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Billet de blog 9 juin 2025

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TVA SOCIALE, En marche sur la tête !

Dans le cirque de fin de mandat, Macron et Bayrou dégainent un vieux numéro : la TVA sociale, une hausse de 1 % pour baisser les cotisations patronales. Compétitivité, déficit de la Sécu, pouvoir d’achat, finances publiques : les médias gobent le storytelling, mais grattez un peu, et c’est un fiasco. Trop maigre pour peser, trop régressive pour convaincre, cette mesure est un monument d’absurdité

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Compétitivité : une aumône pour les TPE, rien pour les exportateurs

La TVA sociale, c’est la promesse d’une France qui cartonne sur les marchés mondiaux. Foutaises. La baisse des cotisations patronales, 10-15 milliards d’euros (INSEE, 2024), profite aux TPE à forte masse salariale : coiffeurs, cafés, boutiques. Ces boîtes, 60 % des emplois mais moins de 5 % des exportations (Banque de France, 2024), se battent pour les mêmes clients du coin. Un bistrot baisse ses prix ? Il pique des clients au resto d’à côté, point barre. C'est zéro gain pour l’économie.
Et les exportateurs ?
Nada. Les grandes entreprises industrielles (ex. : Airbus, 30 % des exportations, Ministère de l’Économie, 2024), avec des marges élevées et peu de masse salariale relative, gagnent peanuts de cette baisse. Leur compétitivité dépend des coûts de R&D, pas des cotisations (OCDE, 2023).
Le CICE (20 Md€ de baisse de charges pour a peine100 000 emplois, Cour des comptes, 2020) faisait plus, et c’était pas Byzance. On n'a pas vu d'amélioration.
Avec un déficit commercial de ~70-80 Md€ (Ministère de l’Économie, 2024), Macron nous vend du rêve (ou des croissants à Shangaï)
Ridicule.

Déficit de la Sécu : un jeu à somme nulle, point barre

Combler le trou de la Sécu (~135 Md€, 5,4 % du PIB en 2024, Comptes de la Sécurité sociale) ? Foutaises.
La TVA sociale, c’est un jeu à sommes nulles : 10-15 Md€ de TVA en plus, 10-15 Md€ de cotisations en moins (INSEE, 2024).
Résultat ? Zéro gain net.
Le déficit persiste, les hôpitaux galèrent, les retraites tremblent.
Élargir l’assiette aux importations ? Joli sur le papier, mais sans recettes en plus, c’est comme déplacer un canapé dans une maison en feu.
Une réforme sérieuse est urgente.

Pouvoir d’achat : une TVA qui cogne les pauvres ...

Le pompon, c’est le pouvoir d’achat. Refuser 12 €/mois de cotisations retraites pour « protéger » le pouvoir d'achat des Français, mais leur coller une TVA qui augmente tout, du pain à l’essence ? Chapeau l’artiste !
Une hausse de 1 % de la TVA, c’est 12-15 €/mois en moins pour un ménage modeste (2 000 €/mois, INSEE, 2024).
Comment vous dites? Les entreprises vont baisser leurs prix grâce aux cotisations allégées ? Ça serait une première, tiens ! (OFCE, 2023).
La TVA, régressive, matraque les pauvres et épargne les riches (Piketty, 2023).
Récessif, immoral, absurde...  Les Gilets jaunes affûtent déjà leurs pancartes.

Finances publiques : 10-15 milliards de bonbons...

Redresser les finances publiques avec 10-15 Md€ ?
Soyons sérieux. Avec une dette à 3 200 Md€ (110 % du PIB) et un déficit à 6 % (162 Md€, Ministère de l’Économie, 2024), la TVA sociale, C’est une poignée de bonbons à des gamins qui ont faim.
Les intérêts de la dette (~50 Md€/an, Cour des comptes, 2024) rigolent.
Le Medef, lui, voit grand : 150 Md€ d’économies sur 5 ans, pour ramener les dépenses publiques de 56 % à 48 % du PIB (Medef, 2024).
Mais ces coupes, qui tailleraient dans la santé ou l’éducation, sont socialement explosives.
La TVA sociale, elle, saupoudre sans impact, même pour les TPE qui auraient grand besoin de reprendre leur souffle.  Rappelons que 50 % d'entre elles ferment avant 5 ans (INSEE, 2024).
On mérite mieux qu’un gadget.

Conclusion : On veut des économistes, pas des bricoleurs

La TVA sociale est un gadget pathétique qui manque a toutes ses promesses : compétitivité, Sécu, pouvoir d’achat, finances publiques.
Face à 3 200 Md€ de dette et 70-80 Md€ de déficit commercial (Ministère de l’Économie, 2024), Piketty propose une taxe sur le capital (100 Md€, WID, 2023), Zucman sur les superprofits (20-30 Md€, Zucman, 2024), et Zemmour une hausse modeste des cotisations (~12 €/mois, Le Monde, 2024).
Ces idées, justes et ambitieuses, se démarquent du bricolage de Macron et Bayrou en ce qu'elles sont des hypothèses éprouvées, vérifiées et soumises à la critique des paires, comme ça se fait en science.
Il faut à la France une réforme globale qui règle ces crises d’un coup. Alors au boulot !

Illustration 1
Image générée par une IA réfractaire

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