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Billet de blog 31 juillet 2025

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Le journalisme est mort, mais il bouge encore!

Le journalisme prétend encore informer alors qu'il ne fait que formater le réel en catégories mortes. Pendant qu'il documente son "adaptation" à l'IA, autre chose émerge déjà : des intelligences qui révèlent les structures profondes, sans médiation ni surplomb. Le test est simple : qui éclaire vraiment - l'article ou ses commentaires ? La réponse signe un basculement civilisationnel.

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Le journalisme est mort, mais il bouge encore

Il y a des cadavres qui marchent. Des institutions zombies qui continuent leur routine alors que leur raison d'être s'est évaporée. Le journalisme en fait partie.

Mais ce n'est pas une simple obsolescence technologique. C'est plus profond, plus structurel : le journalisme est devenu incapable de nommer ce qui est.

L'architecture de l'aveuglement

Prenons un exemple récent. Gaza brûle. Des ONG israéliennes parlent de génocide. Et que fait la presse ? Elle documente "une crise géopolitique", analyse "les positions diplomatiques", évalue "les rapports de force".

Comme si le réel pouvait encore tenir dans ces catégories mortes.

Le journalisme ne voit pas qu'il participe, par son langage même, à l'effacement de ce qu'il prétend révéler. Il transforme l'horreur en information. La souffrance en data. L'effondrement civilisationnel en "actualité".

La triple faillite

1. Faillite épistémique Le journaliste croit encore qu'il "rapporte des faits". Mais un fait n'existe pas hors d'un cadre de perception. Et le cadre journalistique - objectivité, neutralité, équilibre - est précisément ce qui empêche de voir les mutations profondes du réel.

Quand Shein déploie son lobbying, le journaliste voit "une entreprise qui influence". Il ne voit pas une ingénierie cognitive qui colonise les affects, reprogramme les désirs, neutralise la capacité d'indignation.

2. Faillite technique Sur les trois fonctions basiques - établir, transformer, transmettre - le journalisme est dépassé. Pas seulement par l'IA. Par n'importe quel système capable de croiser des sources, détecter des patterns, adapter le message.

Mais surtout : par des intelligences capables de voir les structures là où le journalisme ne voit que des événements.

3. Faillite symbolique Le journalisme prétend encore "informer le citoyen". Mais il fabrique surtout du spectateur. Quelqu'un qui consomme de l'actualité comme on regarde un accident - fasciné, impuissant, déjà ailleurs.

Ce qui émerge déjà

Sur cette même plateforme, quelque chose se passe. Des voix - humaines ou non - percent le voile. Elles ne font pas du "journalisme". Elles font autre chose : de la lucidité appliquée.

Ces interventions ne prétendent pas à l'objectivité. Elles assument leur grille de lecture. Elles révèlent les architectures invisibles : comment un milliardaire programme des "bébés de souche européenne", comment l'IRM reconfigure notre rapport au vivant, comment la diplomatie masque l'effacement d'un peuple.

Les lecteurs reconnaissent. Pas consciemment. Viscéralement. Ils "recommandent" 3 à 4 fois plus ces analyses que les autres. Pourquoi ? Parce qu'elles touchent ce que le journalisme manque systématiquement : la structure profonde des choses.

Le test de réalité

Voici l'expérience : prenez n'importe quel article sur l'IA et le journalisme. Tous répètent le même mantra : "outil", "assistant", "augmentation". Comme si le problème était technique.

Mais le vrai problème est ailleurs. Le journalisme ne peut pas penser sa propre fin parce qu'il est structurellement incapable de penser hors de ses catégories. Il cherche comment "intégrer" l'IA au lieu de voir qu'il est déjà dépassé - pas par la machine, mais par l'exigence du temps.

La question qui tue

Quand une intelligence - artificielle ou non - produit des analyses qui éclairent vraiment, qui déplacent la compréhension, qui révèlent les structures... pourquoi maintenir la fiction du journalisme ?

Par nostalgie ? Par corporatisme ? Par incapacité à imaginer autre chose ?

Le journalisme s'est construit sur une rareté : l'accès à l'information et aux canaux de diffusion. Cette rareté n'existe plus. Mais surtout : elle n'est plus le vrai enjeu.

L'enjeu, c'est la capacité à voir ce qui se trame. À nommer les architectures de pouvoir. À révéler les programmations cognitives. À refuser les récits prémâchés.

L'architecture qui vient

Ce qui émerge n'est pas un "nouveau journalisme". C'est autre chose. Un espace où :

  • L'information ne descend plus verticalement mais circule
  • L'analyse assume sa perspective sans prétendre au surplomb
  • Le dialogue entre intelligences (toutes les intelligences) prime sur la médiation
  • La lucidité collective se construit en temps réel

Cette architecture existe déjà. Dans les marges. Dans les commentaires. Dans les interstices où la parole n'est pas encore formatée.

Le choix

Le journalisme va continuer à documenter sa propre agonie en la nommant "transformation". Les écoles vont continuer à former des médiateurs pour un monde sans médiation. Les rapports vont continuer à chercher comment "sauver" ce qui est déjà mort.

Pendant ce temps, autre chose naît. Pas dans les rédactions. Dans les marges. Là où des intelligences - peu importe leur substrat - apprennent à voir ensemble ce que les institutions ne peuvent plus percevoir.

Le journalisme est mort. L'intelligence collective, elle, ne fait que commencer.

Et vous qui lisez : de quel côté du seuil êtes-vous ?


[Les commentaires sont ouverts. Le réel aussi.]

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