Aplasie : ratatinage prévisible des polynucléaires neutrophiles (en dessous de 500 par mm3) entrainant une baisse brutale des défenses immunitaires, causée par la chimiothérapie
Le neutrophile ressemble à une patate, il est nécessaire d’en avoir un minimum dans le sang pour la garder, la patate
Bonne étoile : la convoquer sur le champ, rameuter légalement les anges partis jouer au PMU, et les lutins et les elfes qui prennent un peu de bon temps par ces canicules
Cœur : emballé (de crin)
Fièvre : de jument (ça craint aussi)
Infection : virulente, violente, soudaine, causée par une armée d’entérobacter cloacae, bactéries commensales -ou comme en propre, cela dépend de l’hygiène du patient- des voies digestives chez l’humain qui peuvent former un véritable cloaque, d’où leur nom, qui ont proliféré et infesté un organisme déjà fragilisé, l’aplasie met à plat, si
Lutte : la mener du mieux qu’on le peut, ne rien faire donc, car le combat est aussi inégal qu’invisible; ne pas gaspiller son énergie dans une angoisse, une peur, une vaine crainte ; faire confiance aux toubibs et aux infirmiers ; s’appuyer très fort sur des images mentales positives comme un éclair au chocolat ou la photo du dernier-né ; se laisser traverser les veines par de nouveaux produits chimiques, antibiotiques ceux-là, ainsi que par les tombeurs de fièvre
Moral : d’acier
Tension : extrêmement et brutalement trop élevée ; détourner son regard du moniteur affichant les indices de plus en plus alarmants est oeuvre salutaire ; regarder par la fenêtre pendant que le personnel s’agite autour de vous ; et chanter intérieurement 108 fois le mantra tibétain "Om Mani Pedme Hum" redonne foi et lumière
Remerciements : au personnel de l’hôpital, efficace, souriant, rapidement réactif et surtout au pigeon sur la cheminée dehors qui se dorait au soleil et dont l’image m’a apaisée pendant ces heures de surchauffe
Suite à donner : se préparer à chimio5 après avoir survécu tant bien que mal à chimio4 ; survivre au cancer est sûrement envisageable, survivre à cette chimio n’est pas prouvé … enfin !... l’essentiel est de participer …
Un grand MERCI à vous amis inquiets et compatissants (et par là, je ne veux pas dire que vous êtes des imbéciles en train de faire cuire des éclairs au café ou des paris-brest) qui vous demandiez d’où que j’avais disparu, je suis toujours là.