Tout déséquilibré peut désormais passer à l’acte
Il se fait sentir la très désagréable impression que nous sommes en train de foncer tête baissée exactement là où ON voulait nous amener. C’est à dessein que j’utilise le ON, car, finalement, cette menace est assez indéterminée. Certes les actes sont toujours revendiqués, mais comme c’est, par la force des choses, a posteriori, la revendication ne veut plus rien dire. Les assassins, puisque c’est ainsi qu’il faut naturellement les nommer, font œuvre de terreur d’où l’appellation de terroristes, et, comme gagnés par une espèce de phénomène de mode pervers, font acte d’allégeance à la nébuleuse en vogue. Aujourd’hui, tout illuminé, toute personne un peu borderline peut ainsi trouver, dans son délire, la justification à un éventuel passage à l’acte.
Nous sommes malgré tout responsables
Nous sommes en face, de notre part, d’un déni de responsabilité. Ces « terroristes » ne sont pas le fruit d’une quelconque création externe, ils sont simplement les fruits de notre société, de notre communauté, de notre « vivre ensemble » (oh quel terme affreux et mal choisi !) inabouti : ils se tournent vers l’extérieur pour justifier une existence à laquelle nous n’avons pas su donner de sens. Daesh, l’IS, quelque soit le nom qu’on lui donne, mais aussi Al Qaida, Al Nostra, c’est en quelque sorte nous qui les avons créés ; le processus a pris du temps, quelques décennies, mais il est réel. Nous sommes les victimes de nos propres démons, mais nous ne voulons pas nous l’avouer. Ce qui est curieux c’est que nous l’admettons au plus profond de nous même : on peut en vouloir pour preuve toutes les manifestations collectives post-événementielles qui sont autant d’exercice d’exorcisme collectif.
Une exaltation et des solutions peu utiles
En réaction nous sommes en train de sombrer dans une sorte d’exaltation ultra sécuritaire. C’est la nouvelle bien-pensance : un mélange de crainte, de résurgence du nationalisme, saupoudré de militarisme (mais pas trop) et de compassionnel de circonstance. : il n’est pas de plus mauvaise réponse à la situation actuelle. Il est également difficile, dès que l’on prend un minimum de recul de ne pas regarder d’un œil presque amusé (pour ne pas dire goguenard) cet engouement pour une Garde Nationale qui, au yeux des vrais spécialistes de la chose militaire (ceux qui ne se croient pas obligés de fréquenter les plateaux au titre de « consultants »), ne semble pas opérationnellement sérieuse. Elle sera en fait couteuse, consommatrice non seulement de crédits, mais d’hommes (encadrement et formation) alors que nous avons besoin que ceux dont c’est le métier, (armée, police gendarmerie) puissent être au maximum de leurs capacités opérationnelles (matériels et entrainement).
Il faut « raison garder »
La situation demande donc de « raison garder », de ne pas céder à nos instincts, qu’ils soient superficiels ou profonds, qu’ils soient d’autoprotection voire de survie (supposée). On ne peut pas nier la dangerosité du moment, les lâches attentats sont là pour nous le rappeler mais sur-réagir en permanence c’est courir, par le biais d’une surenchère, à un affrontement interne. Et c’est justement ce que ces gens là recherchent : accentuer le fractionnement communautaire pour que les dites communautés se dressent les unes contre les autres. Les attentats sont autant de micro explosions prélude à l’implosion de nos sociétés dites « avancées ». Parler d’état de guerre comme s’y complait Manuel Valls par exemple est irresponsable, il emploie là un langage que les « nébuleuses terroristes réunies » veulent justement entendre.
En conclusion on ne peut pas, par contre, ne pas considérer les victimes. Elles doivent être l’objet de toutes les attentions de l’Etat. Ce trop long martyrologue ne doit pourtant pas engendrer la paralysie de la vie publique, ne doit pas non plus poser des contraintes à notre vie sociale. La seule réponse à apporter à ces actes, ce bien évidemment ne pas y être indifférents mais c’est avant tout montrer que rien ne peut atteindre une Nation qui se respecte.
Post Scriptum : c’est très certainement hors sujet, mais il y a de quoi être particulièrement inquiets quand on voit ce qui se passe à Nuremberg sur Bosphore. La Porte n’est plus sublime et en tant que voisins… soyons là aussi vigilants !