrain de perdre un peu plus tous les jours.

Et je fais l’impasse sur l’accès aux matériaux…ainsi que sur tous les autres problèmes qui ne sont pas liés au logement.

En tout cas, il va en falloir, des formations.

Macron aime bien parler de formation.

Il aime surtout parler de chiffres.

Il n’aime surtout pas les chômeurs.

Je n’ai pas pu faire ma formation, mais j’ai du en suivre une avec Pôle Emploi pour apprendre à « marketer mon image », sans quoi je perdais mes droits.

Et puis, Dernière Rénovation ou pas, Macron ne veut pas de cette loi.

Entre autre.

Mais alors, vraiment entre autre.

Alors, comment on fait ?

Peut-être n’a-t-on pas besoin de cette loi.

Peut-être qu’on pourrait rentrer en contact avec tout ces ouvriers qui savent faire ce dont on a besoin et peut-être pourraient-ils nous apprendre.

Peut-être pourrait-on lancer ce grand chantier nous même.

Sans la supervision du grand maître d’œuvre élyséen qui n’a jamais eu d’autres rapports avec les murs qu’une capacité certaine à inciter les gens à envoyer leur tête dedans.

Au lieu de construire plus de HLM le monde entier pourrait devenir une HLM voir une HSL, une Habitation Sans Loyer.

Mais j’oublie les priorités.

Avant ça, il faut finir de reconstruire Notre-Dame.

1000 artisans sont sur le coup pour environ 800 000 000 d’euros.

Un ami suggérait qu’il aurait fallu la laisser telle quelle.

Laisser la nature lui grimper dessus et rayonner ainsi dans tout Paris, que dis-je, dans toute la France, que dis-je, dans le monde entier !

Quelle signal ça aurait envoyé ! Quelle image ça aurait été !

En attendant la municipalité de Mandelieu-La-Napoule -près de Cannes- fait repeindre en vert les pelouses grillées par la sécheresse. Le produit est bio nous assure-t-on. De la vraie exploitation d’algue, pour repeindre en vert des pelouses qui, si elles pouvaient parler, diraient merci du fond du cœur. Merci de prendre en compte notre besoin d’être écoutées.

Et surtout, d’être coquettes.

Pour vous, messieurs.

Non, non.

Il faut agir selon le principe de réalité.

Plutôt qu’une loi imposant des contraintes à des propriétaires, voilà ce que Macron devrait faire : un « chèque pot de peinture  » -garantie isolante !- avec lequel chacun pourra repeindre ses murs et sa charpente après avoir monté sa micro-entreprise ultra-éphémère pour l’occasion.

Existe en teinte boisée.

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