On le sait. On sait qu'Israël colonise sans cesse, s'appropriant au passage des terres, des vies, des paysages, remplaçant des villages troglodytes de pierre, en rangées de maisons phoenix, bâtissant des murs, détruisant des champs d'olivier, bétonnant des puits pour empêcher la vie des Palestiniens.
On sait qu'Israël occupe illégalement des territoires sur lesquels il impose un apartheid ethnique. Les routes truffées de check points pour les Palestiniens (de toute façon leurs voitures sont régulièrement confisquées ou détruites), les routes normales et la circulation libre pour les Israéliens. Les plaques jaunes pour ceux-cis, les vertes pour ceux-là.
On sait (on a lu Stambul) qu'Israël impose la frayeur (hatalat eima) à grand renfort de géants d'acier (bulldozer colossaux, chars, autres blindés, militaires sur-armés). On connait aussi la saisissante fragilité des populations autochtones, désarmées, exposées en pâture aux Caterpillars et JLB occidentaux.
On sait (on a lu Stambul et aussi Cypel) qu'Israël arrête arbitrairement les habitants (maatsar démé), indistinctement, sans autre but que de briser la confiance des habitants multiséculaires de la région.
On a beau le savoir, il faut le voir pour le croire. Voir le courage, la force de vie, côte à côte, de ces communautés soudées et de ces journalistes israéliens engagés. Sortir du film en pleurs, dévasté, espérant un sursaut du monde des humains envers cette dévastation froidement technologique.