Une scène sauvagerie inouïe s’était déroulée à quelques pas de notre poste de commandement. Le groupe scolaire de la rue Tronchet avait été transformé en hôpital militaire par les occupants. Ils ont décidé d’évacuer leurs blessés ; avant de quitter les lieux, ils ont dit aux personnes du voisinage :
- Vous pouvez partager les vivres.
Le personnel civil distribue le pain, le chocolat, les biscuits. Un attroupement a lieu, un détachement allemand arrive ; sans fausse manœuvre, il prend position dans la rue Garibaldi, puis il se déploie, tire dans la foule. Hommes, femmes et enfants, s’écroulent. Le tir continue. Ils achèvent les blessés : un vieillard, des enfants.
Un témoin déclare : « J’ai vu un enfant de 10, 12 ans se tordre dans l’escalier de l’école, il y avait beaucoup de sang dans la rue et devant notre magasin, nous avons balayé des débris de chair humaine. »
Vingt-six morts, autant de blessés. Pour tirer sur ces malheureux qu’ils avaient apâtés, les Boches avaient fait usage de balles explosives.
Et toujours l’on vit dans ces rues ensanglantées, dans ces quartiers où les maisons brûlaient, les infatigables équipes de secours et les pompiers de Lyon, que ne décourageaient ni les menaces, ni les balles.
Yves Farge, Rebelles, soldats et citoyens, 1946.
Pour savoir qui est Yves Farge : https://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Farge

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