Mes propos paraîtront sans doute acides à celles et ceux qui ont déjà choisi de soutenir avec conviction la ou le candidat de leur choix. Afin que mon message ne soit pas mal compris - ce qui est facilement le cas lorsqu'on parle de sujets brûlants - j'insiste sur le fait que j'irai moi-même voter, et que j'incite à faire de même, quelques soient les convictions politiques qui se confronteront dans les urnes, et que je respecte, malgré mes plus profonds désaccords avec certaines.
Pour ma part, je ne me fais pourtant aucune illusion sur cette façon de définir une démocratie si elle se résume à ce soi-disant choix en deux tours. La façon dont cette élection est médiatisée, le tri sélectif opéré bien avant que les citoyens aient pu avoir leur mot à dire, les sommes en jeu pour le financement des campagnes et ce qui ressort de toutes les promesses une fois le scrutin passé sont autant de faits qui prouvent que les dés sont pipés.
Surtout, le pouvoir conféré au président sous cette cinquième république, le rendant intouchable et omnipotent durant son mandat, montre bien à quel point cette consultation populaire a tout d'une grotesque farce, camouflant pudiquement les relents monarchiques du pouvoir sous une couche de feuilles de chêne.
Alors quoi? Ne pas voter, pour ne pas prendre part à cette hypocrisie institutionnalisée? Au contraire: ce serait faire le jeu d'une interprétation fallacieuse selon laquelle le peuple se détourne de lui-même de la démocratie puisqu'il ne se saisit pas de son droit de vote. Analyse précieuse pour la mouvance fasciste disposant actuellement de nombreux relais médiatiques qui ne se priveront pas de la relayer.
S'il est une condition nécessaire pour une démocratie, le droit de vote n'est de loin pas suffisant. Glisser un bulletin dans l'urne devrait être le résultat d'un apprentissage politique en vue de l'émancipation de chaque citoyenne et citoyen. En l'absence flagrant de débat construit, après deux ans de fragmentation sociale liée aux confinements successifs, dans un contexte géopolitique plus qu'incertain, et face à la déconstruction méticuleuse de nos services publics, il est difficile d'imaginer quoi que ce soit de tel venant d' "en haut".
Mais ce contexte inquiétant nous impose de prendre nos responsabilités, et d'y voir l'opportunité pour nous de ranimer une mobilisation citoyenne face à tous ces enjeux qui se font de plus en plus pressants. Les nombreuses luttes à mener sont autant d'occasions de retrouver une force collective nous rappelant l'intérêt de la politique lorsqu'elle est le moyen d'expression du peuple, et qu'elle lui permet de reprendre son destin en main.
Face à la peur, qui profitera toujours aux discours haineux poussant au chacun pour soi, à nous de nous mobiliser, d'échanger, de débattre, et de montrer que si nos représentants politiques s'en montrent, eux, incapables, c'est bien qu'ils ne sont pas dignes de nous représenter.
***
La Peste ou le Choléra
Sur les antennes, sur les écrans
A la radio, à la télé
Du smartphone à l’écran géant
Ça tourne en boucle toute la journée
Tous les cinq ans ça recommence
Et cette année une fois encore
Il y a comme une odeur de rance
Qui émane de mon transistor
Quand on nous ressort du placard
Toute une armada de blaireaux
Qui vont dans leurs jolis costards
Se pavaner sur les plateaux
Et ça s’étripe et ça s’engueule
Ca défend sa candidature
Chacun part en délire tout seul
Pour mieux tirer la couverture
Tout ça pour que le bon citoyen
Qui ira voter comme il se doit
Puisse enfin choisir un beau matin
Entre la peste et le choléra
Ils sont pas beaux nos candidats
Tout ce tas de bonimenteurs
Qui promettront n’importe quoi
Pour racoler leurs électeurs
Regardez-les tous ces guignols
Qui déblatèrent toute la journée
Pour prêcher la bonne parole
Au troupeau qu’ils voudraient mener
Et comme ça veut faire de l’audience
Ça part en invectives minables
Quitte à saturer les fréquences
Des pires querelles de bac à sable
Faute d’idée et d’arguments
Mieux vaut tirer à boulets rouges
Peu importe pourquoi et comment
Il faut mitrailler tout c’qui bouge
***
Pendant ces soi-disant débats
De la cinquième puissance mondiale
La nuit, on crève toujours de froid
Sur les quais de la capitale
C’est sans doute la faute des dealers
Des sans-papiers, des étudiants
Ou que sais-je encore des chômeurs
Des fonctionnaires, des musulmans
Ou d’ces fainéants qui n’ont pas l’air
D’avoir compris quelle est leur chance
De trimer pour des actionnaires
Qui s’engraissent dans l’indifférence
Mais sûrement pas de ces escrocs
Qui piochent dans les caisses de l’état
Les milliards dont ils font cadeau
A tous leurs potes du patronat
Tout ça pour que le bon citoyen
Qui ira voter comme il se doit
Puisse enfin choisir un beau matin
Entre la peste et le choléra
Tiens, puisqu’on parle des patrons
Parlons de ceux qui des médias
Ont étranglé les rédactions
Pour saboter tous les débats
Tu l’auras remarqué je pense
Ca fait déjà bien quelques temps
Que le fascisme fait tendance
Dans les éditos du moment
Celles et ceux que cela surprend
Apprendront peut-être un peu tard
Que comme on le lit noir sur blanc
Dans les pages des livres d’histoire
Les capitalistes ont toujours
Apprécié l’ordre que procure
Pour leurs p’tites affaires les recours
A une guerre ou une dictature
***
Alors quand les priorités
Des campagnes électorales
Sont l’ordre et la sécurité
Du dogme néolibéral
La planète peut toujours cramer
Et nous avec, ils s’arrangeront
Pour tailler leurs parts de marché
Sur les cendres qui resteront
Et si jamais t’es pas content
Que tu ne crois plus leurs promesses
Ou que tu l’ouvres un peu trop grand
Ils t’enverront leurs CRS
Ils te mettront la gueule en sang
Puis ils condamneront la violence
Le bruit des bottes ça fait longtemps
Qu’on l’entend dans les rues de France
Tout ça pour que le bon citoyen
Qui ira voter comme il se doit
Puisse enfin choisir un beau matin
Entre la peste et le choléra
Alors que faire de cette farce
De démocratie en deux tours
Dont il faut se faire le comparse
A chaque fin de compte à rebours ?
Si face à tous ces clowns en lice
La grande gagnante c’est l’abstention
Il faudrait peut-être en coulisse
Qu’on se pose les bonnes questions
Moi j’attends toujours naïvement
Qu’on comptabilise mes votes blancs
Mais qui pourra croire sincèrement
Que ça viendra d’un président ?
Au fond, au pays des lumières
Quand on veut changer de système
La meilleure façon de le faire
Reste encore de le faire soi-même
***
Pourtant rien n’est écrit d’avance
Si les pires alliés des tyrans
Restent la peur et l’impuissance
Elles peuvent très bien changer de camp
Quand la colère forge l’espoir
Souviens-toi bien qu’en ton pays
Personne ne s’attendait à voir
Tomber si vite la monarchie
Or de l’espoir il y en a
Pour peu qu’on trouve le courage
De celles et ceux qui ont déjà
Su mettre le cœur à l’ouvrage
Alors voter, bah pourquoi pas
Ça n’demande pas un gros effort
Mais pour arracher quoi que ce soit
Faudra sans doute frapper plus fort…
...que de faire comme le bon citoyen
Qui ira voter comme il se doit
Pour enfin choisir un beau matin
Entre la peste et le choléra
La Peste et le Choléra
Paroles et musique de La Cigale
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