La soumise indécise crisse sous la dent et ne se défend
La vieille femme, usée, prend
La gosse dans ses bras lézardés
Le fauve à ses pieds lèche un rêve emporté
Là-haut, là-haut dans le ciel calme se jouent batailles
et rages
L’eau coule encore, rouge
A très petits bouillons
Il faut nourrir l’essaim, réconforter les siens
La reine préfère l’envol, se noie dans les nuages
Folle
Un arbre, au loin, croise un roi à peine mage
Un corbeau nargue les cygnes noirs et blancs dans leur nage
Au cordeau, la terne terre réclame des corps
La coupe sacrée attend la lance qui la fera vibrer
L’or se cache, il sait qu’il doit se faire discret
Pour lui les hommes toujours partent guerroyer
L’homme sculpte un lit pour sa belle endormie
De dune en dune la vie recule
Je suis scorpion, onyx, cristal, Hercule
Donne-moi tes errances, donne-moi tes souffrances
Lèche lèche mon cœur , lèche lèche mes plaies
Couleur brique, âme papier froissé
Berce berce contre ta peau, creuse vers l’or, vers l’eau
Ecoute écoute
La plainte des bateaux qui ont perdu leur port
Et la crainte des ports de perdre leurs bateaux
Ecoute le vent qui arrache les vaches et les jette vers le nord
Ecoute
Un enfant qui geint, des canons qui éclatent
Invente invente un nouveau monde où l’enfant dormira
Où l’enfant dormira dans le moi retrouvé, dormira dans la paix
Cueille cueille les derniers ananas, l’enfant a soif
Tu lui avais promis
Les arbres gourds et lourds dans leur gangue argileuse
S’empêtrent dans leurs ailes, dans leurs nœuds, dans leurs nids
Ils veulent avancer dans l’aurore encore fraîche et butent
Comme les mots quand ils préfèrent mourir
La terre a soif, la terre craque, en a sa claque, les fusils claquent
Le ciel s’embrase une dernière fois la nuit fera la loi
Le silence se pose sur les dunes aplaties et la femme chante
C’est l’heure creuse, l’heure où la voix ralentit
Où la peur cède du terrain
Les lions sont fatigués et ne veulent plus chasser, ils rêvent
Des rêves de chatons
La femme chante, ses mots sont caresse, onguent, linament
Elle chante l’eau, les arbres, la vie, ses frères, les fruits
Le feu, les graines, l’argile, les draps, les semailles
Les naissances, les étoiles, la course des vents , la mort le vivant
Les temps anciens où les anciens prenaient le temps
Pulsations sourdes
Le coeur de la terre bat sans montrer d’impatience
Feu, magma, bouillonnements, bulles, gaz, explosions, geysers, crachats, oreillette, ventricule
Ici ou là, c’est bien là, ça bat
Des libellules enivrées de leur audace bleutée se jettent dans la bouche de crapauds accouplés
La femme chante et le monde se tait
Donne-moi tes noirceurs, donne-moi tes bonheurs
Donne-moi tes rigoles, donne-moi tes corolles
Donne-moi tes écrins, donne-moi tes demains
Donne-moi tes fièvres, donne-moi tes lèvres
Donne-moi tes linceuls
Donne-moi tes
Donne-moi
Donne