Rappelez-vous, le jour de l’investiture d’Obama, une poétesse, Elisabeth Alexander, est venue lire un de ses poèmes
Pendant ce temps les journalistes de la 2 péroraient et ricanaient pendant qu’elle lisait…
A titre de comparaison le jour de l’investiture de qui vous savez…Fouquet’s !
Pas de poème notable n'a été écrit ce jour-là là-bas.
Si les Etats-Unisiens, imbibés de religion, cultivent assidument des émissions télévisuelles dédiées aux religieux, à la religion, à la religiosité, aux tribuns sectaires; si les Etats-Unisiens, imbibés de culture cowboyesque, cultivent l’art de dégainer leurs incomptables colts, et de dézinguer à tour de bras leurs compatriotes, surtout s’ils sont noirs et pauvres, en les envoyant dans les corridors de la mort; ils savent aussi, dans le même temps, donner toute leur place aux poètes, et on ne compte pas le nombre de chaires de poésies dans les universités américaines.
J’en veux pour neuve preuve ( comme la preuve est toujours par neuf on dit alors que c’est une preuve neuve) ce site de la euh.. vulgarisatrice de poésie Madame Kim Rosen. Cette dame sillonne les routes de son vaste pays et celles d’autres pays pour promouvoir la poésie, et pour célébrer les poètes. Elle s’est attelée avec émotion et avec une violoncelliste à un poème de Derek Walcott, grand poète Saint Lucien.
Love After Love
The time will come
when, with elation
you will greet yourself arriving
at your own door, and in your own mirror
and each will smile at the other's welcome,
and say, sit here. Eat.
You will love again the stranger who was yourself.
Give wine. Give bread. Give back your heart
to itself, to the stranger who has loved you
all your life, whom you ignored
for another, who knows you by heart.
Take down the love letters from the bookshelf,
the photographs, the desperate notes,
peel your own image from the mirror.
Sit. Feast on your life.
L’amour après l’amour
Le temps viendra
Où, avec allégresse,
tu t’accueilleras toi-même, arrivant
devant ta propre porte, et dans ton propre miroir,
et chacun sourira du bon accueil de l’autre ,
et dira, assieds-toi. Mange.
Tu aimeras de nouveau l’étranger qui était toi.
Donne du vin. Donne du pain. Redonne ton cœur
à lui-même, à l’étranger qui t’a aimé
toute ta vie, que tu as négligé
pour un autre, qui te connaît par cœur.
Descends de l’étagère les lettres d’amour,
les photos, les mots désespérés,
détache ton image du miroir.
Assieds-toi. Régale-toi de ta vie.