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Billet de blog 16 septembre 2011

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L'-AC

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La journée avait plutôt bien commencé. Le soleil, vert orangé , m’annonçait une belle journée. Le porridge , parfait. La douche , à l’exacte température. Le thé brûlant et parfumé comme je l’aime. La vieille chatte traîna jusqu’à moi ses pattes arthritiques en faisant semblant de ne pas avoir mal, car elle savait que je ne supportais aucune manifestation de douleur. Ma vie était idéale, parfaitement maîtrisée, minutée, sans éclats ni anicroches . Tiens il me revient que je dois crocher du linge. Mais je ne m’appelle pas Annie. N’en concluez pas que seuls les Annie crochent du linge. Ne me demandez pas pourquoi par chez moi on dit crocher du linge. C’est comme ça . Rien à redire. Crocher est un synonyme d’accrocher. Il manque juste l’-ac.

Je me dirigeais vers l-ac. C’était une promenade que j’affectionnais particulièrement. J’emmenais l’absence de chien se promener. Mon chien était mort depuis dix-sept mois maintenant mais je continuais de le promener, de promener l’absence de mon chien . La laisse se laissa emmener et me suivit, fidèle comme une ombre, l’ombre de son ombre, l’ombre de sa patte, l’ombre de mon chien. .

Quand il m’avait quittée, Jak, il avait réclamé le chien. « COUAC ?? » que j’avais dit. Je l’avais dit quarante fois. C’était le couac 40 . Au quarantième couac, mes larmes enfin s’échappèrent , rugirent , rougirent , mugirent . Le quarantième fut mugissant. Je crus sombrer.

Ro, en revanche, n’avait pas pipé mot. Elle somnolait, monomaniaque. Mais j’y reviendrai. Le lac n’avait pas bougé d’une ride depuis ma visite au lac hier matin. Cette constance lacustre me remplit de joie comme chaque matin. Qu’un lac fut toujours là, lac entre les lacs, était un inépuisable ravissement. Je posai l’absence de chien près du ponton, y accrochai la laisse et le laissa. Il était docile, ne jappa pas.

J’ai pas d’appât pour le retenir. Il me l’avait assez dit : « t’as pas d’appâts ! » . Tapadapa-tapadapa-tapadapa. La gymnopédie roula en moi et me laissa , flasque. Je débouchai la flasque et bus quelques gouttes . Pas question de se laisser couler. J’enjambai en quelques enjambées la frontière entre le pont de bois et le lac et enjambai une barque. Reste là absence de chien, garde la laisse, je te laisse avec la laisse. Mon chien absent me regarda partir d’un œil mort. Il compatissait, j’avais besoin de ramer, les bêtes savent tout. Je hissai ma barbaque dans la barque, elle se braque. « Arrête Georges ! » que je lui dis, j’en ai ma claque . Georges se calma. C’est toujours plus facile quand on peut nommer les choses. Georges fila doux jusqu’au tarmac. J’avais oublié mon cosaque et frissonnai dans l’après-midi vert pomme. Je débouchai la flasque et m’avala une nouvelle lampée d’arak. Waouh ! C’était comme du crack, mes valves cardiaques se recroquevillèrent dans le kayak.Tiens j’avais cru prendre une barque. L’avion voisin envisagea de décoller. Moi aussi. Je bus et rebus, cognac, armagnac, ammoniaque. La flasque, presque vide,devint molle. Flasque. Je me sentais patraque. Je n’avais pas le trac, non. Je me sentais toute chose. Je ne suis pas une chose pourtant. Je ne suis rien. La flaque de mes pleurs s’étala, luxurieusement, et envahit le cockpit. Il était temps de sauter dans le lac.

Là, calme-toi, rien de mal ne peut t’arriver. Les dents du lac ne sont pas acérées, c'est de l'eau douce. Ah bon. Bien alors. Au loin, le chien absent hurla. Je sombrai. Ro, toujours impavide, n’ajoutait pas à la fureur silencieuse de cette scène muette quelque commentaire. Elle me tendit une tranche de ce cheese–cake qu’elle réussissait toujours à la perfection. Elle avait toujours su se tenir. Quoique . Je m’agrippai au gâteau et pus remonter dans mon hamac. Parfois elle m’offre du milk-shake mais ce matin-là elle avait fait du gâteau . Comment aurai-je pu m’accrocher à un verre glissant ? Quelle félicité. La brise me berçait , les nuages m’ennuageaient, le soleil me caressait. Je sombrai. Ro, cette fois, ne vint pas. Quelle était cette lueur au bout du bivouac ? Un -ac à sixdents est un accident. Donnez-moi à boire, tout le lac et tous ses poissons. Une explosion insensée libéra une boule de feu qui incendia le ponton, la laisse, l’absence de chien et Ro .Quand je rouvris les yeux, passablement choquée, rien ne restait de leurs vies passées. Je trouvai cela rassurant que tout puisse disparaître si vite comme ça car j’avais une terrible envie de solitude et de calme. Fendant l’eau un yak se dirigea vers ma coquille de noix.Un cornac orgiaque nu et bronzé se laissait contempler. Je le fis monter à bord, je parle du yak, et nous fîmes quelques galipettes très acrobatiques. Non je me suis trompée, le cornac pardon ! Après son départ je constatai que mon épaule gauche était démontée, le kama sutra à mon âge ce n’est pas évident.

Je suis en manq Veux boire L’alc me manq Le talc ne me manq pas Le black-jak non pluk Où est Ro Je dois dire à Annie de croc les drak Oumiak et gomme-laque patatrak

Ro l' hyponcondriaque veut que j’avale quelques comprimés bleutés, elle ressemble à Georges . Ou à Jak. Je ne sais plus le prénom du chien. Dolly ? Je fais semblant de les avaler avec le verre de milk-shake qu’elle me tend, je les file discrètement à la laisse attachée au lit sur lequel je suis attachée, mon chien Dolly fait wouf ! il est content.Temps de dormir mon toutou. Si on allait se promener jusqu’au l’-ac ?

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