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Billet de blog 9 mars 2014

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On the road again

la maison est videelle est à la fois vide et pleinepleine de souvenirs et des souffles des ancêtres qui y ont vécu

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

la maison est vide

elle est à la fois vide et pleine

pleine de souvenirs et des souffles des ancêtres qui y ont vécu

cette maison qui a abrité cinq générations est d’une merveilleuse beauté dans sa séduisante nudité

je ne l’avais jamais vue ainsi car je l’ai toujours connue meublée, bibelotée, parée

je vois pour la dernière fois les cheminées, les carrelages à la mosaïque compliquée, l’extravagante baignoire en béton

je caresse sensuellement la rampe de l’escalier en orme, quand j’étais petite je pouvais en sauter dix marches d’un coup, ma grand mère pensait à chaque fois que j’allais me rompre le cou

j’étreins mon cerisier  je lui murmure tout mon amour

les arbres du joli-bois-joli pousseront sans moi

ce n’est plus ma maison

sois bienveillante avec tes nouveaux habitants

j’embrasse les briques tièdes de ton mur sous le soleil de mars

au revoir royaume chéri et édenté

je ferme ta grille marron rouillé bien sûr tu te coinces j’ai l’habitude

je n’ai plus tes clés

vis bien ta nouvelle vie avec les nouveaux venus

pour fêter l’événement je pars en baie de Somme voir quelques phoques assoupis sur un banc de sable

le soir tombe et  le soleil m’offre un de ses flamboyants couchers de soleil

imparable beauté

je me sens d’une légèreté infinie

j’ai enfin coupé le cordon ombilical

j’ai seize ans j’ai dix ans je suis une enfant qui va naître et découvrir le monde

l’enfant attendu l’enfant espéré l’enfant à aimer

tout est de nouveau possible

je danse dans les rayons rouges du soleil

je danse je ris je souris

ô que j’aime cette vie

je n’ai jamais été aussi libre

je prends la route

elle est à moi je la taille je la croque je me l’embastille je me l’incruste dans le cœur et  les jarrets

je suis prête à toutes les folies, les gourmandises, les excès, les éclats, tous les possibles

je cueillerai des soleils borgnes et t’en ferai un bouquet

je laisserai les coyotes m’arracher le foie

je caresserai des hommes sans foi ni loi

je planterai des arbres dans des pays à inventer

je donnerai des larmes à ceux qui ne savent plus pleurer

je crierai dans le désert la colère des femmes oubliées

j’ai des millions d’enfants à bercer

je te croiserai

ou pas

nul ne sait

veux-tu que  je t’emmène avec moi dans cette minuscule épopée ?

veux-tu de mes mots qui te feront naviguer ?

es-tu prêt ? je vais bientôt toquer à ta porte et te colporter par le menu les menus riens que j’aurais glânés prépare la soupe le pain le lit tes mains tes onguents

je suis ta nomade

je prends la route et ne la rendrai jamais

 ( pour prendre la route, m'emplir les  esgourdes de On The Road Again, chanson de 1968 du groupe Canned Heat, ils m’ont toujours donné des fourmillements et des impatiences dans les jambes, le chanteur a une voix incroyable )

là, un très chouette montage vidéo  : http://vimeo.com/33854665

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