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Billet de blog 15 février 2013

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Le trois-fois-rien

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a le rien. Et comme on n’a rien sans rien, je vous propose le trois-fois-rien. Rien et rien et encore rien. L’excellence, la transcendance du vide. C’est quoi le trois-fois-rien ? Oh pas grand chose. Il est parti de rien, de peu de choses. Pour le réaliser, Il faut réunir quelques riens qui gambadent ensemble dans la cour de nulle part. Qui dit nulle part ne veut pas dire nul être. Comment un être peut-il être nul d’ailleurs ? A part ce nul, qui n’en est pas un, et ce rien qui est un début de quelque chose, il y a le vide. De part en part. Le vide, la vacuité, le rien translucide, nous les connaissons et nous en avons souvent horreur. La nature a horreur du vide, dit Thon. Nous faisons partie de cette nature et nous détestons le vide dans lequel nous avons peur de sombrer, corps et vide mêlés.

Au début, il y avait le rien, et nous avons inventé le tout. Tout ou rien. Le choix est vite fait pour 99,99% de l’humanité. Ce sera le tout. Pour déjouer les pièges de ce vide qui menace de nous engloutir, nous achetons et dépensons sans compter quand nous avons de l’argent à dépenser et nous rêvons d’acheter et de dépenser sans décompter quand nous ne sommes pas argentés.  Ainsi, nous remplissons le vide des cubes de nos maisons et de nos appartements de pléthore d’objets tous plus inutiles les uns que les autres. Qui a besoin de quarante  pull-overs, de treize pantalons, de trente-quatre paires de chaussures, de mille livres et bande dessinées, de six cent dvd et cd, de vaisselle pour servir des plats à un régiment, de deux  four-décapsuleur-cafetière-repasseur-réveil-rechargeur de batteries au prix exorbitant, de deux voitures et de billets d’avion pour aller contempler au bout du monde la misère à laquelle, ouf ! nous avons échappé, nous  les bienheureux ?

Et quand nous sommes installés au milieu de cet océan d’objets, nous croyons être en paix, avec nous-mêmes. Nous sommes fiers d’avoir remonté, avec succès,  le temps et résolu l’immense question de la sécurité qu’ont connu nos ancêtres quand ils cherchaient une grotte, des feuillages pour se coucher et nidifier, à l’abri des tempêtes et des bêtes furieuses. Et comme ce trésor accumulé de génération en spéculation boursière ne saurait nous être enlevé brutalement, nous achetons des armes et des systèmes de sécurité. Ëtre en paix avec soi même signifierait donc être en guerre avec l’autre … qui regarde d’un air gourmand, votre maison blindée, votre femme, votre voiture lustrée. Pan t’es mort, c’est pas pour toi, va crever ailleurs, gueux. Si le gai rit donc, le gueux pas guéri de ses envies vous poignarde et vous vole. Tuons-le avant même qu’il n’ait l’idée de vous regarder avec fureur et de vous prendre votre trésor.

Comme nous sommes arrivés frénétiquement au plus que tout, au toujours plus de tout, il est urgemment temps d’encenser le rien.

Ce trois-fois-rien, lui,  est le seul objet, entièrement tricoté maison en grillage à poules et bambou local.  Le bambou a été choisi pour ses qualités festives et joyeuses, car ne dit-on pas poser un bambou, là ?...

Il est simple et sans tralalas, incarnation grillagée de la décroissance.  Il a été décoré, selon l’inspiration,  de quelques brimborions et douceurs pour atténuer la rugosité du support.  C’est que c’est très facile d’habiller un trois-fois-rien, il s’habille d’un rien. Le trois-fois-rien est unique, mais vous aurez du mal à y ranger votre tunique, car ses dimensions sont modestes. Vous pouvez bien sûr le défilocher et lui donner une autre forme, par exemple, si vous avez envie de faire un enclos pour votre poule. Il est recommandé de choisir alors une poule très, très, très petite. Il peut vous servir de sac à main et d’accrochoir à boucles d’oreilles, de vide-bête et  de pense-poches.

Pour ceux qui voudraient passer commande d’autres trois-fois-rien, à offrir à des amis ou à de la famille, rien de plus facile, il en vous coûtera presque rien. Dites-moi quels riens vous voulez que je rassemble et ce que vous voulez y poser.  Des rêves effilochés qui se glissent nerveusement entre les trous, vous échappent, et reviennent, vous frôlent, vous oublient  comme vous les avez oubliés ? Des mots d’amour à retisser ? Des chuchotis de chamanes ? Des plans de cabane à dos d’âne?  Des pieds de vers de poètes à délivrer ? Des grimades et des poilades? Des étoiles enrubannées? Des écharpes de vent ? De douces mousses ? Des caresses de paix et d’écume argentée ?

Tout est possible avec le rien. Absolument tout.

 Il est des fées et des anges qui m’ont mise à l’abri, pour quelque temps. Ces trois-fois-rien voguent vers vous, je prends mon temps, c’est que c’est long à faire, mine de rien … un trois-fois-rien ! Baisers de nulle part et  d’autre part, j’y repars.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.