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Billet de blog 14 novembre 2016

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Bon alors Léonard c'est quoi c'bordel ?

Aïe Aïe Aïe ! Tu es parti, mon beloved, la veille de l'élection de Balayettàchiott ! Dur dur

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Illustration 1
Chapeau l'artiste

Bon, là le poète, tu fais iéch. Quand on meurt, on laisse une lettre d’adieu ! C’est ton disque ta dernière lettre d’adieu, je sais, et je viens de le commander au gros mec en rouge avec une barbe et une hotte qui exploite honteusement un troupeau de bêtes à bois.
Pourquoi que t’as imité David Bowie ? Vous êtes malades, fatigués de vivre, souffreteux, vous nous fabriquez courageusement un ultime disque de vos chansons, vous donnez quelques interview et paf ! vous dévissez, vous vous barrez dans l’après. C’est bien mignon l’après mais nous, maintenant ? T’y as pensé Léonard ?
Tu te rends compte que t’as mis les voiles un peu avant le moment où Balayettàchiott’ a été élu président des USA ?  J’espère que tu étais déjà dans le coma ou un truc comme ça et que tu n’as pas vu arriver ce truc-là.  Ou bien cette hypothèse a précipité ton trépas. Trépas là, tréplus là. Merde alors. Va me falloir du temps pour digérer cette nouvelle. Deux exécrables nouvelles à absorber en 24 heures !
Y en a qui disent que tu nous as laissé tes poèmes et tes chansons et ta belle voix grave et sensuelle et qu’elles éclaireront notre chemin de ténèbres, voui, c’est pas faux, et qu’ainsi tu es toujours bien vivant en nous. Ca console. Un peu, un peu seulement.
Mais moi Léonard, tes chansons elles me déchirent le coeur. Je les aime autant que je les déteste car je suis incapable d’en chanter une jusqu’au bout, puisque je chevrote et chiale avant même le milieu !
Tu as été présent, à mes côtés, toute ma vie d’adulte, quasi. Déjà, quand j’ai commencé de massacrer quelques touches de mon piano et que je tentais, entre deux fausses notes de plaquer les bons accords glissants de tes mélodies sur mon clavier enlarmé. Je ne m’accompagnais pas au piano, c’est toi qui m’accompagnais. Tu étais là au mariage de mon fils et de sa compagne, et avec mes enfants musiciens, nous avons chanté Suzanne, j’ai même réussi à aller jusqu’au bout sans chevrotitude.
Je suis allée te voir à Bercy, en 2013, pour fêter mon retour à la vie, et là tu m’as scotché, deux heures et demie de concert, ta longue silhouette infatigable coiffée de ton chapeau noir, souriant, dansant, gambadant comme un jeune cabri, et toujours cette voix qui me chavire le dedans, ces textes qui me font dire que tu aurais pu recevoir le Nobel de littérature avec Bob Dylan.

Ta vie ? C'est un roman fleuve. Tu as fait valser les femmes, le vin, les drogues, ton public. Tu es devenu un moine silencieux et zen au Mont Baldy en Californie. Tu as gagné plein de fric, tu en as perdu plein, et pour clore ce torrent de vie, tu es enterré selon les rites de la religion juive, auprès de tes ancêtres. Quelle santé, Léonard !
J’aurais tant aimé
être Marianne Eylen
et te rencontrer
sur une île hellène
pour t’aimer follement  et
être aimée de toi
J’aurais renoncé
à vingt ans de vie
pour une nuit d’amour
une nuit de détours
plonger dans tes yeux
nager dans l’amour
Hallelujah
Hallelujah
Hallelujah
Hallelujah
J’aurais bien aimé
faucher la faucheuse
arrêter son bras
te prendre dans mes draps
et puis te bercer
pour t’apaiser
J’aurais murmuré
quelques mots d’amour
j’aurais fabriqué
un onguent velours
pour que tu t’envoles
sans aucun regret
Hallelujah
Hallelujah
Hallelujah
Hallelujah
Va en paix, l’artiste. Hineni, hineni ! Adieu, mon ami, mon lover, mon fidèle. Merci. Du fonds du coeur merci. Je lève mon chapeau et te salue avec toute ma tendresse. Tu fus grand et tu resteras grand. Bon voyage mon pote ! Et reviens-nous sous une forme ou une autre, il nous faut de la beauté et de la bonté dans ce monde de brutes. Alors, choisis la bonne enveloppe ! Et sache que je continuerai de chialer en te chantant.

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