A l'approche du deuxième tour de l'élection présidentielle de ce dimanche, 20 ans après, je revis avec émotions et frissons ce qui nous tomba dessus ce 21 avril 2002 !
Un tremblement de terre, que nous n'avions pas vu venir ni jamais imaginé (si ce n'est en rigolant, lors d'une fête le 20 avril 2002 au soir)!
Nous venions de vivre les attentats à New York et l'explosion de l'usine AZF à Toulouse au mois de septembre 2001, et toujours traumatisés par ces catastrophes, nous nous réveillions ce lundi matin 22 avril 2002 avec cette terrible et sale nouvelle de voir Le Pen au deuxième tour des présidentielles.
Quel choc, quelle tristesse et quelle colère!
Mon premier réflexe arrivé à mon bureau ce lundi matin, fût d'écrire ce petit texte:
"Une simple histoire de chapeaux
Ce lundi matin, tu étais assis dans le métro pas très loin de moi, ton fils, une casquette Nike visée sur la tête à tes côtés. Toi tu portais un chapeau ordinaire, comme le portent les vieux bien de chez nous, mais on devinait en dessous, les bords blancs d’une coiffe traditionnelle bien de chez vous. Aurais-tu essayer de la masquer maladroitement ?
Vous aviez tous les deux le regard fixé sur le sol grisâtre du wagon. Peut être appréhendiez vous de croiser ceux des autres occupants qui partaient au travail comme toi.
J’aurais aimé croiser le tien dans ce silence pesant ; je ne sais si j’aurais osé te sourire, aurais tu bien compris ?
J’aurais aimé m’approcher de toi, te serrer la main, te dire combien ce matin j’étais mal, combien j’avais honte d’être français.
Je pensais que tu étais peut-être aussi le père d’Aïcha qui avait eu énormément de mal, à cause de ses origines à trouver ce contrat qualif qu’elle effectuait actuellement chez nous.
J’aurais aimé t’assurer qu’énormément de personnes allaient se réveiller et tout faire pour barrer la route à ce putain de gros nuage noir qui avait gâché cette première très belle journée de printemps.
Mais j’étais déjà à la station Jean Jaurès et je suis descendu en songeant à ce chapeau ridicule que tu portais, celui que portent les vieux bien de chez nous et dont beaucoup devaient sûrement s’être couverts pour aller participer à saloper ce beau dimanche.
Je me suis dit qu’avec ta coiffe blanche bien de chez vous, tu aurais été bien plus beau, car elle devait bien mieux aller avec ton beau visage triste."
Puis le lendemain je faisais rapidement cette affiche.

Nous voilà donc confrontés pour la 3ème fois à ce même duel.
Ne nous y trompons pas, il s'agit bien de choisir à nouveau entre l’arrogant libéralisme de Macron et la terrifiante extrême droite de Le Pen. Il y a 5 ans je n'avais pût me résoudre à ce "réflexe républicain" et avais voté blanc.
Ne nous y trompons pas, Le Pen, même masquée en douce amatrice de chats, est la pure héritière de son père et toujours la représentante de l'extrême droite xénophobe, raciste et fasciste. Elle est le plus grave danger pour notre démocratie. Nous le savons, elle ne pourra qu'apporter plus grandes injustices et plus grand cahot à notre pays.
Oui je suis un opposant à Macron (voir à ce sujet mon billet de 2018 : https://blogs.mediapart.fr/kiki-puech/blog/061018/je-ne-vous-aime-pas-monsieur-le-president )
Mais dimanche je voterai avec la plus forte conviction que jamais, de faire barrage à l'extrême droite.
Je le ferai pour mes enfants, pour mes petits enfants, pour mes amis les exclus, mes amis jeunes migrants dont je me suis occupé.