Fakir lance une grande opération Touche pas à mon pneu ce jour au moment où le maire d’Amiens, Monsieur Demailly, fait ses vœux au cirque.
A 17h30 une douzaine d'activistes à l'aide des copains de la Boite sans projet, se poste devant le cirque où se déroulent les voeux du maire.
A nos côtés, les ouvriers de Goodyear, qui distribuent leur lettre à la population amiénoise.
Personne n'échappera à notre maillage.
Bien-sûr, M Demailly sera le premier servi...
Le « non » de la fierté
La faute initiale, les ouvriers de Goodyear l’ont commise le samedi 20 octobre 2007 : « Pour donner un avenir au complexe d’Amiens, acceptez-vous ce projet qui devra être finalisé par un accord avec les représentants du personnel ? » Voilà la question que la direction de Goodyear-Dunlop a posée, par référendum. Avec, dedans, un chantage clair : c’était « oui » ou le désastre. Et le directeur menaçait encore plus franchement : « C’est au prix de ce plan que nous pourrons garder des emplois en France. » Ce « plan de modernisation » – la régression sociale porte toujours de jolis noms – ce « plan » prévoyait 450 suppressions de postes, un temps de travail qui augmente, et le passage en 4x8. Malgré ces intimidations, les salariés ont voté « non ».
Non à 64 %. Oui à 75 % parmi les cadres – qui n’auraient pas eu à le subir. Non à 75 % parmi les ouvriers.
C’est ce refus, aussi, sans doute, qui a précipité le choix d’une fermeture. Ce refus, présenté comme une honte – « ils ne s’adaptent pas… ils ne veulent pas travailler… » - nous devrions l’éprouver comme une fierté. Et ce refus devrait redoubler notre solidarité à l’égard de ces voisins.
Car mesurons le paradoxe.
Les machines ont permis d’augmenter la productivité dans les usines de pneumatiques : c’est, au fond, une bonne nouvelle, qu’il faille moins d’hommes ou moins d’heures pour produire autant. La consommation de pneus baisse, un peu, pas énormément mais un peu, en France : c’est, au fond, une bonne nouvelle pour la planète. Mais de ces deux bonnes nouvelles, le système parvient à faire une très mauvaise nouvelle : la concurrence entre les travailleurs se renforce, entre eux et avec les pays à bas coût, et on les contraint soit à accepter des reculs, à casser encore davantage leur rythme de vie, leur sommeil, leur famille, soit à perdre leur gagne-pain.
Le cas des Goodyear, leur « non » franc et massif, devrait être, pour nous, un point de départ vers autre chose, et qui ne relève pas du rêve : que le progrès technologique, le progrès écologique servent le progrès social. Que, par exemple, si on a besoin de moins de pneus, et de moins de temps pour les produire, les ouvriers travaillent deux ou trois heures de moins, ou encore que cesse cette aberration, le travail de nuit.
C’est une question essentielle que les Goodyear posent à chacun : de quelle société voulons-nous ?
Et des militants de la CONF’ occupent et démontent les bâtiments construits illégalement par Mister Ramery et ses acolytes-associés dans le projet démentiel de ferme-usine des mille vaches dont je vous ai déjà abondamment parlé.
La lutte autour de la ferme des 1000 vaches continue. Pour ceux qui ne connaissent pas l’affaire : http://www.reporterre.net/spip.php?article5220)
Les paysans de la Conf’ démontent les bâtiments illégaux des 1000 vaches
Une centaine de militants de la Confédération paysanne bloquent ce matin le chantier de la ferme-usine des 1000 vaches à Drucat dans la Somme. Ils se sont menottés aux poteaux du bâtiment principal, symbolisant par ce geste les conséquences désastreuses de ce projet sur leur avenir. Ce bâtiment, comme tous ceux qui ont été construits ces derniers mois, n’est pas conformveau permis de construire. Une demande de permis modificatif a été déposée en préfecture. L’Etat, via le ministère de l’Aménagement du territoire, a donc les cartes en main pour mettre fin à ce projet mais nos sollicitations restent sans réponse.
Les paysans prennent donc leur responsabilité pour stopper le chantier en le démontant.
Des bâtiments plus grands, plus hauts, déplacés… Le sentiment d’impunité de Michel Ramery semble être sans limites. Une absence de réaction aujourd’hui démontrerait clairement le choix fait par le gouvernement : celui des nantis qui s’enrichissent sur le dos des paysans. L’association de riverains Novissen a déposé un référé pour que la demande de permis modificatif ne soit pas acceptée. La Confédération paysanne soutien cette démarche.
Au-delà, si Michel Ramery se croit tout permis grâce à ses amitiés politiques, il doit comprendre qu’il fait erreur. L’Etat, comme l’a promis le sous-préfet d’Abbeville, doit faire respecter la loi : stopper le chantier et détruire les bâtiments non conformes.
Dans un second temps, les sénateurs et les députés qui étudient en ce moment la Loi d’avenir pour l’agriculture, devront intégrer dans le texte un encadrement strict des montages sociétaires qui permettent à certains de s’agrandir aux dépends des paysans fiers de leur métier et qui doivent pouvoir en vivre.
La ferme-usine des 1000 vaches est un symbole. Stopper ce projet ne peut être qu’une première étape. L’Etat doit prendre ses responsabilités pour donner un avenir aux paysans, pour que les territoires ruraux retrouvent leur dynamisme, pour que l’environnement soit respecté, pour que les consommateurs aient accès à une alimentation de qualité. L’industrialisation de l’agriculture est peut-être le moyen de retrouver quelques fractions de points de croissance, mais elle détruira tout sur son passage.
Je suis fière de vous, mes potes et poétesses de la Somme