En plus de la suppression des régimes spéciaux de l’Opéra de Paris et notamment de celui du Ballet, le budget du ministère de la Culture est lourdement impacté par la réforme des retraites. En effet, le ministère de la culture est mis à contribution pour financer des dépenses sociales dues à la réforme. Les intermittents vont être particulièrement pénalisés.
Dans le système actuel, le montant des pensions est calculé à partir des 25 meilleures années (jadis, c’était les 10 !). Le système par point que veut mettre en place le gouvernement prendra en compte toute la carrière. Cela va être très défavorable à tous les précaires. Dans nos métiers, selon les conjonctures culturelles, nous connaissons des hauts et des bas, et si la réforme passe, ces derniers vont nous coûter cher ! La CGT spectacle a calculé que 5 mauvaises années occasionneraient 12 % de baisse des pensions, et que pour les plus précaires d’entre nous, cela pourrait aller jusqu’à 70 %. Pour les périodes de chômage indemnisé, le gouvernement promet des « points de solidarité », sans préciser combien et comment. Pour les artistes auteurs, la situation n’est pas meilleure. Avec un système de cotisation unique fixée à 28 %, ce serait pour les auteurs une hausse considérable des cotisations, pour des pensions plus basses ! Selon une étude approfondie que l’auteur de ces lignes a menée sur ses propres « notes de droits d’auteur » (l'équivalent d'une fiche de paye pour les compositeurs, plasticiens etc.), les cotisations sont d’environ 12 %, mais cela varie selon les revenus de l’auteur, si on en croit les conférences de l'APM 4.
Sachant les dégâts catastrophiques que cette réforme engendreraient pour les travailleurs de la culture, la réforme prévoit que le ministère soit mis à contribution : 350 millions d’euros par an seront prélevés pour financer les hausses des cotisations des artistes-auteurs et l’abattement des intermittents (encore une autre histoire...). Une somme considérable pour le budget du ministère de la culture, qui est , hors audio-visuel public, de 3 milliards d’euros. Et surtout, c’est un jeu de « caisses musicales » farfelu et précaire, soumis aux fluctuations budgétaires. A ce jeu-là, fort peu fair-play, on peut s’attendre à ce que beaucoup d’entre nous soient vite éliminés...