Kinka

Abonné·e de Mediapart

14 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 novembre 2023

Kinka

Abonné·e de Mediapart

Revue de presse, éditions du week-end

Le traitement des manifestations du week end favorise de fâcheuses associations "inconscientes" chez le lecteur

Kinka

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu'est ce qui est important ? La manifestation contre l'antisémitisme.

Comment le sait-on ? Parce que les personnalités et les dirigeants politiques y vont (tous sauf LFI et NPA en gros).

Et aussi ?  Aussi parce que la presse en parle.

Ah ? Oui, et pas qu'un peu. France info en parle en continu ce dimanche et déjà intensivement depuis vendredi. Sur le site TV , ce sont 8 articles qui occupent massivement la Une. Dans Libé, 5 des encarts de la Une sur les 8 traitent de la question de l'antisémitisme. Marianne y consacre 2 articles sur 4 en Une, plus la chronique de N. Polony, plus un texte de G. Konopnicki. Le Figaro y consacre 6 articles.

Notons à ce sujet l'inflexion donnée à la question. Le Figaro distingue Marine de Jean-Marie, donne la parole à Zemmour et discrédite LFI. Il titre que la manifestation est "sous haute protection" (les arabes, c'est toujours dangereux, hein ?). On ne peut pas louper l'encart adjoint à gauche de la page qui renforce l'impression : "Qui est Yahya Sinwar ennemi numéro un d'Israël et chef du Hamas à Gaza ?", insinuant le sentiment que ceux qui ne sont pas amis d'Israël sont potentiellement du Hamas.

Le traitement de Marianne de cette marche contre l'antisémitisme invisibilise la cause palestinienne : "Pas de vague, antisémitisme, désindustrialisation... la France vraiment moche c'est celle là" (sous entendu, pas celle qui défend les pires exactions de l'Etat d'Israël), ou encore "Antisémitisme et discours pro-hamas, quand les manifestations pro Palestine en Europe dérapent". On a bien compris l'association, le soutien à la cause palestinienne comporterait en soi un danger. Sur la gauche, les encarts défilent : "Apologie du Hamas, allusion de Mélenchon sur Drahi : le pire des rassemblements pro-palestiniens du 4 novembre", ou bien ""Il faut les rafaler": début du procès d'un projet d'attentat islamiste pendant la présidentielle 2017", ou encore "Haine de l’Occident, soutien au Hamas : le moment de vérité de Recep Tayyip Erdogan". L'association est lumineuse. On retrouve encore en Une cet article désuet : "La multiplication de ces étoiles à Paris signe, simplement, le retour de l’antisémitisme"... Même si ça semble être finalement le contraire...

Libération mentionne la présence de juifs et non-juifs, associe la question de Guillaume Meurice aux encarts de la Une, rappelle qu'un insoumis s'est prononcé contre Israël et évoque par le récit intime, l'enfer des juifs traumatisés du 7 Septembre. Un encart sur LFI en dénonce le déni de démocratie interne. Il en découle une solidarité massive avec le peuple juif, ce qui est louable, mais aussi que les blagues contre les musulmans sont plus admissibles que celles contre un dictateur israélien (Charlie a été mieux défendu par Libé que Meurice). Enfin ces curieuses associations d'encarts laissent trainer une vilaine impression envers LFI.

Qu'est-ce qui est peu important ? Le soutien au peuple palestinien.

Comment le sait-on ? Parce que les dirigeants et personnalités y sont rares.

Et aussi ? Aussi parce que la presse en parle peu en comparaison.

France info y consacre 2 articles en Une du samedi, Libé y consacre aujourd'hui un encart sur la mobilisation...à Londres. Rien dans Marianne, sauf ce "dérapage" des manifestations. Rien à la Une du Figaro.

Il ressort du volume d'informations que le problème du moment est massivement l'antisémitisme. La purge de Gaza en est d'autant invisiblisée.

Il ressort du mode de traitement des informations que le soutien à Gaza est une option dangereuse, qui flirte avec le terrorisme. Ce qui se lit en creux, c'est que les étoiles peintes sur les murs (fussent-elles bleues pour encourager l'Etat d'Israël) sont plus préoccupantes que le génocide de Gaza. Enfin, le grand absent de la question est le dictateur sanguinaire de l'Etat d'Israël, ce fou suprémaciste, qui n'est que le bras armé d'une défense qui apparait comme nécessaire et légitime "quoi qu'il en coûte".

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.