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Billet de blog 25 novembre 2016

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Gare de l'Est à Paris, des cheminots viennent en aide aux sans-abri

Les SDF, ils les voient « tous les jours, comme des collègues » : des cheminots parisiens, réunis dans l'association Exclusolidaires, ont décidé de venir en aide aux sans-abri. Mardi soir, ils ont organisé leur troisième maraude et distribué des repas aux abords de la gare de l'Est.

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"Doucement, poussez-vous", clame l'un des bénévoles. Autour de lui, plusieurs dizaines de personnes se pressent pour bénéficier d'un repas gratuit, constitué d'une soupe, d'un sandwich, d'un biscuit et d'un fruit, ainsi que d'un thé ou d'un café.

Initialement, les bénévoles avaient prévu de se séparer en trois groupes d'une dizaine de personnes, dont l'un, mobile, pour toucher les SDF les plus isolés. Finalement, ils resteront sur la place, à 100 mètres de la gare de l'Est.

"Nous ne nous attendions pas à un tel afflux", reconnaît Coralie Foucault, cofondatrice et agent de maîtrise à la SNCF depuis 2006. Environ 170 repas sont distribués en un peu plus d'une heure, ainsi que des vêtements.

Car les gares sont des lieux où transitent des voyageurs mais aussi tous ceux qui sont à la recherche d'un abri ou d'un peu de chaleur. 

A l'origine d'Exclusolidaires lancée en octobre, Coraline Foucault et Rachid Maoui, président l'association qui ont eu l'idée d'utiliser le "réseau cheminot, cette grande famille".

Très vite, sur les réseaux sociaux, les bénévoles et les dons affluent, 30 euros en moyenne et jusqu'à 150 euros. "La misère, nous la voyons et la côtoyons au quotidien", racontent plusieurs cheminots pour expliquer cet élan de solidarité. 

Mardi, l'opération a débuté dans l'après-midi. Pendant qu'une dizaine de cheminots s'activaient en cuisine, un autre faisait une maraude pour informer qu'une distribution de repas aurait lieu.

L'objectif : un panier-repas ne doit pas coûter plus d'un euro. L'association ne fonctionne que grâce aux dons.

Dormir dans un TGV

Dans la soirée, profils et nationalités se côtoient et apprécient la nourriture. "C'est fait maison", souligne Mohammed, 30 ans, dont 13 passés dans la rue.

"Certains sans-abri, je les vois tous les jours, ce sont comme des collègues", raconte Rachid Maoui en montrant une photo de lui avec "Jean-Pierre", qui arbore une barbe blanche de "père Noël". Cela fait cinq mois qu'il ne l'a pas vu mais ne s'inquiète pas trop, "cela lui arrive de disparaître mais il revient toujours".

D'ailleurs, parmi les bénéficiaires présents mardi soir, plusieurs vivent à proximité des gares, comme Mohamed : "récemment, j'ai même dormi dans un TGV avec un ami et sa femme." Il n'est pas rare que des cheminots lui donnent un peu à manger. "Cela touche le coeur", résume-t-il.

Delphine a 40 ans et vit dans la rue. Emmitouflée dans son anorak, elle raconte venir souvent dans le coin "pour la sécurité" car elle connaît pas mal de monde. Autant que la nourriture, ce sont les échanges qui "font du bien".

La plupart des membres d'Exclusolidaires sont salariés de l'entreprise publique, mais "la porte reste ouverte à tous" et le projet n'a rien à voir avec l'entreprise SNCF ou un quelconque syndicat.

L'association espère croître grâce au bouche-à-oreille et aimerait, à terme, pouvoir distribuer autour de chaque gare parisienne. Pour l'instant, l'initiative se cantonne aux abords de la gare de l'Est et de la gare du Nord.

En France, en 2012, date de la dernière estimation Insee, il y avait environ 140.000 personnes sans domicile fixe.

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