Votre tribune[1] dénonce que l’Université Paris Nanterre confond vies – ou âmes - et dossiers, annulant l’existence des étudiantes et des étudiants dont les inscriptions sont refusées[2].
Comment ne pas réagir à une telle accusation ?
Non, les personnels enseignants-chercheurs et enseignants qui ont examiné à plusieurs reprises les candidatures en master ne sont pas des gestionnaires de dossiers qui discriminent en fonction de l’origine sociale de l’étudiant ou de l’étudiante. Le parcours du candidat ou de la candidate, ses années d’études précédentes, son projet ont été maintes fois analysés. Quand on part du postulat que l’humain n’est que d’un seul côté, il est sûr que le raisonnement est toujours plus facile. Une université c’est non seulement des étudiants, mais aussi des travailleurs. Leur avez-vous parlé ?
Oui, nous avons inscrit depuis septembre plusieurs centaines d’étudiantes et d’étudiants, même une fois les délais passés. Nous avons inscrit des personnes avec l’accord des commissions pédagogiques auxquelles nous réadressions les dossiers de ces PERSONNES. Et, oui, il y a eu également des refus d’inscription, toujours motivés, dont vous n’avez manifestement pas connaissance.
Une université devrait-elle laisser un syndicat étudiant décider qui doit être inscrit en master ? Une université devrait-elle admettre que des personnes peuvent « négocier » leur place à l’université par un rapport de force ?
Démocratiquement, la réponse est : non. Deux choses derrière ce « démocratiquement » : le traitement égalitaire de tous les recours contre les refus d'inscription pour tous les candidats et toutes les candidates ; le refus d’utiliser le pouvoir du président contre les décisions des commissions pédagogiques adoptées suivant les règles applicables à notre université comme aux autres.
Les mobilisations pour garantir l’accès à l’université sont plus qu’essentielles aujourd’hui, par les organisations syndicales étudiantes ou professionnelles, mais pas en accordant des passe-droits exigés par un syndicat étudiant.
Que votre indignation permette de convaincre qu’il faudrait plus de profs, d’administratifs, de salles de cours, oui ; de convaincre qu’il faut modifier les procédures d’inscription à l’université, oui, mille fois oui ! Pour renforcer et ouvrir les universités.
Mais, comment peut-on encourager à croire que des personnes qui occupent le bâtiment d’un service public en s’enfermant à l’intérieur, en empêchant le personnel d’y travailler, témoignent de leur motivation pour entrer en master ? Ces étudiantes et étudiants montrent de la détermination, oui, mais une détermination à lutter contre une parcelle du service public qui inscrit des dizaines de milliers d’étudiantes et étudiants et construit avec eux leur parcours d’apprentissage et leur vie de jeunes adultes pour la plupart.
Votre tribune soutient des étudiantes et des étudiants dont les leaders construisent leur carrière politique en faisant de l'université de Nanterre un lieu où seul le rapport de force aurait voix au chapitre, en mettant en danger les personnes qu’ils attirent, en manquant de respect au personnel de l’université et en ruinant tout collectif de travail ou de discussion. Les personnes qui se sont vu refuser une inscription sont devenues les faire-valoir d’élues et élus étudiants qui confondent lutte et destruction du service public.
Dossier ou instrument ? Quelle vie que des mois passés à occuper une tour de bureaux ? Aidez-donc à sortir de cette impasse.
L’équipe présidentielle de l’Université Paris Nanterre
[2] https://www.parisnanterre.fr/espace-presse/point-sur-le-refus-des-inscriptions