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Billet de blog 30 août 2023

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« Politiser le bien-être » : le yoga, un truc de « … » ?

« Bourgeois » ? « pédé » ? Jugements hâtifs, soubassements virilistes... adeptes du yoga/méditation et autres vivent souvent cachés en milieu militant, pour ne pas subir mépris et méfiance. Pourtant, je ne pense pas être plus dangereux, ni pour moi ni pour autrui, quand je m’assois sans bouger pendant 10 minutes par jour, au lieu de me servir un verre de rouge. Absurde ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pratiquant moi-même, je comptais écrire à ce sujet, histoire de remettre quelques pendules à l’heure.

Je suis alors tombé sur « Politiser le Bien-Être », livre de Camille Teste paru récemment chez « Binge Audio Éditions ».

Avant toute chose, très simplement et du fond du cœur : merci !

Une voix discordante, réflexive et sourcée, face à l’abondance des discours rationnalos/paternalistes et des réflexes parasitaires culturo-centrés m’a fait un bien fou.

Si le sujet vous intéresse -et on ne peut pas faire l’impasse dessus, vu l’ampleur du phénomène-, je ne peux que vous recommander sa lecture attentive.

Prenons simplement une information, extraite de l’ouvrage.

Comme l’autrice l’explique si bien, le concept du « burn-out militant », a été pensé dans les cercles féministes, ayant un regard critique sur les tendances à la masculinité « héroïque et sacrificielle », abondante dans le militantisme. Le lien est direct entre le cadre où ce concept a pu émerger et le fait que les femmes aient depuis bien trop longtemps la charge de s’occuper des autres.

Et c'est par une femme que ce livre a été écrit.

Je me contenterai d’appuyer toute la force de son propos, me bornant à raconter ce que j’avais en tête, en la remerciant une fois de plus d’avoir ouvert une brèche où il fait meilleur vivre.

Quand je me suis mis à méditer et à pratiquer une forme de yoga, beaucoup de gens autour de moi se sont mis à voir ça comme une lubie.

Un truc un peu bizarre, qui me passerait avec le temps.

J’ai eu le droit à des regards entendus, à des oreilles moqueuses écoutant à demi, avec condescendance, ce que je pouvais raconter, cherchant le folklore dans mes anecdotes.

Je sentais bien qu’on essayait souvent de se réassurer sur la valeur de son propre mode de vie à mes dépends. Que je suscitais un mécanisme d’auto-défense culturel épidermique.

La manière dont je vivais ce changement de paradigme était incommunicable à des gens qui me prenaient, a priori, en tord.

Au mieux, on commenta d’un « Tu nous fais une Jack Kerouac. » liant l’assurance entendue de ma déroute à un référent pas tout à fait inconnu, usant en plus d’une flatterie subtilement hautaine.

Raté, il m’emmerde.

J’évoluais, et on me percevait comme faisant le chemin inverse.

Et c’est très emmerdant d’être infantilisé par des gens qui, bien souvent, sont enfermés dans des mécanismes qui font chier tout le monde en plus de les faire souffrir eux-mêmes.

Largement des hommes, des vrais, la constipation émotionnelle garantie authentique.

Ne paniquez pas, je ne vous ai jamais demandé de changer mes couches.

Au contraire.

La confrérie des buveurs du dimanche soir, c’est bien par ces pratiques que j’en suis sorti.

Il y a une chose fondamentale, que ces camarades ne voient pas, aveuglés par une grille de lecture sociale/sociétale parfois limitante.

Oui, majoritairement, en Occident, le yoga et la méditation sont accaparés par le capitalisme.

Oui ce sont par trop l’apanage des classes dominantes ou au moins moyennes supérieures (ce qui est déjà une nuance).

Oui les structures d’enseignement abritent souvent des idéologies conservatrices si ce n’est débilitantes.

Mais toutes ces couches de merde vous empêchent de percer à jour le cœur du sujet, où réside tout son intérêt : la pratique en elle-même.

Et toutes les possibilités qu’elle recèle.

Vous arrêterez de manger le jour où vous réaliserez que les fachos aussi ont la dalle ?

;

Comment donc ai-je chuté jusqu’ici ?

Je devais changer de vie ou m’arrêter là et croupir.

Je devais laisser derrière moi des années d’alcool, de nuits blanches, de comportements à risques et de relations douteuses. Pendant tout ce temps, j’avais milité, mais les intempéries hasardeuses, inhérentes à ce mode de vie, avaient foutu une part de mes actions en l’air, si ce n’est parfois la plus grosse.

Première chose à faire: quitter la ville.

Après avoir dit au revoir au psychiatre -gratos, merci la Complémentaire Santé Solidaire- qui m’avait fait prendre conscience de toutes ces choses.

J’avais traîné la patte pendant bien trop longtemps avant d’aller en voir un.

Je pensais moi aussi que c’était un truc de bourgeois autocentré, et c’était très pratique pour ne pas me remettre en question et continuer à faire du mal aux autres tout en étant un « vrai prolo » borderline et inefficace dans les luttes.

Hébergés temporairement à la campagne avec ma copine, en attendant qu’un boulot saisonnier ne démarre loin de là, le choc fut rude. Privé de tout repère, isolé dans l’espace, j’avais encore plus soif et la bouche sèche de paroles, quand il y a peu encore, les mots en coulaient avec une abondance cataclysmique, à tord et à travers, dans n’importe quelle oreille.

On se promenait un peu elle et moi, avec sa bagnole.

J’avais pas le permis et dépendais d’elle pour le peu de contact avec l’extérieur.

Attendre que le boulot démarre, c’était ce qu’il fallait faire à présent.

En tachant de ne pas trop déborder.

Mais « Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’il qu’il se prenne un poing dans la gueule. » selon Tyson, hein ?

J’étais resté seul chez nos hôtes -ces derniers étant au travail, comme tous les jours-, quand ma copine s’est faite percutée de face par un type qui faisait la course avec son pote.

Clouée en fauteuil roulant pour quelque temps.

Fini la saison dans les marais salants.

Fini fini fini.

Fini, j’ai dit ;

M’occuper d’elle, avec tous mes problèmes au cul, ici et maintenant.

C’était devenu ça, le plan.

Pas finie la soif ; oh non.

Là, il fallait trouver un truc, ou bien péter franchement les plombs.

Je ne pouvais pas, je ne voulais pas : je l’avais elle.

Pourquoi avoir pensé à toutes ces pratiques à ce moment-là ?

-Question pleine de démêlés.-

J’étais allé voir un ostéopathe sur les conseils de ma copine en qui j’avais toute confiance.

Je l’ai consulté pour un résidu de sciatique due à un emploi, et le courant est passé.

Je lui ai longuement parlé de mon désir de « changer de vie ».

Il m’a alors prêté le bouquin de Fabienne Verdier, « Passagère du Silence », où elle part apprendre l’art de la calligraphie en Chine.

Un long chemin.

Et de fil en aiguille…

Mais que faire, et comment ?

Ma copine avait déjà fait du yoga.

Mais je crois qu’elle n’était pas en état de me montrer.

Un peu technophobe sur les bords, je me détestais d’envisager le recours à une application pour apprendre à méditer, ce qui avait l’air d’être encore le plus simple, dans ma situation.

Je m’y résolu et m’imposai ces 15 minutes par jour qui devinrent rapidement des moments privilégiés au milieu de ce carnage, où tout était rythmé par les repas à préparer, les soins à prodiguer, le logement à entretenir pour ne pas se sentir trop à charge, sans parler des papiers à remplir, cette tonne de papiers, cette tonne de coups de fil à passer à des assureurs qui s’assurent que vous ne ferez pas ce qu’il faut pour toucher ce qu’ils vous doivent.

Dans tout ça, nous ne savions pas dans quelle mesure elle allait récupérer, de corps et d’esprit, ni où aller, ni quand y aller, ni pour faire quoi, ni rien du tout, elle en arrêt maladie, moi au RSA.

Le soir avant d’éteindre, on prit le pli de faire quelques exercices de respirations, avec une autre application.

C’était très simple.

C’était gratuit.

Ça nous faisait du bien.

Et on en avait besoin.

Un rien du tout à partager, au milieu de notre quotidien déchiré par nos craintes, colères et frustrations.

Par la douleur.

On n’avait rien demandé, merde à la fin.

Je faisais un peu de sport, aussi.

Sans se faire mal.

Grâce à tout ça, je me contenais.

En même temps que je découvrais le fait que j’avais un corps.

Ce n’était pas miraculeux.

Il y a eu des débordements.

Mais ça aurait pu être largement pire.

Et je sais que j’attribue correctement les causes et les effets.

Je me connais, et j’en ai fait l’expérience.

Un peu de relâchement, et le bistrot du bourg avait l’air beaucoup moins loin.

Mais forcément, avec un téléphone, j’apprenais de travers.

Comme pour n’importe quelle pratique corporelle, il y a des postures, des mouvements à faire ou à ne pas faire, pour progresser, profiter pleinement, ne pas se blesser.

Un écran ne corrigera jamais vos erreurs.

Les voix dans les écouteurs commençaient aussi à me casser les pieds, et puis je sentais le fond idéologique se glisser au détour de quelques mots ayant l’air anodin.

Même s’il faut être honnête : perdu et seul comme je l’étais, j’ai mordu dedans.

Il était beaucoup plus facile, dans ces conditions, de croire momentanément que mon « bonheur » ou du moins mon niveau de joie ne dépendait que de moi : je n’avais de prise sur rien d’autre. Et vu les circonstances qui nous avaient clouées ici, je ne voulais pas non plus sombrer dans la haine de ces deux types.

Émotionnellement, je ne pouvais pas me le permettre.

Il ne m’était pas encore possible d’essayer de raisonner sociologiquement le pourquoi du comment ces gugusses en étaient arrivés, de leur côté, à ce genre de pratiques.

Il fallait juste tenir bon, rester concentré.

La capacité de concentration, tout ça contribuait justement à la travailler.

Dès que nous avons pu, quelques mois plus tard, nous sommes retournés en ville.

Une autre ville.

Déjà, le plaisir de méditer, même maladroitement, était ancré, et l’habitude construite.

En plus d’avoir éveillé en moi une curiosité profonde pour les origines de cette pratique.

Je voulais apprendre à le faire correctement, avec celles et ceux qui étaient allés aux sources de ce que je m’étais mis à considérer comme un savoir-faire.

Je me suis donc dirigé spontanément vers le dojo bouddhiste du coin, qui jouissait de contacts étroits avec le pays natal de cette spiritualité.

Le Japon, pour le coup, m’étant rapproché du particularisme zen de cette religion.

-Je viens de perdre la moitié des camarades lecteurs de gauche.-

Méditer a commencé à prendre une autre dimension, mais celle-ci nécessiterait sans doute un autre article. Une chose seulement : le premier missionnaire du zen en France, avait compté sur le rationalisme scientifique forcené des occidentaux.

Spontanément, il se présenta à un laboratoire et leur proposa de lui faire passer une série de tests -encéphalogrammes et compagnie- pendant qu’il pratiquerait zazen -la méditation dans le zen, pour simplifier- afin de « mesurer » ses effets.

Il avait confiance et n’en fut pas dédit, de là vient l’engouement occidentalisé pour la réalité « quantifiable » des bénéfices que le corps retire de cette pratique.

(Une deuxième finalement : rien n’échappe à la complexité du réel ; le bouddhisme aussi a ses courants, où vous trouverez des conservateurs, brillants comme toujours par leur originalité, et des anarchistes audacieux -pour l’audace, lire Gary Snyder, « Le Sens des Lieux » ou David L.Roy, « Pour une Révolution Bouddhiste » ; dans ce dernier titre, vous pourrez jouir du compte rendu croustillant d’une querelle théologique à propos des OGM. )

En tout cas, à leur côté, j’ai appris à avoir une posture propre, ainsi qu’à la déployer dans les meilleures conditions possibles -en plus de m’être profondément familiarisé à une autre culture-, c’est-à-dire ce dont j’avais besoin pour décupler le plaisir.

Et le partager.

Enjoué par ces nouvelles perspectives, je suis allé ensuite creuser du côté du yoga.

J’ai appris quelques postures, ciblées sur mes besoins du moment -pour limiter les souffrances dues à mon emploi de manœuvre en maçonnerie.

Facilement attiré par les autres, je suis allé manger « la pizza du mardi », un soir, avec elles et eux.

J’étais curieux de cette manière soutenue qu’avaient les élèves d’écouter la prof pendant les cours -femme d’environ 70 ans, qui proposait des tarifs réduits et ne courrait pas après les séances impayées. Je me demandais ce qu’elle pouvait leur raconter, à l’extérieur, une fois débarrassée des laïus sur les forces cosmiques à l’œuvre pour notre bonheur personnel -à ce moment-là, j’avais déjà vomi ce dans quoi j’avais croqué.

Face à elle pendant le repas, elle m’a dit d’un air entendu, qu’elle voyait bien que j’étais « au courant », tandis que toute la tablée -des gens de la classe moyenne supérieure pour la plupart-, presque penchée jusque dans les assiettes, prêtait l’oreille à ce qui se disait.

-Au courant ?

-Oui, bien sûr. La Main Noire, Les Reptiliens, Les Américains. Tu le sais. Je le vois.

Et tous ces yeux grands ouverts, tournés vers moi qui accueillait fraîchement cette vérité si subtilement distillée...

J’avais envie de rire, mais alors…

Sans doute nerveusement.

J’aurais bien voulu vous y voir.

Je suis resté impassible, ne niant ni ne récriant.

Au bluff.

Les joueurs de poker devraient apprendre à méditer avec les bouddhistes.

Quand j’ai arrêté les cours, avant de quitter cette ville pour une autre, j’ai laissé dans la boîte aux lettres de la prof, le chèque de ce que je lui devais -moins ce qu’elle n’a pas voulu me facturer-, avec une feuille de ginkgo, glanée dans un parc.

Aujourd’hui, je m’y tiens encore.

En semaine, je médite 10 minutes tous les soirs, après avoir fait quelques postures de yoga -10 minutes environ également- en fonction de comment je me sens.

Comment je me sens, j’ai appris à le savoir un peu mieux.

Aujourd’hui, quand je me promène, ça m’arrive souvent de passer ma main, au passage, sur l’écorce des arbres. Comme je mettrais la main sur l’épaule d’un ami, avant de l’aider à fermer le bouton de sa chemise au poignet.

Pour me rappeler qu’il existe et que je peux faire quelque chose pour lui.

Et ce n’est pas plus irrationnel que ce que tu fais, toi, ami qui aime boire ton verre de vin parce que tu es né en France, dans une culture qui sur-valorise un comportement parfaitement destructeur -tu m’étonnes, à 15 millions de bouteille de pinards produites par an rien qu’à Chinon- à la place d’un autre.

Dans un pays où l’on peut même faire de la pub pour ce désastre partout dans les rues -« L’abus est dangereux pour la santé », pas pour la leur, l’essentiel de leur bénéfice se fait sur l’abus (ahah, « l’a bu, l’a pas bu ? »).

En plus, bien souvent, t’as pas l’argent pour en boire du bon, comme pour la bière, et tu engraisses des industriels dégueulasse qui se moquent bien de tes cellules pourrissantes, que tu n’auras bientôt plus les moyens de faire soigner parce que leurs amis auront gonflés le prix de l’aspirateur à cirrhose.

Je ne te juge pas.

Moi aussi je bois de la merde, quand je bois encore.

J’en suis ni fier ni honteux.

Mais je te fais pas chier.

Et si dans ta tête, un mec, ça boit, et que le yoga c’est un truc de nana...

Allez, dis-le, y a un peu de ça, non ?

Pourtant, dans la lutte contre les addictions, ces pratiques font de plus en plus consensus.

Et l’oppression génère des addictions.

Le gros sel sur les plaies ouvertes par le capital.

Combien de tentatives de vies communautaires alternatives se sont cassées la gueule à cause des problèmes engendrés par la dope ? Combien de Black Panthers sont tombés dedans, quand le mouvement eut achevé d’être démantelé ? Combien d’autres encore ?

Combien de temps avons-nous passé, en Assemblée Générale de Gilets Jaunes, à savoir si l’on pouvait ou non boire pendant les débats, jusqu’à ce qu’un des participants se fasse envoyer à travers la porte, par un autre, bien éméché ?

Je n’ai même pas pris le temps de refaire un tour des méfaits concrets que cette substance a sur nous tous et toutes.

Je devrais sans doute.

C’est tellement inscrit dans le paysage, qu’on n’y fait plus attention.

Comme au clochard pour le citadin insensibilisé.

Juste, regardez autour de vous.

-et le documentaire d’Arte, « Alcool : l’intoxication globale ».-

Pour combien de personnes de votre entourage êtes-vous inquiets et inquiètes à ce sujet ?

...

Par ailleurs et tant que j’y pense, n’est-ce pas une religion -que tu honnis- qui a sanctifié ce que tu bois -jusqu’à ce que le glissement se fasse du vin à la 1664 ?

Toi qui en plus de ça, méprise parfois les consommateurs des autres drogue dures -dénomination que, souvent, tu refuses avec acharnement pour l’alcool, disant, pour le coup, merde aux scientifiques-, je serais curieux de voir ce que tu ferais aujourd’hui.

Si Jésus avait transformé une de ses crottes de nez en taz.

Dernière chose.

Navré mais d’habitude tu ne m’écoutes pas alors j’en profite.

Toi, le rationnel, dans les temps de pénurie d’eau à venir, trouveras-tu raisonnable d’allouer autant d’espace de terre et une telle quantité d’arrosage à la culture d’une boisson qui déshydrate ?

Je pose simplement la question...

Comment ça ?

Je voudrais priver le prolo de son plaisir, en plus de le faire culpabiliser !

Allons bon, c’est ça que tu me réponds ?

Le prolo serait donc bel et bien un buveur par nature et non pas un individu construit culturellement et sociologiquement de telle façon qu’il est, à l’heure actuelle, celui en souffre le plus ?

Y a pas moyen de faire autre chose ?

Il boit, c’est comme ça ?

Tu bois, c’est comme ça ?

« C’est comme ça. »

C’est ce qu’on dit souvent, dans les pires tréfonds du milieu du bien-être.

;

Enfin ; maintenant, j’ai le savoir-faire.

Je suis, de ce point de vue là, auto-suffisant.

Ça ne me coûte plus rien.

Plus qu’à m’asseoir.

Et laisser pousser.

Et il y a des économies à faire, sur une autre échelle.

D’argent, et de temps.

Dans un système de santé socialisé.

Qui ferait plus de préventions, en nous donnant des outils, pour laisser le curatif à l’essentiel.

Nous donnant alors plus de pouvoir sur nos corps, et moins pour le médecin.

Pendant le mouvement social contre la réforme des retraites -c’est dingue, je médite, je fais du yoga, et j’ai toujours envie de changer la société tout entière plutôt que de m’en remettre aux forces occultes ?-, il y avait beaucoup de choses à faire, tous les jours, et le sentiment qu’un faux pas n’était pas permis.

Plusieurs fois je suis passé à côté de gestes que je savais être importants.

Des mains tendues ; des prises de paroles.

Des positions à assumer.

Des camarades à soutenir.

Toujours sur de courtes périodes, où j’ai préféré, pendant quelques soirs, ouvrir une bière plutôt que de m’asseoir sur mon coussin, après avoir fait quelques mouvements à l’apparence bizarre sur le tapis.

Les lendemains, j’étais moins dedans, moins à l’aise dans ma peau et avec les autres.

Pas « moins performant », non.

Je me sentais moins bien, c’est tout.

Et quand on se sent moins bien, on est moins dedans.

La vérité est parfois trop simple pour nous qui planons trop haut.

;

« OBJECTION : et la dépendance aux pratiques ? »

-je te sentais mordre ton poing depuis le début-

La dépendance, elle est partout, tout le temps.

On a toujours besoin de quelque chose.

On a même besoin d’air pour respirer.

C’est dingue.

Autant que ce soit de quelque chose qui nous fait du bien.

Plutôt que de la Poliakov du Auchan du coin -qui bien souvent a le culot de bâcher ses rayons après 20h, plus qu’à se ruiner à l’épicerie de nuit.

Quelque chose de choisi et non pas de subi -ne soulève pas cette bâche, tu vas avoir des emmerdes.

Ça tombe bien tiens, méditer, c’est essentiellement respirer.

Reste à ne pas vendre un miracle non plus.

Et à partager ce savoir, sans conditions.

;

En tout cas, j’étais content l’autre jour.

Un copain en pleine galère m’a demandé de lui apprendre.

Je lui ai montré.

On était là, tous les deux, assis face au mur, l’un pas plus haut que l’autre.

Rien que l’air et le bruit de nos souffles.

Après, on s’est bien marré.

On s’est parlé quoi.

Et le mieux, c’est qu’on s’en rappellera.

Bye bye black out.

Tu auras avalé bien des souvenirs ;

Enfin ; à la fin de la journée, on s’est remercié, et il est parti.

Et ça aussi, il pourra peut-être le faire tourner.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.